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Hervé Guibert Photographe

Maison Européenne de la Photographie, Paris

Exposition du 9 février au 10 avril 2011




Première rétrospective en France de l’oeuvre photographique d’Hervé Guibert, cette exposition regroupe quelques 200 tirages (provenant en grande partie des collections de la Maison Européenne de la Photographie) et présente son film, La Pudeur et L’Impudeur.

"A sa mort, le 27 décembre 1991, Hervé Guibert était salué comme le jeune écrivain libre et flamboyant que son livre «A l’ami qui ne m’a pas sauvé la vie» venait de rendre célèbre. On indiquait aussi qu’Hervé Guibert laissait une oeuvre de photographe reconnue et publiée. Ecrivain, photographe, il était les deux, totalement, auteur à double titre.

Sa passion pour l’image, Hervé Guibert l’exprimait dès l’âge de dix-huit ans dans Combat, Had, 20 ans, Cinéma, Les Nouvelles littéraires qui ouvraient leurs colonnes à ses critiques de film. Son style neuf, l’acuité de ses analyses lui valent en 1977 de commencer une collaboration au Monde qui publiera ses chroniques sur l’actualité photographique et culturelle jusqu’en 1985. La Villa Médicis qui l’accueille en 1987 comme pensionnaire lui permettra enfin de consacrer deux pleines années à son travail personnel d’écrivain et de photographe.

Au rayon littérature, Hervé Guibert verra la parution de vingt-et-un essais et romans quand deux publications seulement diffuseront ses images : Suzanne et Louise, roman-photo édité en 1980 pour l’exposition à la galerie Samia Saouma, et aux éditions de Minuit, Le Seul Visage, catalogue de sa rétrospective de 1984 à la galerie Agathe Gaillard. La première monographie d’Hervé Guibert sera posthume. Publiée en 1993 aux éditions Gallimard, elle confirmera que s’il était discret, le photographe n’était pas moins inspiré que l’écrivain.

Construite de chambres, ponctuée d’escales, habitée d’êtres aimés, l’oeuvre intégralement réalisée avec le petit appareil Rollei 35 donné par un père à son fils franchit sans effort le passage de l’intime à l’universel, aux heures lumineuses des rencontres et des voyages comme aux derniers mois consumés par le sida. Cependant, la photographie invente chez Hervé Guibert une ligne narrative plus intime qu’autobiographique, laissant au stylo Montblanc ou à la vieille machine à écrire Royal, figurants intelligents de plusieurs images, le soin de prendre les notes d’un éventuel journal. Entre les objets intimes héros de natures mortes et les amis photographiés au bonheur d’être là, l’autoportrait revient régulièrement, parfois mis en scène. Hervé Guibert était beau, mais son allure élégante l’intéressait moins que le personnage auquel il refusait sa complaisance. Assidu, fidèle, il maintiendra l’exercice jusqu’aux premières atteintes de la maladie. En réalisant le rêve d’adolescent de faire du cinéma, «La pudeur et l’impudeur», son premier et unique long-métrage, prendra le relais de la photographie pour livrer la chronique d’une déchéance physique, suivie jusqu’au mois de mars 1991.

Les images exposées sur tout le deuxième étage de la Maison européenne de la photographie font partie de la sélection définitive qu’Hervé Guibert avait faite pour son oeuvre de photographe. De l’Autoportrait de 1976 contemporain de La Mort propagande à la planche contact du Dernier film de 1991, sa manière sobre précieuse ne varie guère et on chercherait en vain dans ces tirages une recherche formelle ou un effet photographique, comme si, au lieu de s’en nourrir, le style devait servir les «beaux moments» qui comptaient d’abord dans sa vie."

Hervé Le Goff



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