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Felix Nussbaum |
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MAHJ |
Il est un peintre moderne allemand, formé au temps de la Nouvelle Objectivité et au contact des avant-gardes européennes des premières décennies du XXe siècle, notamment la pittura metafisica italienne, le surréalisme international, références qui l’unissent à quelques uns de ses contemporains : Max Beckmann, Otto Dix, ou John Heartfield. Mais avant tout, il incarne de façon saisissante le parcours d’un artiste que sa condition de juif persécuté ne laissera jamais en repos. Ce bourgeois juif allemand, d’une famille honorable, au talent soutenu par son père et reconnu par ses pairs, espoir de la jeune peinture, se retrouve, un jour de 1933, mis au banc de l’académie, jeté sur les routes, sans retour. De critique de la bourgeoisie et de l’ordre établi, il devient le guetteur inquiet de la menace qui rôde. Il la rencontre désormais sous les traits de la révocation, de l’exil, de la guerre, de l’internement, et de la clandestinité : les nouvelles dramatiques forment les étapes d’un processus dont l’issue ne fait pas de doute.
Né en 1904, Felix Nussbaum étudie aux beaux-arts à Hambourg et à Berlin ; lauréat de l’Académie allemande à Rome, il est pensionnaire à la Villa Massimo en 1932. L’arrivée d’Hitler au pouvoir le précipitera sur le chemin d’un exil qui, après l’Italie, la Suisse et la France, le conduit à Ostende en Belgique. Arrêté après la défaite de la Belgique, le 10 mai 1940, en tant que ressortissant du Reich, il est déporté au camp de Saint-Cyprien dans le sud de la France. Evadé, fugitif il retourne à Bruxelles où il demeure caché, avec son épouse Felka Platek, une artiste juive polonaise. Il est finalement déporté avec elle, le 31 juillet 1944, à Auschwitz et assassiné.
Son oeuvre témoigne des influences qu’il revendique : le Douanier Rousseau, Van Gogh, Beckmann, Ensor, Chirico ; son goût pour l’autoportrait d’une part, et ses allégories de la Mort d’autre part, le rattachent aux maîtres anciens flamands et allemands. L’exil et le danger le plongeront dans une peinture existentialiste sur la condition du juif pourchassé auquel il donnera une expression fascinante.
Portraits et surtout autoportraits scandent l’oeuvre de l’artiste, évoquant ses interrogations, en tant qu’homme, fils, artiste, amant et proscrit ; Nussbaum use de symboles qui questionnent le pouvoir de l’art, et le rôle des modèles et des réalités auxquels il s’attache. Sa peinture forme à la fois une traversée de l’histoire de l’art, une trame narrative et autobiographique qui atteste d’un esprit d’une grande complexité et une fresque métaphysique d’une inquiétante étrangeté, qui décrit un monde conduit à sa destruction par la main de l’homme.
A travers cet événement, le MAHJ poursuit une série d’expositions consacrées à des artistes
persécutés et assassinés lors de la Shoah, Friedl Dicker-Brandeis, Bruno Schulz, Charlotte
Salomon, ou à des artistes rescapés et marqués à jamais par cette expérience, Isaac Celnikier
ou Serge Lask.
Felix Nussbaum naît à Osnabrück en 1904 dans une famille de commerçants juifs aisés. Il étudie les arts décoratifs à Hambourg (1922), puis la peinture à Berlin (1923) où il rencontre sa future femme, Felka Platek, une artiste juive polonaise (1924). Ses oeuvres de jeunesse sont influencées par Vincent Van Gogh, Henri Rousseau et Giorgio De Chirico. La renommée grandissante de l’artiste culmine avec la peinture La Place folle (Der Tolle Platz, 1931). Dans ce tableau qui fait sensation lors de la 64e exposition de la Sécession berlinoise, Nussbaum tourne en dérision les membres honoraires de l’Académie des Beaux-Arts. Ce succès lui ouvre les portes de la Villa Massimo de Rome, où il est envoyé comme lauréat de l’Académie allemande (1932).
Pour Nussbaum, l’Italie est le pays d’une époque révolue et perdue. Narcisse (1932) témoigne avec ironie de cette conviction, ainsi que de la quête de reconnaissance qui pousse l’artiste à entreprendre ce voyage d’études : un miroir dans lequel se contemple l’adolescent amoureux de son image est accroché à une colonne brisée qui ne soutient plus rien. Devant l’avènement inéluctable du national-socialisme, Nussbaum livre des visions de ruines aux tons bruns et ocre restituant ses angoisses. Dans Destruction 2, il traduit son impuissance face au contexte politique en Allemagne. Il s’empare du répertoire iconographique de Giorgio De Chirico pour représenter sa perception d’une catastrophe imminente : celle de la destruction de la culture occidentale.
Felix Nussbaum ne regagnera jamais l’Allemagne. L’arrivée au pouvoir d’Hitler en janvier 1933 le contraint à l’exil et inaugure une période d’errance, de la Suisse à Paris, d’Ostende à Bruxelles, avec des allers retours incessants. Le port, paysage qui lui sera désormais familier, devient une thématique récurrente de son oeuvre, un miroir de sa propre situation : le tableau Forêt de mâts, oeuvre exceptionnelle par son format et par son cadrage très serré sur les mâts – dont certains évoquent les outils du peintre –, renvoie aux conditions de travail de l’artiste menacé, poursuivant son oeuvre dans l’émigration en dépit de la tempête qui s’annonce. Le rétrécissement de l’espace, l’absence de perspectives et l’isolement de l’artiste exilé parcourent également Le Réfugié.
L’autoportrait comme questionnement est au coeur de l’oeuvre de Felix Nussbaum, depuis les premiers autoportraits en jeune homme qui interrogent la place de l’artiste dans le monde juif traditionnel, jusqu’aux autoportraits avec masque – dans lesquels on perçoit l’influence de James Ensor. À partir de 1936, il en exécute une série à travers lesquels il met en scène son identité d’artiste apatride, de réfugié politique et de juif persécuté. Cette démarche se traduit par la représentation de regards, de mimiques et d’expressions révélant une large gamme d’émotions, confiance en soi, orgueil, peur, distance, perplexité, désespoir, silence, effroi, paralysie créative. Il se montre en peintre, en artiste envahi par le doute, en juif partagé entre dérision et tradition, en pitre. En 1943, au plus fort de la traque et du désespoir, il réalise deux autoportraits qui sont des défis : son ultime autoportrait en artiste « installé » mais dont les couleurs ont pour nom : mort, nostalgie, souffrance, auquel succède celui de l’homme traqué, montrant son étoile jaune et son passeport juif.
Dès 1937, date à laquelle Felix Nussbaum et Felka Platek s’installent à Bruxelles, ils doivent faire face à un confinement grandissant. L’artiste se tourne vers un genre qu’il avait jusqu’alors négligé, même si l’Ecole de Paris et la Nouvelle Objectivité l’avaient remis au goût du jour, la nature morte. Les objets et les mannequins deviennent alors des métaphores de son existence ; il les associe à des coupures de journaux, notamment des unes du journal Le Soir, un quotidien belge, qui disent la tempête sur l’Europe, le péril aérien, la menace du moment.
Le 10 mai 1940, lors de l’invasion de la Belgique par l’armée allemande, Felix Nussbaum est arrêté par les autorités belges en tant qu’« étranger ennemi » et envoyé au camp de Saint- Cyprien, dans les Pyrénées orientales. Trois mois plus tard, il adresse à la direction du camp une demande de rapatriement en Allemagne. Sur le chemin du retour, il parvient à s’échapper d’une caserne de Bordeaux et s’enfuit à Bruxelles où il vivra désormais caché. L’artiste reste hanté par son expérience de la captivité et place ce sujet au centre de son oeuvre. Ses toiles sont parmi les très rares à projeter en peinture la terreur nazie et la menace d’extermination qui pèse sur les Juifs d’Europe.
À partir de 1941, la guerre et la persécution dominent l’oeuvre de Nussbaum, ainsi que la peur
et le désespoir qu’elles engendrent. Malgré le début des déportations en août 1942, sa femme,
Felka Platek, s’obstine à rester en Belgique. Pour échapper aux rafles de la Gestapo, le couple
se cache dans la mansarde d’un immeuble situé dans la rue Archimède. C’est grâce à une
inébranlable confiance dans la peinture que Nussbaum trouve le moyen de résister et de
conjurer la peur. Ses dernières toiles restituent l’attente impuissante devant la mort des juifs
menacés. Squelettes piétinant un champ de ruines, claironnant la fin des temps dans les
trompettes du Jugement dernier, Le Triomphe de la mort (signé du 18 avril 1944), ultime oeuvre
peinte par Felix Nussbaum, offre une vision prophétique de l’effondrement général du monde
aussi bien que de la propre fin de l’artiste. Nussbaum fait ici appel à deux thèmes de la tradition
occidentale chrétienne : le Jugement dernier et la danse macabre.
Le 20 juin 1944, Felix Nussbaum et sa femme sont arrêtés sur dénonciation, déportés à
Auschwitz par le dernier convoi en partance de la Belgique et assassinés. Le 3 septembre, les
Alliés entrent à Bruxelles.