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David Smith |
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L’exposition rassemble 46 sculptures exceptionnelles et 12 dessins en provenance de prestigieuses collections américaines publiques et privées et de quelques grandes institutions européennes. Retraçant le parcours de l’artiste à partir de ses premières oeuvres en métal soudé des années 30 qui reflètent l’influence de Pablo Picasso et de Julio González, l’exposition met l’accent sur quelques thèmes particulièrement significatifs. Aux oeuvres d’influence surréaliste des années 40, succèdent ses paysages réalisés entre 1947 et 1951. A partir des années 50, David Smith commence à travailler par séries. Agricola, Tanktotem ainsi que Voltri en sont les exemples les plus représentatifs, témoignant d’une évolution artistique, jusqu’aux oeuvres monumentales et plus tardives, en acier peint ou en acier inoxydable dont Cubi, l’ultime série de l’artiste.
Se déroulant selon un parcours chronologique, l’exposition permettra d’apprécier, dans sa totalité,
l’ampleur et la complexité de l’oeuvre de David Smith. La mise en scène, originale et d'un parti pris
très radical, donnera l’opportunité au public de tourner autour de chacune des sculptures ainsi
visibles sous tous les angles, dans un espace ouvert et dépouillé qui mettra en évidence la notion
des séries d’oeuvres chères à l’artiste.
David Smith découvre après 1929 les sculptures en métal soudé de Picasso, de González et de Giacometti. Il avait déjà acquis une grande familiarité avec le fer et l’acier grâce à son expérience de monteur à la chaîne dans les usines Studbaker. C’est en 1933 qu’il réalise ses premières sculptures en métal soudé. Têtes construites à partir d’anneaux de fer récupérés qui s’emboîtent (Agricola Head ), ou d’éléments entiers qui se superposent (Saw Head), ces sculptures intègrent l’usage des pleins et des vides. Les sources européennes de David Smith (cubisme, constructivisme, surréalisme) apparaissent tout au long des années 30. Les oeuvres sont de petites dimensions, et reprennent des thèmes classiques : figures allongées (Reclining figure) et intérieurs (Interior for Exterior). Mais c’est dans un style personnel que David Smith utilise ces thèmes et explore les possibilités offertes par la technique de la soudure. Dans les années 40, la référence à un symbolisme personnel apparaît pour la première fois dans son oeuvre avec Widow’s Lament (1942), qui allie les éléments organiques du cadre et des petites constructions géométriques au contenu autobiographique.
Les années d’après guerre vont se révéler extrêmement fructueuses. David Smith a assimilé l’art de la décennie précédente et son travail de soudeur pendant la guerre a été une expérience enrichissante. Plus inventives, ses sculptures témoignent d’une assurance croissante ; elles évoquent les sources d’inspiration et les outils, les libertés et les entraves qui font partie de son existence. David Smith exprime ses fantasmes dans un langage de plus en plus lyrique, évoquant des symboles et des signes personnels (canon phallique, totem, sacrifice). Home of the Welder (1945), comme Reliquary House réalisée la même année, est un réceptacle rempli d’images de fécondité et de stérilité centrées autour du nu féminin. Son symbolisme, de nature autobiographique, reste ambigu. Il se réfère peut-être à l’éducation de David Smith, à son mariage, ou à ses années de frustration pendant la guerre. Le thème de l’oiseau apparaît dans Pillar of Sunday (1945), qui, par son aspect totémique, annonce les oeuvres verticales des années 50. En 1945 également, David Smith crée Steel Drawing I, où, renversant le procédé du dessin dans l’espace, il perce la feuille de métal par le dessin. Ce principe sera repris, partiellement, dans Oculus (1947) et dans The Cathedral (1950).
Une bourse accordée par la Guggenheim Foundation en 1950 permet à David Smith d’acquérir un stock important de matériel de qualité. Il achète de larges feuilles de métal qui vont lui permettre d’entreprendre des oeuvres de plus grandes dimensions. Il achète également à un ferrailleur de Glens Falls un stock de métaux de récupération dans lequel des objets industriels ayant la forme de O, Y et H, ressemblent à des lettres. Les utilisant comme des objets symboliques, il réalise 3 compositions à partir de ces éléments. Deux d’entre elles, 17h’s et 24 Greek Y’s, sont élaborées à partir d’une seule lettre. The Letter, plus complexe, apparaît comme une référence à la vie personnelle de David Smith qui traite cette oeuvre comme un résumé de son passé. Formant un tableau, les éléments alignés sur des tiges horizontales s’intègrent dans un cadre qui se fond dans la base, et constituent le texte d’une lettre. Interprétée comme une ode à son éducation, une supplication romantique ou un hommage au Finnegans Wake de James Joyce, son sens exact demeure encore incertain. Composition frontale également, The Forest, est, elle aussi, constituée d’objets industriels ordinaires, mais leur agencement, d’une grande légèreté, anime l’espace de ce paysage.
Fortement marqué par le paysage à la beauté sauvage de Bolton Landing, David Smith entreprend en 1946 un nouvel ensemble d’oeuvres sur ce thème. Jusqu’en 1951, Smith réalise 15 sculptures intitulées Landscapes, mais aussi plus de 10 oeuvres qui leur sont étroitement liées. Qu’il s’agisse du ciel nocturne dans Star Cage, d’un poisson-paysage en état d’apesanteur dans Fish, toutes ces oeuvres révèlent le foisonnement d’images inspirées par ces paysages. Pour preuve, un poème, Landscape, publié à l’occasion de son exposition à New York en 1947 : «Je n'ai jamais regardé un paysage sans y voir d'autres paysages / ... un paysage est une nature-morte représentant l'histoire de la Chaldée / il s'y trouve des visages que je ne connais pas / ses montagnes sont toujours des femmes en pleurs /... il est le lieu où m'ont porté mes pas et que je n'ai jamais trouvé…». Ces sculptures sont aussi significatives de son évolution. Délaissant peu à peu l’emploi de symboles figuratifs, David Smith adopte un style linéaire, le «dessin dans l’espace». Il se développe majestueusement dans des oeuvres de plus en plus grandes comme Australia, mi-oiseau, mi-insecte, qui annonce les oeuvres monumentales des années 60, et avec fluidité dans Hudson River Landscape, un de ses plus beaux paysages, réalisé à partir des dessins faits dans le train longeant l’Hudson.
Un changement radical survient dans la manière de travailler de David Smith : alors qu’il pratiquait plusieurs styles en même temps, il commence à travailler sur des séries de manière régulière. Sept séries vont se chevaucher, chacune l’occupant pendant plusieurs années consécutives. La première, Agricola, comporte 17 sculptures réalisées entre 1951 et 1957, construites à partir de divers éléments de récupération. Chaque Agricola est pour David Smith « comme une nouvelle entité dont les éléments sont d’anciens outils agricoles ». Leurs formes n’étaient à l’origine appréciées que pour leur performance mécanique. Mais, avec le temps, leur fonction disparaît, et un changement métaphorique s’opère, permettant une nouvelle unité strictement visuelle. Ainsi Agricola IX est probablement composée d’un arbre à cames d’une machine agricole. Ses éléments verticaux, se prolongeant vers l’avant ou vers l’arrière, émergent d’une ligne horizontale et semblent se détacher d’un fond de tableau imaginaire. Sentinel III, 1957, oeuvre verticale et peinte comme 5 1/2, est une haute structure totémique constituée de poutrelles métalliques industrielles tronquées. Comme les Tanktotem, les «personnages» de la série Sentinel sont posés directement sur le sol. Mais pour la première fois, David Smith ajoute des roues qu’il intègre au socle.
En 1952, David Smith entreprend une nouvelle série de 10 sculptures, les Tanktotem : ils sont composés d’éléments de chaudière du commerce, que David Smith a commandés sur catalogue. Silhouettes verticales à la structure épurée, les premiers Tanktotem en acier de 1952-1953 peuvent évoquer l’un, une machine agricole faisant pousser une plante (Tanktotem I ), l’autre, une mante religieuse avec ses trois pieds (Tanktotem III ). Tels des «personnages», ils annoncent l’intérêt de David Smith pour la figure humaine dressée : ainsi History of Leroy Borton, 1956, hommage à un forgeron avec qui il s’est lié d’amitié, reprend les mêmes réservoirs fabriqués industriellement, ou Running Daughter, 1957, oeuvre plus figurative. En 1960, David Smith crée les quatre derniers Tanktotem. Il n’avait pas travaillé à cette série depuis 1957. Leurs formes convexes et concaves sont organisées en résonance avec les surfaces peintes au pinceau de manière très visible, en bleu, rouge, vert, blanc, et noir. Ces surfaces colorées évoquent l’expressionnisme abstrait. Bien que les Tanktotem s’arrêtent au sens strict en 1960, David Smith constate en 1962 : « je travaille toujours dessus et ne les arrêterai jamais jusqu’à mon dernier souffle, c’est-à-dire tant que le concave et le convexe demeureront pour moi un mystère.»
David Smith est invité par le gouvernement italien à venir travailler un mois en Italie pour faire une ou deux sculptures pour le 4ème festival des deux mondes à Spoleto. Italsider, la compagnie nationale italienne de l’acier, met à sa disposition 5 usines de soudure désaffectées près de Gênes ; David Smith installe son atelier dans l’une d’elles, à Voltri, dont il décrit «la beauté de la forge». Arrivé en Italie avec l’intention de réaliser des oeuvres en acier inoxydable, il abandonne vite ses idées devant ce «monde entièrement neuf» qui se présente à lui. En 30 jours, il crée 27 sculptures qui sont des assemblages d’outils et d’objets trouvés, des mélanges de formes naturelles et de formes géométriques. Certaines oeuvres monumentales, dont les roues deviennent partie intégrante de la sculpture elle-même, évoquent les chars antiques. Intitulées Voltri, les sculptures furent exposées avec un effet grandiose dans le théâtre de Spoleto et dans les rues avoisinantes. De retour aux Etats-Unis, David Smith entreprend 25 sculptures intitulées Voltri Bolton, Volton ou VB, réalisées en partie avec des éléments provenant de Voltri, qu’il a fait rapporter d’Italie. La plupart de ces sculptures, comme les précédents Voltri, ne sont pas peintes mais témoignent à nouveau de son goût prononcé pour la couleur de la rouille.
L’acier inoxydable, non peint mais poli, est la dernière grande innovation technologique de David Smith. Il utilise ce matériau
pour ses dernières Sentinel (1961), mais ce n’est que dans les Cubi, sa dernière série à laquelle il commence à penser en 1961,
qu’il va en explorer toutes les possibilités.
Les Cubi, auxquels il travaillera jusqu’à la fin, comprennent 28 sculptures, dont la plupart sont réalisées en 1963 et 1964.
Combinaisons monumentales de formes cubiques, cylindriques, rectangulaires, atteignant jusqu’à 3m de haut, les Cubi
sont tous en acier inoxydable. Ils étaient destinés à être installés à l’extérieur, et David Smith les avait polis de telle manière qu’ils
«prennent les couleurs de la nature».
Dans leur déploiement et leur organisation stylistique – construction quasiment architecturale, liberté de composition et usage
de formes pleines à trois dimensions -, les Cubi ont représenté pour David Smith la solution à tous les problèmes formels rencontrés
dès les années 30 (cubisme, constructivisme). En même temps, cette ultime série, interrompue par la mort de l’artiste en
1965, affirme la tendance monumentale qu’il développera dans les Wagons. Elle ouvre aussi la voie à de nouvelles possibilités
en sculpture, annonçant la sculpture minimaliste.