Lignes de vie - Etapes d’une collection

Depuis les années 90, il s’y est ajouté un autre domaine : une mouvance de jeunes artistes contemporains, dont certains ne sont encore qu’au début de leur carrière, et d’autres ont déjà une renommée, comme le peintre Neo Rauch ou les photographes Axel Hütte et Gregory Crewdson.

Pour Frieder Burda, c’est la fascination exercée par la couleur et la force émotionnelle de la peinture qui sont au coeur de son intérêt artistique. Ainsi est née une collection taillée sur mesure, qui rassemble les courants les plus novateurs de la peinture contemporaine. Elle s’unifie autour de ce qui constitue sa véritable signature : la couleur. "J’ai grandi dans la couleur, se souvient Frieder Burda, car mon père collectionnait les toiles de l’expressionnisme allemand." Mais la première oeuvre qu’il achètera, en 1968, sera une toile lacérée de Lucio Fontana ; geste de défi à la tradition familiale : "Je voulais montrer que j’étais d’avant-garde."

Mais cette sélection révèle encore d’autres lignes directrices de la vie de Frieder Burda. Ses nombreux séjours aux États-Unis dans les années soixante et soixante-dix le sensibilisent à l’expressionnisme abstrait et l’amèneront plus tard à des acquisitions comme le "No. 36 (Black Stripe)" (1958) de Mark Rothko, ou des oeuvres de De Kooning, Clyfford Still et Jackson Pollock.

Le goût de Frieder Burda pour la France se manifeste, entre autres, par la présence dans sa collection de plusieurs toiles de la dernière période de Picasso : des tableaux exécutés à Mougins, où Frieder Burda fit de fréquents séjours.

Dans la salle du sous-sol, on verra des sculptures représentatives des points forts de la collection, comme "La Mère", une bronze d’Henri Laurens, ou des oeuvres de John Chamberlain et de Georg Baselitz. La mezzanine exposera l’art objectal de Arnulf Rainer, avec "Kisten Walhalla" : masques mortuaires dans des boîtes.

On pourra également revoir la "Bougie" de Gerhard Richter, qui est pour Frieder Burda une oeuvre très forte : "Cette toile a un potentiel méditatif extrêmement puissant ; elle suscite en moi un enthousiasme qui ne faiblit pas. Sans enthousiasme, sans passion, il n’y a pas de bonne peinture ; pas non plus de performance sportive ; il n’y a ni grand interprète, comme Anne- Sophie Mutter, ni prix Nobel pour la recherche scientifique. Et une collection d’oeuvres d’art ne vit que par la passion et l’enthousiasme du collectionneur."

La dernière en date des étapes de la collection concerne la jeune génération allemande. "Ausschüttung" (2010) de Neo Rauch offre un avant-goût de la grande exposition d’été du musée, qui sera consacrée à cet artiste originaire de Leipzig.