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Trônes en majesté

Château de Versailles

Exposition jusqu'au 19 juin 2011




Galerie des Glaces


  • Les trônes mobiles fixes

    Indispensable à la mise en oeuvre de la majesté royale, l’emploi du trône mobile fixe est une pratique universelle. Pendant très longtemps, les cours royales ou princières sont itinérantes, les souverains se déplaçant de domaine en domaine. Leurs trônes doivent donc pouvoir être installés là où le prince se trouve. En Occident, la chaise curule pliante, réservée à l’origine aux consuls de la République romaine, se généralise dès la fin du Bas-Empire : le trône dit de Dagobert en offre une remarquable déclinaison. Cette forme de siège est utilisée aussi dans la liturgie pontificale avec le faldistoire, placé devant l’autel lors des grandes célébrations liturgiques.

  • Les trônes portatifs

    Dans l’Antiquité, la Perse a donné au trône mobile porté à dos d’hommes une ampleur digne des dimensions de son empire. Ainsi, Xerxès le Grand par exemple, assiste au désastre de la bataille navale de Salamine (480 av. J.-C.), assis sur son trône d’or. L’usage du siège royal porté est également très répandu dans les royaumes d’Afrique noire en raison des interdits imposés à certains souverains qui ne peuvent, sans déchoir, poser le pied à terre. En Occident, cette pratique, jugée trop servile et déshonorante pour des souverains qui veulent régner sur des peuples libres, n’a jamais été observée, dans les temps modernes, à l’exception de la sedia gestatoria des pontifes romains.

    En Asie, les souverains prennent place sur des palanquins et des howdahs portés à dos d’animaux choisis pour leur noblesse, comme par exemple l’éléphant, en Inde. Le siège royal glisse parfois sur l’eau, à l’image de la barque d’Isis descendant le Nil.

  • Sedia gestatoria du pape Pie VII (1800-1823)

    Ce trône portatif destiné au pontife romain était porté sur les épaules de douze sediari dont le nombre évoque le collège des apôtres. Utilisée, au moins depuis le XVIe siècle, à l’occasion de cérémonies solennelles, la sedia figurait dans la longue procession qui, depuis la Salle royale servant de vestibule au palais apostolique, descendait la Scala Regia, précédée des officiers et des prélats de la maison pontificale pour entrer dans la basilique Saint-Pierre. Cet usage pouvant remonter au VIe et même au Ve siècle rappelle l’emploi de la sedia curulis sur laquelle, à Rome, étaient transportés les consuls lors de leur installation. Toutefois, plus qu’un trône de majesté portatif dont l’origine remonte à l’antiquité, la sedia gestatoria offrait le symbole du pavois sur lequel prenait place le vicaire du Christ, à l’image de l’Agneau immolé conduit au sacrifice.

    Derrière et de part et d’autre de la sedia, deux gentilshommes de Sa Sainteté terminaient le cortège portant les flabella (de grands éventails de plumes blanche d’autruche), héritage du cérémonial utilisé à la cour de pharaon. Munie d’un haut dossier, la sedia gestatoria repose sur quatre pieds prenant appui sur un suppedaneum (marchepied), doté de chaque côté de deux passants en fer doré permettant de glisser les deux brancards portés par les sediari.

  • Paire de flabella

    Attribut représentatif de l’autorité depuis la plus haute Antiquité, le flabellum est introduit dès le IVe siècle dans la liturgie chrétienne, sous la forme un éventail textile ou métallique agité par le diacre au moment de la consécration des Espèces, à la manière des chérubins de la cour céleste qui agitent leurs ailes pour signaler la présence divine.

    A l’époque carolingienne certains flabella sont parfois réalisés en plumes de paon. Au XIIe siècle, cet accessoire devient un ornement honorifique réservé au cérémonial entourant les personnages les plus importants. Sous le pontificat du pape Nicolas V (1398- 1455), appelés kerubin, ces accessoires sont utilisés dans les cortèges romains. D’autres, confectionnés en soie noire, sont placés autour de la dépouille des cardinaux, timbrés des armes du défunt. Au XVIe siècle, ils apparaissent réalisés en plumes d’autruche comme le montre un bas-relief sculpté dans l’église Sainte-Françoise Romaine illustrant le retour à Rome du pape Grégoire XI.

    Depuis cette époque, deux gentilshommes clôturaient le cortège papale en tenant immobiles, de part et d’autre de la sedia gestatoria, ces symboles de la justice et l’immuabilité de l’autorité pontificale.

  • Howdah Phra Thinang Prapatthong du prince Inthawaroros Suriyawong

    Le Howdah est une sorte de nacelle portée à dos d’éléphant sur laquelle prennent place les souverains asiatiques pour parcourir de longues distances. Celui du prince Inthawaroros Suriyawong, originaire de Chiangmai, a été offert en 1905 au prince héritier Vajiravudh qui devint plus tard le roi Rama VI. Le siège portatif est surmonté d’un dais réalisé en osier et bambou, recouvert de cuir laqué, enrichi de nacre et d’ivoire ainsi que de feuilles d’or.

    Les scènes décoratives qui ornent à la fois dais et nacelle, illustrent les combats opposant des singes et des démons décrits dans le célèbre passage du Ramayana rapportant le récit de la guerre déclarée entre Rama, fils du roi Thotsarot d’Ayodhaya, incarnation du dieu Vishnu et Thotsakan, roi des démons de Lanka. Cette épopée est souvent utilisée pour glorifier le souverain apparaissant comme une réincarnation du dieu. Dans la partie inférieure, on reconnaît le démon Kirtimukha, identifiable par ses cornes, ses griffes et sa bouche béante, comme on le figure sur les motifs décoratifs indiens utilisés dans l’architecture des temples asiatiques. On le retrouve généralement employé pour les ouvertures telles que les portes, les fenêtres et les arcades. Le bât est supporté par quatre montants sur lesquels sont peints des Nagas, serpent mythique de Vishnou.

  • Palanquin royal

    Le palanquin, sorte de siège, ou de litière, installé sur des bras inamovibles et porté par des hommes dans les pays orientaux, était réservé aux personnages de haut rang. Il pouvait parfois être installé sur le dos d’animaux, comme le chameau ou l’éléphant. Lors des déplacements du souverain, le palanquin était traditionnellement accompagné d’un grand parasol, emblème de la dignité royale. La forme de ce palanquin reprend celle des pavillons en bois, avec une toiture à deux versants et ressauts que l’on retrouve dans l’architecture monastique et palatiale de Thaïlande, particulièrement à Bangkok.

    Ce palanquin royal fut offert à Napoléon III (1808-1873) par les ambassadeurs de Siam lors de leur réception en 1861 au château de Fontainebleau, où il est toujours conservé. Pourvu de deux rideaux, il aurait été plus spécialement destiné à l’impératrice. C’est sous le règne de Napoléon III, à partir de 1856, que reprirent les relations diplomatiques avec le royaume de Siam, interrompues à la fin du règne de Louis XIV. Au milieu du XIXe siècle un traité d’amitié franco-siamoise est signé. à cette époque, Napoléon III envoya une ambassade chargée de présents, auprès du roi de Siam, Rama IV Mongkut. En retour, de somptueux cadeaux diplomatiques furent offerts au souverain français : chargée de quarante-huit caisses remplies de présents, l’ambassade de retour se mit en route à la fin de l’année 1860 pour arriver à Toulon en juin 1861. Réplique de l’ambassade de Phra Naraï, reçue le 1er septembre 1686 par Louis XIV dans la galerie des Glaces, l’ambassade de Rama IV Mongkut fut reçue, le 27 juin 1861, par Napoléon III dans la salle de Bal du château de Fontainebleau, comme le montre un tableau commandé par l’empereur à Gérôme et destiné aux galeries historiques de Versailles. Avec les prises de guerre provenant du Sac du Palais d’Été de Pékin, ils constituent le coeur des collections extrême-orientales exposées dans le musée chinois de l’impératrice Eugénie au château de Fontainebleau, inauguré en juin 1863.

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