Jacques Demy

Réalisateur de films "en chanté", Jacques Demy a marqué sa génération et toute l’histoire du cinéma. A l’occasion du vingtième anniversaire de sa disparition et du cinquantième anniversaire de la sortie de son film Lola, la Ville de Nantes, où il a passé sa jeunesse et constamment puisé son inspiration, a souhaité lui rendre hommage.

L’oeuvre de Jacques Demy est présentée à travers des affiches de films, des photographies de tournages, des synopsis de ses oeuvres, des maquettes, des objets personnels, des documents originaux et des extraits de films.

Sont ainsi présentés une reconstitution de la cuisine de son enfance où il projetait ses films amateurs, son petit théâtre de marionnettes, ses premières caméras, quelques unes de ses notes personnelles, des lettres d’admirateurs...

Merci à la famille Varda-Demy pour le prêt des documents sélectionnés par Ciné-Tamaris, Jacqueline Moreau pour ses aquarelles et celles de Bernard Evein, et Jean-Pierre Berthomé pour les éléments de sa collection personnelle.

L’entrée de l’exposition aux couleurs irisées plonge d’emblée le public dans l’univers poétique de Jacques Demy au coeur des destins croisés de ses personnages.

Pourquoi je filme ?

Parce que j’aime ça
Parce que ça bouge
Parce que ça vit
Parce que ça pleure
Parce que ça rit
Parce qu’au ciné
On est dans le noir
On est au chaud
Entre un mec qui vous fait du genou
Et une nana qui enlève le sien
Devant un con qui parle trop fort
Derrière un génie aux cheveux ébouriffés
Qui vous empêche de lire les sous-titres
Parce que ça danse
Parce que ça chante
Alors je plane
Parce que c’est beau
Parce que filmer c’est comme une femme
C’est comme un homme
Ça peut faire mal
Ça vous écorche
C’est parfois moche
Mais c’est bien quand même
Parce que ça zoom
Parce que ça travelling
Parce que ça silence et moteur et coupez
Parce qu’on rêve
À vingt-quatre images seconde
Et que par conséquent ça fonce dans la nuit
À quatre-vingt six mille quatre cents
images à l’heure
Et que le TGV en crève de jalousie
Parce que c’est blanc
Parce que c’est noir et bien
d’autres choses encore
Parce que j’aime ça
Et parce que
je ne sais rien faire d’autre.

Jacques Demy
Publié dans le journal
Libération en 1987