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Johan Furåker

"Le premier fugueur"

CAPC, Bordeaux

Exposition jusqu'au 24.04.2011




Voyages sans but, pertes involontaires de mémoire, fugues à répétition sont à l’origine de la fascination qu’exerce l’histoire d’Albert Dadas, un aliéné bordelais de la fin du XIXe siècle, sur l’artiste suédois Johan Furåker.

Dans les années 1880, Albert Dadas vit à Bordeaux. Il travaille pour la Compagnie du Gaz de Bordeaux alors en plein essor. Du jour au lendemain, il disparaît sans prévenir personne. Il a 26 ans. Un an plus tard, en Juillet 1887, Philippe Tissié, interne en clinique médicale dans le service du Dr Albert Pitres, découvre un jeune homme prostré sur un lit de l’hôpital Saint-André de Bordeaux. Il s’entretient avec lui. L’inconnu lui raconte qu’il rentre d’un long voyage et n’aspire qu’à une chose : repartir. Ce jeune homme qui s’appelle Albert Dadas vient d’être arrêté par les gendarmes pour vagabondage. Mais les médecins, eux, diagnostiquent une folie avec fugue. Ils considèrent que la dromomanie d’Albert Dadas – l’obsession de bouger selon la terminologie de l’époque – est un trouble mental. Dadas souffre en réalité d’une des premières "maladies mentales transitionnelles". Il serait atteint de ce que Charcot appellera "folie épileptique fugueuse".

L’étude des maladies mentales et l’exploration naissante de l’inconscient ont lieu dans une Europe qui voit la mécanisation progressive des moyens de déplacement. Alors que s’inventent avec le train les premières formes de tourisme post-aristocratique, l’errance obsessionnelle inquiète.

Le docteur Tissié, lui, est très intéressé par les récits et divagations de son patient à qui il consacre sa thèse de médecine et de nombreuses communications. Mais pour qu’Albert Dadas dépasse ses propres projections qui mêlent notamment questions d’identité et fantasmes de voyage, Philippe Tissié recourt à l’hypnose. Par ce biais Dadas raconte ses voyages en détail. Le médecin découvre alors que son patient parcourait parfois jusqu’à soixante kilomètres en une journée, qu’il était allé du sud de la France à Moscou en passant par l’Autriche, la Turquie et l’Algérie notamment, qu’il égarait ses papiers d’identité et pouvait ainsi errer dans une amnésie identitaire et passer "librement" d’une détention à l’autre, d’un train à l’autre...

Albert Dadas est d’abord un fugueur. L’étude de son cas a fait de lui un «touriste pathologique». C’est le premier. Cette manière incontrôlable et obsessionnelle de voyager sans but apparent et avec des trous de mémoire quasi insondables, est à l’origine de la fascination qu’exerce l’histoire d’Albert sur l’artiste suédois Johan Furåker. Ce dernier découvre l’histoire d’Albert Dadas alors qu’il est étudiant à l’Académie de Malmö. Une découverte qui passe par le livre du philosophe canadien Ian Hacking Les Fous Voyageurs (Mad Travellers: Reflections on the Reality of Transcient Mental Illness, 1998) qui pousse Furåker à peindre la vie d’Albert Dadas : ce qu’il aurait vu, vécu, traversé.

Les petits formats qui en résultent, des peintures à l’huile sur médium, dessins au crayon sur papier, sont caractérisés par une iconographie début de siècle. On y retrouve le machinisme, le progrès technique, un monde pré-industriel, des paysages symboliques, l’esprit des premières "réclames" et des scènes de genre. Pareille entreprise serait anachronique si la vie illustrée d’Albert Dadas par Johan Furåker n’arrivait pas un siècle plus tard.

Ces tableaux et dessins quasi photographiques à la facture hyper-réaliste sont passés par plusieurs filtres. Les oeuvres de Furåker viennent en effet d’autres images. De cartes postales ou de vues trouvées et même imaginées par l’artiste lui-même, des récits de Dadas, d’interprétations médicales, de déclarations de police... Le fait que les archives Dadas conservées à Bordeaux renferment peu d’images photographiques élève ce cycle conceptuel au rang d’images mentales, Furåker produisant les images de ce qui n’en a pas.

L’exposition Le Premier fugueur de Johan Furåker peut être vue aussi comme l’avatar contemporain des périples d’Albert Dadas. Un périple conté par un patient et un psychiatre au tournant du siècle, décrypté et analysé par un philosophe des sciences de la mémoire à la fin des années 1990 et vu, dans la deuxième partie des années 2000 par un artiste suédois saisi par cette histoire sans images et à laquelle l’artiste donne des images, aujourd’hui. Pareil mouvement interroge divers niveaux de sources et d’interprétations jusqu’à brouiller leurs niveaux de réalité et poser la même question que se posaient déjà les médecins qui étudiaient les comportements d’Albert Dadas il y a cent ans : "Est-ce réel ?".

A l’heure du tourisme global, ce patrimoine bordelais, peu connu en dehors du champ psychiatrique, voyage toujours. L’histoire revient aujourd’hui à Bordeaux dans une version augmentée. C’est la première fois que ce cycle, en cours, est présenté dans son intégralité.

L’exposition et le catalogue sont généreusement soutenus par iaspis, the Swedish Art Grants Comitee’s International Programme for Visual Artists et la Région Aquitaine.

Johan Furåker est né à Uppsala en 1978 et vit à Malmö (Suède). Il est issu de l’Art Academy de Malmö. L’exposition au CAPC est sa première exposition personnelle dans une institution. Elle est accompagnée d’un catalogue avec des textes de Gertrud Sandqvist et Alexis Vaillant.

Le commissariat de l’exposition est assuré par Alexis Vaillant.



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