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Jonathan Monk |
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Chacune de ses oeuvres est un nouveau point de rencontre entre le monde de l’art, ses modèles historiques, ses mythes, ses anecdotes ou ses petites histoires, et celui de la vie quotidienne. "Amener l’art à la vie", voici son programme, et par là même démystifier le processus créateur.
On l’a vu par exemple attendre dans les halls d’aéroports des célébrités disparues ou des héros de cinéma (“Waiting for famous people”, 1995-1997), ou parodier des artistes célèbres, lorsqu’il peint à la manière de Jackson Pollock sur fond de musique hard-rock (“A brush with death”, 1995).
Une de ses habitudes consiste aussi à se
comporter comme un touriste face aux oeuvres des autres artistes ou face aux artistes eux-mêmes :
il grimpe dans un arbre similaire à celui peint par Mondrian (“Up a tree similar to
one painted by Mondrian in 1914-15”, 1997), il photographie le ciel au-dessus du chapeau
de Bruce Nauman (“The space above Bruce Nauman head”, 1997), il pisse sur une
sculpture de Richard Serra (“In war time this would be a tank - pissing on a Serra”, 1995), il
envoie des cartes postales reproduisant des oeuvres d’art à sa galerie (“Mantel piece piece”, 1997).
Pour son exposition à la salle de bains, Jonathan Monk présente une installation inédite. Son titre, “ Looking through a hole large enough for me to see you, but not large enough for you to see me (enlarged) ”, est emprunté à un film 16 mn de 1996 qu’il met ici en scène.
L’exposition regroupe différents objets autour d’un même motif : un disque, un cercle, un trou. Dans la salle principale, un mur libre disposé en diagonale bloque immédiatement la vue et oblige le visiteur à un détour. La face cachée du mur sert d’écran à la projection du film, qui représente l’artiste nous regardant à travers le trou fait dans un mur. Seul son oeil est visible et l’illusion fonctionne : voici l’artiste voyeur, qui observe ses spectateurs dans un dispositif inverse à celui de Marcel Duchamp dans “ Étant donnés... ”
Toujours dans l’espace intérieur, un anneau de métal est posé debout sur le sol, en appui contre un mur (“I See Through You See Through Me, 2003). Son diamètre est égal à la taille de Jonathan Monk, et l’artiste peut donc s’y inscrire à la manière du célèbre dessin de Léonard de Vinci (“ L’homme de Vitruve ”, 1490). On peut aussi lire la sculpture comme la lettre “ O ”, et on se rappelle ici de la dédicace qu’il fit récemment à son père, dont le prénom commence par cette lettre (“ For O ”, Jonathan Monk - livre édité conjointement par la Lisson gallery et la galerie Yvon Lambert, 2003).
Enfin, dans la cour, une nappe circulaire en plastique noir pend sur un fil d’acier tendu en diagonale : une scène vraisemblable dans une arrière-cour d’immeuble à Lyon. Cette dernière pièce intitulée “ Hole with head removed ” renvoie au film présenté à l’intérieur et à l’image du carton d’invitation. Les trois objets (le mur, l’anneau, la nappe) sont de dimensions très voisines et jouent dans l’espace le jeu d’une exposition d’art minimal ou conceptuel. Ils construisent aussi ensemble une exposition en forme d’autoportrait.
Valérie Parenson
