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Gérard Vulliamy

Les dessins surréalistes 1930-1947

Musée des Beaux Arts et d'Archéologie de Besançon

Exposition du 10 décembre 2011 au 2 avril 2012




Le musée des Beaux-Arts et d'Archéologie de Besançon consacre une exposition à Gérard Vulliamy qui met en lumière l'oeuvre sur papier de l'artiste.

  • Les années Abstraction-Création

    Peintre français d'origine suisse, Gérard Vulliamy est né à Paris, où il demeurera toute sa vie. Il commence la peinture en 1928, et fréquente durant quatre ans l'Académie André Lhote, qui lui permet d'approfondir ses connaissances en histoire de l'art et de se perfectionner dans la pratique du dessin, en travaillant d'après le modèle vivant.

    Aux côtés de Jacques Villon, d'Auguste Herbin et de Robert Delaunay, Vulliamy participe ensuite, dès 1932, à l'aventure du mouvement Abstraction-Création, fondé l'année précédente. En 1933, la galerie Pierre Loeb lui consacre, à 24 ans, sa première grande exposition personnelle, qui marque les débuts d'une carrière prometteuse.

    En 1934, Anatole Jakovski reproduit treize de ses tableaux de 1932-1933 dans son livre consacré aux cinq peintres suisses Hans Erni, Hans Schiess, Kurt Seligmann, S. H. Taeuber-Arp, Gérard Vulliamy, qui paraît aux éditions Abstraction-Création. Il le sollicite aussi pour participer à un recueil de gravures qu'il publie en 1935 et qui réunit des oeuvres d'artistes aussi prestigieux qu'Hans Arp, Alexander Calder, Max Ernst, Alberto Giacometti, Jean Hélion, Vassily Kandinsky, Fernand Léger, Joan Miró et Pablo Picasso.

    Les dessins de sa période Abstraction-Création montrent l'intérêt que manifeste Vulliamy pour l'art nègre (masques, personnages fantastiques, formes organiques peuplent ses compositions). Il collabore d'ailleurs en 1933 à l'exposition "Dakar- Djibouti" au musée de l'Homme à Paris, avec Michel Leiris et Marcel Griaule. Outre l'art nègre, Vulliamy se passionne pour les primitifs italiens, et étudie au laboratoire d'analyses du musée du Louvre les techniques de préparation des panneaux de bois et la méthode des glacis qu'utilisaient les peintres de la Renaissance, notamment Léonard de Vinci. Une découverte qui ne sera pas sans incidence sur le développement de la seconde phase de son oeuvre, l'époque surréaliste.



  • La période surréaliste

    Entre 1931 et 1945, Gérard Vulliamy produit nombre de dessins qui témoignent de ses affinités avec la pensée et l'esthétique surréalistes. Il se lie avec André breton, Paul Eluard (il épousera en 1946 sa fille Cécile, née de l'union du poète avec Gala), Francis Ponge, Jean Tardieu..., et s'intéresse à "l'automatisme des formes et des mouvements", cherchant dans ses oeuvres à créer un espace dans lequel le mouvement le porterait "du paysage à l'intérieur des formes humaines, devenues êtres objets ou êtres végétaux, et inversement". Il participera en 1938 à l'Exposition internationale du Surréalisme, organisée à la galerie des Beaux-Arts, à Paris.

    L'univers fantastique de Vulliamy, que l'on a souvent rapproché de celui de Jérôme Bosch, apparaît dans ses oeuvres graphiques d'une remarquable richesse technique. Ses dessins mêlent le fusain, la mine de plomb, le pastel, l'encre, l'huile, dans un geste à la fois très précis et très libre. Le parcours de visite dévoile de grands dessins qui sont des oeuvres à part entière, achevées et autonomes, comme Le sphinx (1938), L'inaccessible et glaciale Joconde (1938) ou Le dégel des frontières (1941), travaillés au pastel et au fusain, mais aussi de nombreux dessins préparatoires à ses peintures sur bois. Ainsi des toutes premières esquisses à la plume, en traits hachurés, de ce qui deviendra l'Hommage à de La Tour ou La Mort de Saint Sébastien, son tout premier tableau peint sur bois en utilisant la technique des glacis, inspiré du Saint Sébastien soigné par Irène de Georges de La Tour, qu'il a vu à Paris en 1934.

    En 1936, Gérard Vulliamy commence à travailler à un autre de ses grands chefsd'oeuvre, la vision hallucinatoire du Cheval de Troie (peint en 1937-1938), par ailleurs l'unique peinture présentée dans l'exposition de Besançon. Celle-ci permet de montrer parfaitement l'importance que revêt le dessin dans le processus créatif de l'artiste. Dans ses esquisses préparatoires, Vulliamy travaille avec minutie chaque détail, au crayon bleu ou à la mine de plomb, construit ses architectures, développe des formes organiques enchevêtrées et invente des personnages que malmènent les éléments déchaînés. Les dessins de cette époque (et notamment ceux pour Les Alyscamps et Le Cheval de Troie) témoignent, avec une extraordinaire force visionnaire, d'un monde en train de s'effondrer, avec la guerre d'Espagne qui commence et le national-socialisme qui ébranle les fondements démocratiques.

  • Le retour à l'art abstrait

    Autour de 1945, Vulliamy abandonne peu à peu le surréalisme pour revenir à l'art abstrait. Son oeuvre est alors pleinement reconnue, et fait l'objet de nombreuses expositions, notamment dans les galeries parisiennes les plus influentes de l'époque, Jeanne Bucher ou Denise René. L'exposition montre précisément ce passage du surréalisme à l'abstraction à travers deux dessins relatifs à La violoniste.

    En décembre 1946, l'artiste participe à l'exposition "L'Imaginaire" à la Galerie du Luxembourg. Organisée par le jeune peintre Georges Mathieu, elle signe les débuts officiels du mouvement de l'Abstraction lyrique. C'est une période où Vulliamy fréquente beaucoup Picasso, l'accompagnant à Vallauris pour faire de la poterie. Cette section du parcours met également en lumière une belle série de dessins originaux réalisés en 1945 par Vulliamy pour Le lit, la table de Paul Eluard, peuplés de figures anthropomorphes marquées par l'influence de Picasso.

  • La gravure et l'illustration

    Grand dessinateur, Vulliamy est aussi un excellent graveur. Il travaille tout d'abord chez Stanley-William Hayter, jusqu'en 1939, puis chez Albert Flocon, qui saluera son talent dans l'article L'Éloge du burin, rédigé en 1950 pour la revue "Art d'aujourd'hui". Il illustre volontiers les textes de ses amis écrivains et poètes, qui ne cessent de le solliciter. L'exposition dévoile la quasi-intégralité de son travail de graveur, depuis sa première oeuvre réalisée en 1935 pour La Chasse du faon rose de Pierre Guéguen deux états très différents sont mis en parallèle jusqu'aux gravures des années 1949 (Portrait de Paul Eluard) et 1950 (Portrait de Francis Ponge), en passant par les portraits poignants qu'il réalise pour Souvenirs de la maison des fous de Paul Eluard en 1945 et les différentes versions pour La Crevette dans tous ses états de Francis Ponge en 1948.

    Sont également présentées les gravures de ses plus grands tableaux, Hommage à de La Tour ou La Mort de Saint Sébastien et La trompette de Jéricho (1935), Le Mystère de la nativité (1936) ou Le Cheval de Troie (1937). D'autres ne sont pas liées à ses peintures. Ainsi de La Crucifixion d'après Grünewald (1941), des Tentacules (1949), ou des illustrations créées durant la Seconde Guerre mondiale pour la revue "La Main à la plume" et pour le journal "Action".

    Enfin, les vitrines de l'exposition dévoilent des dessins inédits relatifs aux gravures, certains des cuivres qui ont servi à leur exécution, des exemplaires des revues où les tableaux de Vulliamy ont été reproduits, ainsi qu'un choix d'articles signés des grands critiques de son temps, de Marcel Brion à André Chastel en passant par Denys Chevalier, Charles Estienne, Roger van Gindertaël ou Jacques Lassaigne.

    L'exposition "Gérard Vulliamy, les dessins surréalistes 1930-1947" est à voir à Besançon au musée des Beaux-Arts et d'Archéologie du 10 décembre 2011 au 2 avril 2012.



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