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José María Sicilia - "ECO" |
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Intitulée "Eco" (espagnol pour Echo), la sixième exposition de José María Sicilia à la Galerie Chantal Crousel depuis 1983, marque un tournant décisif dans l’oeuvre de l’artiste. Il explore ici des techniques et médiums nouveaux qui conduisent à une introspection profonde sur soi et sur le monde. Dans la salle principale, six "portes" en bronze entrent en résonance avec quatre "portes" en marbre. Deux peintures cernent l’espace : "Suspendido de su canto" ("Suspendu à son chant"), des peintures au graphite sur plâtre. Dans la salle sous verrière, des oeuvres sur papier déclinent des peaux de moutons, des pétales de fleurs - autant de textures et de tapis qui font écho au Paradis.
"Les dimensions des bronzes sont les dimensions d’une porte. Le texte a été mordu à l’acide comme pour une eau-forte. Ensuite, il a été travaillé légèrement, effacé à peu près comme lorsque l’on écrit sur le sable d’une plage et que les vagues font disparaître le tracé petit à petit. J’ai voulu qu’on se lise à travers le texte. Les phrases sont des questions de tous les jours. Le miroir nous absorbe. Il devient Vanité à notre image." José María Sicilia
Cecilia - nom que José María Sicilia donne aux portes de marbre blanc - parle de l’univers, le reflet d’un reflet. Chaque pierre, sculptée à la main, contient une image du ciel correspondant à un mois de l’année.
"Le pays du ciel dans le pays de l’eau.
Les étoiles sont - aussi - des îles.
Toute l’eau vivante est une eau sur le point de mourir.
Cet univers est un écho. Il parle de la mère." José María Sicilia
Une géométrie d’octogones qui s’inscrivent les uns dans les autres. Les différents chants qui habitent cette géométrie sont représentés par des sonogrammes, véritables empreintes de sons émis par des oiseaux permettant de les visualiser. L’octogone est une représentation de l’oiseau, symbole de l’âme, de la renaissance, dans le monde occidental et oriental (voir Ruqbihân Baku, Ibn Sinâ, les tapis de l’Anatolie occidentale des XVIe-XVIIe siècles, les tapis dits Holbein, certains tapis de prière).
"C’est une façon de faire reculer l’espace devant moi.
Le chant d’oiseau, c’est l’instant, seulement l’instant - pas le passé, pas le futur. Cet instant est une plénitude. On sait qu’on existe. Il nous donne à manger, et en même temps, il nous mange. C’est la conscience de notre solitude.
Plus mort que la mort, c’est le chant de l’oiseau qui vient de disparaître. La durée du chant de l’oiseau est faite d’ instants sans durée. Cette durée c’est la vie.
Le chant de l’oiseau immobilise le temps. Il exprime l’extase. Il nous rend l’unité perdue.
Ce temps ne coule pas - il jaillit." José María Sicilia