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Élise Florenty - Life Ticketavec la participation de Marcel Türkowsky |
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Néanmoins, la consonance "pop anglaise" et le dispositif d’installation de "Life ticket", ramènent cette notion de passage vers d’autres questionnements attachés au réel, de l’ordre du personnel et du politique. À la manière d’un préambule, le lettrage du titre visible en façade pose le contexte d’une navigation, d’une circulation à entreprendre dans un flux au milieu duquel on se risque à s’immerger.
Dès la première salle, des gradins coupent la perspective du lieu et suggèrent au spectateur de s’installer pour regarder un film-vidéo. On y découvre seize personnages qui déambulent dans une ville – la ville de Chelles – et s’y croisent. Un casque de chantier passe de l’un à l’autre, réifiant un processus de transmission décalée de la pensée. Des interrogations se déclinent : «qu’est-ce que la "vraie vie" ? Le confort ? Le refus de codes sociaux préétablis ? L’engagement sans limite pour une cause ? La révolte ?». La circulation à la fois linéaire et chaotique de ces pensées est issue d’un cut-up de textes, de provenances diverses, romanesques ou factuels élaboré par l’artiste. Glissant et rebondissant comme des ricochets, ces bribes éparses forment par association un récit discontinu, un entremêlement ou une nappe phrastique, une parole tissée. Les propos énoncés, d’une portée collective, sont transposés en autant d’espaces mentaux individualisés par l’intermédiaire des voix multiples qui donnent corps aux mots.
Dans la même veine, le film se prolonge matériellement dans l’espace d’exposition. Là, les gradins. Ici, un cadre de fenêtre. Un peu plus loin, une ossature métallique, vestige d’une entrée d’immeuble HLM, masquant derrière sa façade stylisée de maison individuelle, une intimité fragile car partagée et collective. Trois éléments qui apparaissent dans le film. Hors cadre filmique, ils ont comme glissé, traversé le miroir par porosité, pour être dans la réalité des espaces de l’exposition.
Une sculpture y siège encore, matrice parcellaire d’un sommier d’orgue d’église, posée au sol, déchue. Cette structure en acier lourd est percée de trous initialement destinés à recevoir les tuyaux de l’instrument. Ils sont là laissés vides. Ce fragment correspond à la partie de l’orgue que l’on appelle « le récit », ici et maintenant réduite au silence. Les voix sont ailleurs.
Enfin, un miroir – ou est-ce un rétroviseur ? – placé au dos de l’écran de projection, accompagne le spectateur dans sa déambulation. Il redresse l’inversé (le titre, le monde aperçu) et amène à la réversibilité possible des choses et des êtres. Est-ce l’usage de la pensée, le vécu du parcours propre, le travail du cheminement mental qui l’autorise ?
La bande son du film ainsi que l’installation du sommier d’orgue sont coréalisés avec Marcel Türkowsky, artiste et compositeur, avec qui Élise Florenty collabore depuis cinq ans. Marcel Türkowsky a récemment exposé au CAPC, à la Kunstverein Hildesheim. Il est également co-commissaire du Grimm Project à Berlin.