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Labrouste (1801-1875), architecte

La structure mise en lumière

Cité de l'architecture & du patrimoine, Paris

Exposition du 11 octobre 2012 - 7 janvier 2013




exposition labrouste
Exposition Labrouste (1801-1875), architecte. Cité de l'architecture & du patrimoine, Paris

Henri Labrouste est l'un des rares architectes du XIXe siècle dont l'oeuvre n'a jamais cessé d'être une référence tant en France qu'à l'étranger.

La rationalité des solutions qu'Henri Labrouste a mises en oeuvre pour répondre aux programmes complexes qui lui étaient confiés, la puissance de ses réalisations, l'étrange singularité de leurs ornements et surtout l'importance accordée aux matériaux nouveaux (particulièrement au fer et à la fonte) font de son oeuvre un jalon essentiel dans l'évolution de l'architecture. S'échelonnant sur plusieurs régimes politiques, de la fin de la Restauration au début de la IIIe République, sa carrière coïncide avec l'essor du romantisme et du culte de Napoléon, puis avec les développements du capitalisme, du commerce et de l'industrie.

Témoin des bouleversements de la capitale, Henri Labrouste contribue au premier chef à la création d'une architecture nouvelle, propre au XIXe siècle, qui mêle art et innovation constructive.

Élève de l'École des beaux-arts, lauréat du Grand Prix de Rome d'architecture en 1824, Labrouste séjourne cinq ans à la villa Médicis. En Italie, il exécute nombre de relevés et projets qui témoignent de ses exceptionnels dons artistiques. Dans certains de ces dessins, particulièrement ceux consacrés aux tombeaux antiques, on décèle déjà ce qui caractérisera sa propre architecture : simplicité dans la monumentalité, affirmation des systèmes constructifs, goût de l'ornement signifiant, rôle des inscriptions et emblèmes, fascination pour le clair-obscur et le passage de l'ombre à la pleine lumière.

De retour à Paris, Henri Labrouste est associé à l'organisation de plusieurs cérémonies nationales ; il met en scène, en particulier, le grandiose Retour des cendres de Napoléon Ier en décembre 1840, avant de proposer, quelques mois plus tard, un saisissant projet pour le tombeau impérial dans l'église des Invalides.

À la même époque, mais dans un tout autre registre, Labrouste est le lauréat de deux importants concours internationaux pour la construction d'un hospice d'aliénés à Lausanne et d'une prison à Alessandria, près de Turin (non exécutés).

Sa carrière est ensuite dominée par la construction de deux chefs-d'oeuvre à Paris, très tôt admirés : la nouvelle Bibliothèque Sainte-Geneviève, puis la restauration et l'agrandissement de la Bibliothèque nationale. Il dote ces bibliothèques de vastes salles de lecture, couvertes de voûtes en fer apparent, qui s'imposent rapidement comme des créations spatiales parmi les plus extraordinaires de l'architecture européenne.

Labrouste pose les fondements d'une culture rationaliste, diffusée par ses nombreux élèves, dont certains – comme Julien Guadet ou Anatole de Baudot – seront de grandes figures de la fin du XIXe siècle. Une génération plus tard, tandis qu'Auguste Perret (élève de Guadet) est peut être le dernier architecte à revendiquer explicitement sa filiation avec Labrouste, les oeuvres de ce dernier enthousiasment désormais les historiens qui en proposent tour à tour de multiples interprétations.

L'emploi et la mise en valeur du métal, aussi inventifs qu'audacieux, retiennent l'attention des critiques du début du XXe siècle qui, à l'instar de Jean Badovici ou de Sigfried Giedion, voient en Labrouste un pionnier de la modernité la plus radicale. Plus tard, dans les années 1970, alors qu'émerge le postmodernisme, c'est son usage des ornements et la symbolique extrêmement riche de ses édifices qui sont mis en avant.



Parcours de l'exposition Labrouste

  • L'imaginaire romantique

    Lors de son séjour à la Villa Médicis à Rome, le jeune Labrouste s'intéresse à de multiples sources historiques pour développer un imaginaire architectural entièrement nouveau.

    Cette partie s'étend de 1818, début de la formation artistique de Labrouste, à 1838. Elle aborde principalement son séjour à la villa Médicis (1825-1830), puis les toutes premières années de sa carrière parisienne.

    Certains de ses plus beaux dessins d'Italie jalonnent cette séquence : relevés de monuments anciens, et notamment de tombeaux étrusques qui venaient alors d'être révélés, compositions urbaines parfois imaginaires.

    Ces études témoignent des méthodes de l'architecte, acharné à comprendre par lui-même l'essence des formes antiques en portant sur celles-ci un regard dénué de tout dogmatisme.

    La singularité de son approche se manifeste dans son envoi de Rome de quatrième année – la restitution des temples de Pæstum – qui, en 1829, suscite une vive polémique à Paris. Rejetant l'illusion d'une architecture antique idéale et éternelle, Labrouste s'efforce en effet d'ancrer les édifices étudiés dans leur contexte géographique et historique. Son intérêt pour la marche des civilisations et les phases de transition culturelles le font bientôt assimiler au mouvement romantique. Sa démarche novatrice irrite la puissante Académie des beaux-arts, mais elle rallie la jeune génération d'architectes autour de 1830.

    Ses projets personnels se nourrissent bientôt de sa connaissance de l'art et de l'architecture antique, particulièrement ses propres monuments funéraires : projets pour un cénotaphe à La Pérouse (1829), pour les tombeaux de Napoléon Ier aux Invalides (1841) ou son ami Félix Duban (1872). À l'échelle urbaine, l'organisation du Retour des cendres de Napoléon (1840), puis des funérailles des victimes des Journées de Juin 1848 témoignent également de sa faculté de procurer de puissantes émotions à ses contemporains.

    La page de titre et le frontispice d'introduction de la Revue générale de l'architecture et des travaux publics, qu'il dessine en 1840, comme son jeton de présence de la Société centrale des Architectes (1846), lui fournissent l'occasion d'exprimer sa vision de l'architecture de manière synthétique et allégorique. Ces images, qui comptent parmi les plus importantes de l'époque, interprètent elles-mêmes l'antiquité pour en tirer des formes signifiantes inédites.

    exposition Henri Labrouste
    Salle de lecture de la Bibliothèque nationale © Georges Fessy

  • Les lieux du savoir

    L'oeuvre construite de Labrouste, et principalement les deux bibliothèques, donnent forme à une nouvelle architecture.

    La deuxième partie de l'exposition s'attache aux grandes réalisations de l'architecte, et tout spécialement à la Bibliothèque Sainte-Geneviève (1838-1850), à la Bibliothèque nationale (1854-1875), ainsi que, dans une moindre mesure, au séminaire de Rennes (1854-1875).

    Il est ici question d'agencement, de flux de lecteurs et de livres, de construction mixte (pierre/métal), mais aussi d'espace et de lumière. Dans ses deux bibliothèques, Labrouste renoue d'une certaine manière avec l'architecture visionnaire d'Étienne-Louis Boullée.

    Mieux que tout autre, il sait tirer parti du cadre urbain et historique préexistant. La monumentale Bibliothèque Sainte-Geneviève dialogue ainsi avec le Panthéon voisin. Labrouste conçoit ici la première bibliothèque publique autonome et logée dans un édifice construit sur mesure. Ses façades sont principalement ornées d'une interminable liste de noms qui, formant un catalogue d'auteurs idéal et symbolique, affiche clairement la destination de l'édifice depuis la place. À l'intérieur, l'emploi manifeste de matériaux industriels – le fer et la fonte –, ainsi que l'adoption de l'éclairage au gaz, qui en fait la première bibliothèque pouvant accueillir des lecteurs le soir, constituent eux-mêmes des nouveautés révolutionnaires.

    Le parcours du lecteur à travers une succession d'espaces menant de la pénombre à la pleine lumière évoque le cheminement de l'esprit vers la connaissance. La rationalité du parti architectural, la qualité des volumes intérieurs ainsi que l'originalité et l'expressivité du décor ont contribué à la gloire de cet édifice.

    Les travaux de restauration et agrandissement de la Bibliothèque nationale développent les solutions adoptées par Labrouste à la Bibliothèque Sainte-Geneviève. On y retrouve son goût pour la combinaison du fer, de la fonte et de la lumière, et pour les ornements signifiants, mais dans un contexte très différent. La nécessité de densifier la parcelle lui impose, par exemple, de recourir en de nombreux points à l'éclairage zénithal. La nouvelle salle de lecture, de plan carré, est ainsi couverte de neuf coupoles de faïence blanches, percées d'oculi et soutenues par de minces colonnes de dix mètres de hauteur ; sur les côtés, de grands paysages peints simulent des fenêtres ouvertes sur la nature. Cet espace exceptionnel, à la fois vaste et intime, forme un véritable univers dédié à la connaissance ; de manière plus explicite encore qu'à la Bibliothèque Sainte-Geneviève, le savoir y est assimilé à un jardin qu'il convient de cultiver. Il marque également un jalon dans l'élaboration des grandes salles publiques, un programme qui ne cessera de captiver les architectes jusqu'à nos jours.

    À l'arrière de la salle de lecture, Labrouste élève le magasin central des imprimés, une immense cage de métal enchâssée entre quatre murailles, dont les planchers de fonte à claire-voie favorisent la diffusion de la lumière à travers cinq étages, depuis les verrières supérieures jusqu'au sous-sol. Ce parti architectural, dont la nouveauté n'avait alors d'égale que l'audace, sera repris et adapté plus tard par de nombreux architectes.

    Aux yeux de Labrouste, l'architecte, investi d'une mission sociale, peut également contribuer à réformer la société et alléger les souffrances des plus démunis. Il met en oeuvre cet idéal dans son projet d'hospice cantonal des aliénés à Lausanne (1836-1839), dans celui d'une prison centrale à Alessandria (1839-1840) ainsi que dans ses travaux à la colonie agricole du Mesnil-Saint-Firmin (1845-1848).

  • Postérité et affinités

    L'influence de Labrouste sur ses contemporains et les générations suivantes sera considérable.

    Labrouste exerce une influence profonde sur ses contemporains et les générations suivantes par ses réalisations et particulièrement ses deux bibliothèques, par les nombreuses positions officielles qu'il occupe dans les instances professionnelles et administratives, mais aussi par son enseignement.

    Il ouvre son atelier en 1830, dès son retour de Rome. Celui- ci s'impose rapidement comme l'atelierle plus fréquenté de la période, en dépit de l'opposition tenace de l'Académie des beaux-arts.

    Pendant vingt-six ans, Labrouste y forme plus de quatre-cents élèves, venus de toute la France et même de nombreux pays étrangers. Son enseignement se fonde sur la raison.

    Il insiste sur les données du programme à exécuter, les questions d'usage et la nature du climat, et accorde une importance particulière à la construction qui, pour lui, ne peut être séparée de l'enseignement du projet.

    Ces principes, dont beaucoup sont repris par Viollet-le-Duc dans ses écrits, sont à la base de la culture rationaliste qui imprègne l'ensemble de la culture architecturale du XIXe siècle.

    L'exposition présente les travaux exécutés au sein de l'atelier par plusieurs de ses élèves, tels que Juste Lisch, Gabriel Toudouze ou Anthony van Dam, ainsi que quelques-uns des édifices que d'anciens élèves de Labrouste élevèrent par la suite : bibliothèque de l'École de droit par Louis-Ernest Lheureux, lycées par Charles Le Coeur ou encore nouvel Hôtel des Postes par Julien Guadet, des constructions empreintes de rationalisme tant dans leurs distributions que dans leurs modes de construction associant divers matériaux (pierre, brique, fer, etc.).

    L'influence de Labrouste est également perceptible dans les développements de l'architecture métallique, et plus particulièrement dans le programme de la grande salle publique. L'exposition offre ainsi l'occasion de montrer les travaux théoriques de ses contemporains Boileau, Horeau et Viollet- le- Duc, ainsi que des réalisations postérieures, telle que la galerie de zoologie du Muséum d'histoire naturelle par Jules André, qui fut l'inspecteur de Labrouste sur le chantier de la Bibliothèque nationale et qui lui succéda à la tête de son atelier.

    Cette réflexion sur la structure et la lumière dépasse largement le XIXe siècle, si l'on se réfère par exemple à l'oeuvre de Pier Luigi Nervi. Après avoir évoqué l'impact des réalisations de Labrouste à l'étranger, en particulier dans le domaine des bibliothèques, l'exposition se conclut sur un clin d'oeil aux différentes interprétations que leur donnèrent Giedion ou Drexler au cours du XXe siècle, puis par des interviews d'architectes et d'historiens actuels, français et américains, qui livrent leur point de vue sur cette oeuvre complexe et d'une infinie richesse.



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