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Biographie Jean-Paul Philippe
"J'essaie de rester attentif aux pierres et à l'écoute de leurs propositions de pierres,
heureux, captif de la bouleversante beauté des carrières, abandonnées ou actives. C'est
parfois parmi les blocs silencieux, entre leur masse, que l'air décide et dessine une
forme désirée. Il reste à traduire cette apparition, faire de la poussière et sans trahir ce
silence minéral. Du bric à brac de la mémoire s'échappent formes et signes, un alphabet
intime. Un petit répertoire de formes qu'il faut articuler. J'invente un espace où cherche
à s'installer l'histoire que je me raconte. Depuis le Site transitoire, ce qui me tient à
coeur, c'est de proposer une promenade, un lieu à traverser, où la forme primordiale où
tout se joue ne serait faite que d'air : les pierres, les bornes de cet espace. L'entrée y
est libre." Jean-Paul Philippe, mai 2011.
Né en 1944 à Alfortville, près de Paris, Jean-Paul Philippe a fait un
voyage en Italie en 1960 en compagnie de son frère, voyage
qui l'aura marqué à jamais. Rome, Naples, Venise, Florence,
autant de lieux qui évoquent une rencontre artistique
avec l'Italie. En 1961, il aura la chance de travailler au
Cabinet des dessins des Offices à Florence, en contact avec
les oeuvres du Quattrocento, période qui amorce les débuts
de la Renaissance. Puis les rencontres se succèdent pour
mener Jean-Paul Philippe dans les carrières de marbre de Carrare. Le chemin de la sculpture
est ouvert, c'est ainsi que la pierre devient le matériau de prédilection.
Installé en Italie, Jean-Paul Philippe est touché par la beauté des carrières
de travertin, par la campagne toscane. C'est ainsi qu'il a installé son "Site transitoire" sur
le territoire de la commune d'Asciano. Cette installation est en quelque sorte un hommage à
ces contrées qui l'inspirent tant, où il vit et travaille.
Depuis 1973, année où la sculpture est devenue son médium privilégié, Jean-Paul Philippe
nous renvoie à nos origines. "La pierre que je travaille recueille tout un ensemble de sensations,
d'émotions perçues ça et là, paysages de mémoire, bouts de voyages... Cela vient sous
la main comme un besoin de redonner. C'est peut-être l'exigence du souvenir ? Un passeport
pour l'immobile ?", précise l'artiste. C'est ainsi que les notions fondamentales surgissent,
l'espace commence à vivre sous les doigts de l'artiste. C'est un explorateur, un archéologue
de la vie. A travers ses sculptures, ses dessins, ses marbres gravés, ses marelles, l'artiste
nous mets en contact avec la notion de dimension. Ne se réclamant d'aucun groupe, école ou
système, il arrive à créer une véritable archéologie intérieure où les rencontres, les échanges,
laissent échapper leurs empreintes. L'oeuvre de Jean-Paul Philippe s'adapte aussi aux
contraintes de la réalisation monumentale liées à l'espace public. Le séjour dans la carrière
d'Assouan lors de la création d'une marelle géante pour la ville du Caire a particulièrement
marqué l'artiste. C'est ainsi qu'il a sillonné de nombreux pays et villes, de Bruxelles à Paris en
passant par Le Caire, Lille, ou encore Rennes.
Expositions Jean-Paul Philippe (sélection)
2012 : "Jean-Paul Philippe : Archéologies intérieures" - Galerie Jeanne-Bucher, Paris
La galerie Jeanne-Bucher / Jaeger Bucher est heureuse de présenter du 9 février au
31 mars 2012 – au sein de son espace rive gauche - une exposition de l'artiste Jean-
Paul Philippe intitulée "Archéologies intérieures".
Exposé à la galerie depuis le début des années 1980, Jean-Paul Philippe interroge les
relations de temps et d'espaces, les notions de dimensions, de passage, de mémoire,
mais aussi la place de l'homme au sein de notre univers. Ne se réclamant d'aucun
groupe, école ou système, il arrive à créer une véritable archéologie intérieure où les
rencontres, les échanges, laissent échapper leurs empreintes.
Un certain nombre d'oeuvres monumentales témoignent de l'ampleur de ses réalisations
et de sa particulière attention aux relations temps-espace et de son dialogue avec
la matière. Son oeuvre mythique, le Site Transitoire, installée sur le site d'Asciano en
Toscane où elle a renommé la colline elle-même, se présente comme une installation
monumentale en basalte, "une pierre qui épouse parfaitement le lieu", composée
de plusieurs (trois ou quatre) éléments qui dialoguent entre eux et avec la nature: un
grand siège pour accueillir le passant, une fenêtre orientée pour y recevoir le dernier
rayon du soleil, un sarcophage et un labyrinthe. Oeuvre matrice, l'artiste a voulu
y «représenter les trois positions du corps, assis, debout, couché. Les limites de
l'homme". Une demeure perchée sur la colline, "et pour toit, la voûte céleste".
Chaque été, au moment du solstice, une création théâtrale ou musicale dialogue avec
le Site Transitoire et y réunit 500 personnes.
D'autres réalisations monumentales témoignent d'un même vocabulaire avec les formes
de mémoire universelles, telle cette Marelle intitulée Entre Terre et Ciel, La Tour
Méridienne constituée de 9 cases de jeu, d'une tour haute de 8 mètres en 7 éléments,
d'une barque solaire au milieu d'un bassin et d'une roue brisée en deux; installée initialement
près de Viareggio, puis à Anvers, puis dans le Parc Royal de Bruxelles, elle est à
présent définitivement installée Rue de la Porte de Namur. La monumentale Marelles,
Mémoires et Miroirs composée de 43 blocs de granit façonnés durant un an en Egypte
dans les carrières d'Assouan (23 mètres de long par 15 mètres de large) et de deux
bassins d'eau qui se trouve installée dans le Jardin International du Caire. Comme le
souligne Jean-Paul Philippe, "Le jeu de marelles est universel, ses règles sont similaires
sous toutes les latitudes, seul son dessin diffère selon les époques, les croyances et
les civilisations. Chez nous la forme familière que nous lui connaissons, celle de notre
enfance, apparaît vers l'an mil. Entre Terre et Ciel, elle s'inspire du plan des églises…Parvis,
nef, transept et choeur". N'oublions pas la dernière oeuvre monumentale en date,
De l'Eau à l'Air, des boues à l'éther… pour la nouvelle unité de traitement des eaux de
la Seine de Paris et sa région installée à Seine-Aval où Jean-Paul Philippe a conçu les
murs, pierres et miroirs qui évoquent dans l'espace un diagramme du cycle de l'azote.
Le Parc adjacent abrite également une installation de l'artiste intitulée Miroirs du Ciel
et installée sur site en 2010.
La récente exposition au Musée d'art contemporain de Fernet-Branca à St-Louis a permis
de montrer une large palette des oeuvres de l'artiste à travers une habile scénographie
pour mener le visiteur dans l'univers de l'artiste. Notre exposition, plus modeste, se
propose de faire découvrir, à travers un choix resserré d'oeuvres sculptées, façonnées ou
dessinées gravitant autour du Site Transitoire, des Marelles, des Stèles, Sièges ou
Piéta, l'oeuvre de Jean-Paul Philippe. Proposant un cheminement au sein de la matière
- à travers les formes simples du basalte, du granite, du marbre, du bois ou plomb, des
miroirs et verres gravés, des toiles de charbon, d'huile, d'acrylique et de pigments, ou
encore des boites de conserves brunies par le soleil égyptien… - le visiteur est amené à
ressentir une confluence de coeur et pensée, de temps et d'espace, une présence "où
notre maintenant entre dans le toujours" comme l'a si bien défini Bernard Noël dans
ses mots sur l'artiste.
Cette exposition a été pensée conjointement par Véronique Jaeger et Jean-Paul Philippe
pour l'espace de la rue de Seine, prolongeant ainsi l'intérêt initial de la galerie pour cette
oeuvre exposée par Jean-François Jaeger à plusieurs reprises depuis les années 80.
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