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Tomo Savic-Gecan

Jeu de Paume, Paris

Exposition du 28 septembre 2010 au 6 février 2011


Tomo Savic-Gecan conçoit des oeuvres qui littéralement, prennent corps entre le présent et le futur, entre l’ici et l’ailleurs, entre un espace public et un autre, entre l’esprit du spectateur, où que ce dernier se trouve, et le lieu institutionnel de l’exposition, qui pourrait bien se produire dans un endroit différent. C’est le cas lorsqu’il invente une situation dans laquelle le spectateur d’une exposition qui a pour thème l’ « économie » doit fixer le prix d’entrée de celui ou celle qui lui succède immédiatement – (Untitled, 2000). Ou encore, lorsqu’une phrase inscrite sur le mur du lieu d’exposition rappelle que le nombre de visiteurs pénétrant à cet instant dans un centre d’art à Amsterdam a un impact sur une piscine publique de Tallinn (laquelle, programmée pour recevoir l’information en temps réel, modifie sa température en conséquence) – Untitled, présenté à la Biennale de Venise, 2005.

Pour la programmation Satellite, l’artiste présentera une oeuvre nouvelle en deux parties, l’une située à l’intérieur du Jeu de Paume, l’autre – qui sera son reflet exact – dans un second lieu institutionnel, la Kunsthall de Bergen en Norvège. Ces deux parties proposeront la fidèle reconstitution d’un espace réel du Jeu de Paume, avec toutefois une modification aussi minime que cruciale : dans chaque salle, l’un des murs sera conçu de sorte à bouger avec une extrême lenteur chaque fois qu’un visiteur pénètrera dans le lieu opposé. Au travers de cet infime rétrécissement, chaque pièce sera effectivement le miroir de l’autre, le mouvement de la première salle étant, après un bref délai, déclenché par les visiteurs de la seconde.

Le « contenu » de la pièce dont il ne reste plus que le volume correspond au conventionnel « cube blanc » institutionnel revisité par l’artiste, ici dédoublé et traité de sorte à suivre quasi monstrueusement (avec un sentiment chaque fois accru de claustrophobie) l’action de son double, à l’autre bout de l'Europe. Liant deux institutions et deux publics (dont certains membres pourront ne pas avoir conscience que leur entrée dans un lieu a des conséquences ailleurs), l’intervention architecturale de Tomo Savic-Gecan s’inscrit dans le goût de l’artiste pour des oeuvres visionnaires créant une expérience esthétique au travers d’espaces et de temps distincts.

En complément de ce nouveau projet d'envergure, Tomo Savic-Gecan a réalisé un film — le premier qu'il ait jamais fait — qui associe, simultanément, deux lieux et deux temporalités. Intitulé Untitled — comme l'ensemble de ses oeuvres —, ce film convoque, pour la première fois, la représentation dans l'oeuvre de l'artiste, qui jusqu'à présent est toujours resté "non figuratif". Selon Tomo Savic-Gecan, le film n'est pas là pour documenter le projet, mais constitue une autre façon de transmettre les idées qui sont au coeur de sa pratique : chez lui, l'expérience esthétique, habituellement liée à l'oeuvre d'art traditionnelle, se joue ailleurs.



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