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Vaudou |
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Fondation Cartier, ParisExposition du 5 avril au 25 septembre 2011La Fondation Cartier pour l’art contemporain présentera pour la première fois au public un ensemble exceptionnel d’objets vaudou issus de la collection Anne et Jacques Kerchache dans une scénographie conçue par Enzo Mari, l’un des grands maîtres du design industriel italien. L’exposition est organisée avec la complicité d’Anne Kerchache – aujourd’hui Madame Kamal Douaoui – qui fut l’épouse de Jacques Kerchache jusqu’à son décès en 2001. Dès les années 1960, Jacques Kerchache a su reconnaître la puissance esthétique et l’originalité stupéfiante de la statuaire vaudou et de ses formes. C’est à cette époque, lors de ses premiers voyages dans l’actuelle République du Bénin, berceau du vaudou, qu’il commence à rassembler ce qui est devenu aujourd’hui la plus importante collection de sculptures vaudou africaines. L’exposition présentera une centaine de ces objets, dont certains appartiennent désormais à des collections privées. Jacques Kerchache et la Fondation Cartier ont souhaité organiser une exposition dédiée à la statuaire vaudou, mais ce projet a été suspendu suite à son décès en 2001. C’est donc à l’occasion du dixième anniversaire de la mort de Jacques Kerchache que la Fondation Cartier a décidé de dévoiler le monde secret et fascinant du vaudou qui fut sa passion tout au long de sa vie. À travers l’exposition Vaudou, la Fondation Cartier rend ainsi hommage à ce grand expert et explorateur, célèbre pour son œil exigeant et pour sa connaissance des arts premiers comme de l’art contemporain. Les sculptures vaudou, assemblages anthropomorphiques de cordes, d’os, de coquillages ou de terre cuite, jouent un rôle primordial dans la pratique de ce culte religieux très ancien et toujours vivant, des côtes du Togo à l’ouest du Nigéria. Recouvertes d’une épaisse couche de matière faite de terre, d’huile de palme et de poudre, ces sculptures étranges et troublantes dégagent un sentiment de tension et d’appréhension. Leur esthétique ambiguë est intimement liée à leur rôle qui est à la fois de protéger leurs propriétaires du danger et de nuire aux personnes responsables de leurs problèmes.
En Occident, peu de sujets sont aussi chargés de mystère et entachés d’incompréhension. Le vaudou est un culte religieux ancien et une tradition philosophique originaire de la « côte des Esclaves » d’Afrique occidentale. Aujourd’hui, il est encore pratiqué de la côte du Togo à l’Ouest du Nigeria. Avec la traite des esclaves, aux XVIIe et XVIIIe siècles, ce culte s’est propagé jusqu’aux Caraïbes ainsi qu’en Amérique du Nord et du Sud où il s’est mêlé au catholicisme et à d’autres traditions religieuses. La cosmologie vaudou est organisée autour d’esprits et de figures d’essence divine, dans une hiérarchie allant des divinités majeures – qui régissent la société et les forces de la nature – aux esprits des ruisseaux, des arbres et des rochers. Les adeptes du vaudou pensent qu’il y a un lien entre le monde visible des vivants et celui, invisible, des esprits, et que ces mondes peuvent communiquer par le sacrifice, la prière, la possession et la divination.
Le terme « vaudou » a connu différentes orthographes au fil des siècles (vodou, vodun, vaudoun) mais sa première apparition sous forme écrite remonte à 1658, dans la Doctrina christiana, ouvrage rédigé par l’ambassadeur du roi d’Allada à la cour de Philippe IV d’Espagne. Ce terme a été traduit de diverses manières par les spécialistes à travers l’histoire. Certains ont établi un lien entre le mot de la langue Ewe vo, qui signifie « trou » ou « ouverture » – par rapport à quelque chose de caché, de secret –, et du, qui désigne des signes divinatoires ou des messagers. Vaudou signifierait alors « messager de l’invisible ». Récemment, Suzanne Preston Blier, professeur à l’université Harvard, a suggéré qu’il pourrait trouver son origine dans l’expression « attendre calmement et puiser l’eau » en langue Fon, à partir des verbes vo (« se reposer ») et dun (« puiser de l’eau »), signifiant allégoriquement « la nécessité de rester calme lorsque des difficultés se présentent sur le chemin ».
Les sculptures bocio sont reliées à l’énergie des divinités vaudou. Dans ce culte, elles sont les intermédiaires entre le monde visible et le monde spirituel. Assemblages d’éléments composites – cordes, ossements, coquillages et mèches de cheveux – recouverts d’une épaisse couche de matière pouvant être faite d’argile, d’huile de palme et de matériaux sacrificiels, ces statues étranges et mystérieuses dégagent un sentiment de tension et d’appréhension. Faites d’une accumulation de divers matériaux, elles sont utilisées dans le but de nuire et /ou de protéger et sont susceptibles de modifier le cours des existences. Leur force est à la fois visuelle et métaphysique, comme l’indique leur nom, bocio, qui signifie « cadavre (cio) doté de pouvoirs (bo) ». Disposées à l’intérieur des maisons et des temples, ou en plein air dans les villages, les champs ou aux croisements de routes, on leur attribue des fonctions variées et complexes, à l’image des intentions de leurs commanditaires. Certaines sont destinées à protéger les récoltes, d’autres à encourager la fertilité, d’autres encore à défendre la famille contre la sorcellerie. Objet alchimique, la statuette vaudou est constituée de remèdes ou de matériaux investis de pouvoirs particuliers, qui recouvrent sa surface ou lui sont intégrés. Les éléments qui entrent dans sa composition ainsi que son mode de fabrication sont déterminés par le devin après consultation de son commanditaire. Cette accumulation énigmatique matérialise les pensées humaines et les sentiments les plus profonds : la jalousie, la peur, la douleur, le désespoir, la méfiance, l’amour. Ainsi, le fait de nouer des cordes autour d’une statuette peut être associé à la colère et à l’emprisonnement, l’insertion de taquets en bois à la volonté d’aller au coeur d’un problème et l’ajout de cauris à l’attente ou au désir. Les ingrédients utilisés pour fabriquer les statuettes sont secrets et leurs sens sont multiples, si bien que seuls quelques initiés en connaissent le contenu et la destination exacts.
Explorateur et expert autodidacte, Jacques Kerchache (1942-2001) est célèbre pour son oeil exigeant et pour sa connaissance des arts premiers qu’il a développée à travers ses nombreux voyages en Afrique, puis en Amérique centrale et en Amérique du Sud. Dès la seconde moitié des années soixante, il entame une série d’expéditions sur le continent africain, partant à la recherche de pièces rares et remarquables, ainsi que des grands artistes qui les ont créées. C’est à cette époque, lors de ses premiers voyages dans l’actuelle République du Bénin, berceau du vaudou, qu’il reconnaît la puissance esthétique et l’originalité plastique de la statuaire vaudou et qu’il commence à réunir ce qui est devenu aujourd’hui l’une des plus importantes collections de sculptures vaudou africaines. Fréquemment sollicité en tant que conseiller artistique et commissaire d’exposition, Jacques Kerchache a fortement encouragé les musées français à dépasser une approche essentiellement ethnographique des arts premiers et à les considérer pour leur valeur esthétique universelle. C’est à son initiative que furent créés à Paris en 2000 le pavillon des Sessions dévolu aux arts d’Afrique, d’Asie, d’Océanie et des Amériques et en 2006 le musée du quai Branly consacré aux arts premiers. Ce même esprit d’ouverture a également conduit Jacques Kerchache à collaborer à de nombreuses reprises avec la Fondation Cartier, comme conseiller pour les expositions thématiques À visage découvert (1992) et être nature (1998) ou encore en contribuant au catalogue de l’exposition de l’artiste haïtien contemporain Patrick Vilaire, Réflexion sur la mort (1997).
À la suite de ces collaborations, Jacques Kerchache et la Fondation Cartier ont commencé à préparer une exposition consacrée à la statuaire vaudou africaine, mais ce projet a été suspendu suite au décès du collectionneur. Pour commémorer le dixième anniversaire de sa disparition, la Fondation Cartier organise l’exposition dont rêvait Jacques Kerchache. Organisée avec Mme Kamal Douaoui, qui a été l’épouse de Jacques Kerchache jusqu’à son décès en 2001, l’exposition dévoile au public cette fascinante et mystérieuse collection d’objets vaudou africains. Elle permet à ces oeuvres impénétrables de prendre la parole dans une présentation fondée sur une simplicité muette, empreinte de sobriété et d’élégance. La Fondation Cartier a invité Enzo Mari, dont le travail se caractérise par un rationalisme subtil et une économie de formes, à créer la scénographie de l’exposition Vaudou. Au rez-de-chaussée, huit bocio gardiens (kudio-bocio) sont présentés devant une série de structures en bois conçues par Enzo Mari comme autant d’habitations symboliques. Ces dernières soulignent le rôle des bocio qui protègent la maison et éloignent le danger. Leurs silhouettes élancées en bois sculpté sont souvent placées devant la propriété ; elles représentent les principaux membres de la famille et sont relativement peu décorées par rapport aux autres bocio dont la surface est recouverte de matériaux divers. Au niveau inférieur, le visiteur découvre cinquante sculptures de plus petites dimensions, strictement alignées sur une série de supports carrés, dans un silence invitant à la contemplation. Dans une pièce isolée, Le Chariot de la mort, chef-d’oeuvre de la collection Kerchache, se reflète dans les eaux sombres du large bassin au centre duquel il se trouve. Une salle entière est dédiée aux archives de Jacques Kerchache et dévoile pour la première fois de nombreux documents personnels, des photographies et des films.
Discrète, raffinée et puissante, la scénographie imaginée par Enzo Mari sera le reflet autant que le révélateur du mystère et de la beauté convulsive de la statuaire vaudou.
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