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PoloniaDes Polonais en France depuis 1830 |
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S’illustrer : les sciences, les armes, les artsTroisième partie de l'exposition PoloniaLa Cité nationale de l’histoire de l’immigration présente l'exposition "Polonia - Des Polonais en France depuis 1830" du 2 mars au 28 août 2011. La troisième partie de l'exposition, que nous détaillons ici, s'intitule "S’illustrer : les sciences, les armes, les arts" : La Pologne a donné à la France quelques-uns de ses enfants les plus prometteurs. Devenus des héros ou des célébrités, ils se sont illustrés dans les domaines les plus variés. Les causes de leur départ du pays natal rejoignent celles déjà évoquées dans la première partie de l’exposition : fuite devant la menace politique, aspiration à la liberté créatrice, volonté de venger sa patrie. Quelle que soit la période où ils ont vécu, leur oeuvre porte la marque d’une double culture, celle de la terre d’origine et celle du pays d’accueil, ceci dans des proportions qui varient selon la personnalité de chacun. Parmi eux, se trouvent des femmes, en nombre non négligeable : au XIXe siècle, des jeunes filles empêchées d’étudier à l’université du fait de l’interdit tsariste et qui sont venues s’inscrire en Sorbonne, des artistes peintres parmi les plus célèbres et, plus tard, des héroïnes de la Résistance.
Leur destin illustre à la fois l’attraction de la France, l’attachement à la Pologne et la complémentarité de carrières scientifiques que le lien familial vient renforcer. Bronia, née à Varsovie en 1865, étudie la médecine à Paris, y épouse un compatriote - Kazimierz Dluski - retourne avec lui au pays et ouvre un sanatorium à Zakopane, station de montagne des Tatras. Maria, de deux ans et demi sa cadette, gagne la capitale en 1891, obtient brillamment la licence de physique puis celle de mathématiques, épouse Pierre Curie et donne à la France deux prix Nobel. Malgré la distance qui les sépare, les deux soeurs se retrouvent aussi souvent que possible, en vacances à Zakopane, à Paris lors de la naissance d’Eve Curie en 1904 et de la mort de Pierre en 1906, à Stockholm pour la remise du Nobel de Chimie en 1911. Mais surtout, une coopération scientifique les unit : leur correspondance en témoigne. Marie reste très attachée à la Pologne. Elle y reçoit nombre de titres universitaires. Aidée de sa soeur Bronia, elle mène campagne pour que Varsovie possède un Institut du Radium : il ouvrira en 1932.
À maintes reprises, des Polonais s’engagent aux côtés des Français. Ce fut déjà le cas pendant la campagne d’Italie menée par Bonaparte en 1797, lors de l’expédition à Saint-Domingue, puis dans la Grande Armée impériale. Au cours de la guerre de 1870 et des deux guerres mondiales, des ressortissants polonais affrontent l’ennemi commun avec le double espoir de sauver la France et de libérer leur terre natale, selon l’ancienne devise : « Pour votre liberté et pour la nôtre ».
Aussitôt les hostilités déclenchées en août 1914, des volontaires polonais juifs ou catholiques contractent un engagement dans la Légion étrangère. Quelques-uns parviennent à intégrer les rangs de l’armée française, comme Guillaume Apollinaire, canonnier au 38e régiment d’artillerie, qui obtiendra sa naturalisation quelques mois avant la fin de la guerre. Après la chute du tsar en février 1917, la France libérée des obligations qui découlaient de l’alliance franco-russe, permet aux Polonais de créer leur propre armée, ce qui a pour effet d’accroître les effectifs et la fierté des combattants. Thomas Olszanski figure parmi ceux qui avaient refusé de servir dans la Légion et qui endossent à présent l’habit militaire.
À l’automne 1939, après la défaite de la Pologne, des officiers et des soldats polonais qui ont échappé à l’ennemi rejoignent en France le général Sikorski, afin de poursuivre le combat. L’armée qu’il reconstitue sur le sol français comprend également 50 000 immigrés, recensés et mobilisés en tant que ressortissants polonais. Leur entraînement a lieu principalement à Coëtquidan (Morbihan). En juin 1940, les divisions d’infanterie polonaises se battent en Lorraine et en Franche-Comté. Refusant l’armistice, ses cadres abordent la lutte clandestine, les uns dans des mouvements liés à Londres (F2, POWN), d’autres aux côtés des Français dans ce qu’on nommera plus tard les Francs Tireurs Partisans (FTP). Les FTP-MOI (Main-d’oeuvre immigrée) ne sont ni tous Juifs, ni tous Polonais, comme le montre l’Affiche Rouge.
C’est à la fois un établissement d’enseignement et un foyer de résistance. Son installation dans une station alpine près de Grenoble, en zone non occupée, lui assure au début un isolement salutaire. Les cours ont lieu en polonais pour des jeunes gens sortis des rangs de l’armée, puis pour des enfants d’immigrés, garçons et filles. Le français y figure en tant que langue étrangère privilégiée. L’esprit patriotique règne et chacun veut croire que la Pologne sortira libre de la guerre. Deux des directeurs successifs sont arrêtés pour faits de résistance : ils reviendront de déportation. Un drame survient en juillet 1944 quand des élèves qui ont rejoint les FFI (Forces Françaises de l’Intérieur) trouvent la mort à Vassieux, dans les combats du maquis du Vercors.
Le phénomène de l'émigration, inhérent à l'histoire de la Pologne depuis le XIXe siècle, touche aussi les créateurs. Les artistes quittent leur pays pour différentes raisons. Les uns fuient les représailles liées à leur participation à des mouvements indépendantistes. Les autres y sont poussés par des raisons économiques : le marché de l'art, dans un pays déchiré et ruiné par les partages, ou plus tard par le communisme, ne leur permet pas de subvenir à leurs besoins par la création artistique. D'autres enfin partent à la recherche de professeurs et d’écoles d'art, ainsi que d’une atmosphère stimulante, à la hauteur de leur talent. La France, traditionnelle terre d’accueil, leur permet de cultiver leur « polonité », à travers des associations à caractère national, tout en les incitant à conquérir une place au sein de la communauté internationale de Paris, capitale des arts par excellence. Des salons, des expositions organisées par diverses associations, ainsi que des galeries d’art les mettent sur le devant de la scène artistique.
Une fois à Paris, le milieu artistique polonais s’active. Des associations voient le jour. Outre l’entraide, elles ont pour but la promotion de l’art polonais en France, ainsi que la fédération de la « colonie ». Les critiques d’art, tout comme les marchands, indispensables pour le soutien des créateurs, suivent. Guillaume Apollinaire et Adolphe Basler, chacun à sa façon, fait parler des artistes polonais. Leopold Zborowski, personnage exceptionnel et complexe, poète, critique et marchand, les promeut dans sa galerie. D’autres critiques et marchands leur succéderont dans cette tâche. Reconnaissant l’universalité des arts, aucun ne se limitera au milieu polonais.
Depuis la Grande Emigration, Paris reste incontournable pour les artistes polonais en France. Mais ils ne se
cantonnent pas à la capitale. Suivant les courants paysagistes à la mode, ils explorent les régions. Ainsi, ils
travaillent en Bretagne à la fin du XIXe siècle, dans le Midi au début du XXe, jusque dans les Pyrénées, à
Collioure, mais aussi en Auvergne, dans les Alpes et même en Corse. À travers ces paysages, ils s’inscrivent dans
des mouvances artistiques propres à chaque période, pour atteindre une sorte de « paysage intérieur » que
représente la peinture abstraite.
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