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Chagall et la Bible |
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Musée d’art et d’histoire du Judaïsme, ParisExposition du 2 mars 2011 – 5 juin 2011Le Musée d’art et d’histoire du Judaïsme de Paris présente l'exposition "Chagall et la Bible". Le coeur de l’exposition proposée au Musée d’art et d’histoire du Judaïsme est constitué par le travail phénoménal d'illustration de la Bible hébraïque auquel Marc Chagall se consacra plus d'un quart de siècle, de 1930 à 1956. Le MAHJ restitue ce long processus de création, depuis la magnifique série de gouaches réalisée par l'artiste, en passant par les différents états de gravure où le motif se précise, jusqu'aux 105 gravures définitives rehaussées à la main, dont l’ensemble dédié à son épouse est montré ici pour la première fois. Par ailleurs, des peintures et des oeuvres sur papier mettent en lumière les formes visuelles que prend le texte biblique sous le pinceau du peintre. En 1930, à la demande du marchand d'art et éditeur Ambroise Vollard, Chagall s'attèle à l’illustration de la Bible hébraïque. Ce travail est interrompu par la mort de Vollard en 1939, puis par l'exil de l'artiste aux États-Unis durant la Seconde Guerre mondiale. Il ne sera repris que plusieurs années après le retour du peintre en France, en 1948, et finalement publié en 1956 sous la forme de 105 planches gravées. Cette aventure aura des suites remarquables dans l'oeuvre de l'artiste et notamment sous la forme des peintures monumentales du Message biblique, achevé en 1966. Son travail se nourrit à la fois de l'enseignement biblique reçu dans son enfance, des souvenirs de sa jeunesse à Vitebsk, de la vie du shtetl et de la lecture de la traduction de la Bible en yiddish par Yehoyesh, un poète de sa génération. En 1931, Chagall effectue un premier voyage en Palestine qui le bouleversera et aura des répercussions sur son oeuvre, et au premier chef, sur sa vision du monde de la Bible. L'exposition met en évidence le rôle de la Bible hébraïque dans l'imaginaire de Chagall. La Torah est le seul trésor du peuple juif, celui qu’il tente de préserver dans la tourmente du pogrom et de la persécution. La démarche de Chagall est exceptionnelle à plusieurs égards. Il est le seul peintre de cette envergure à se pencher sur la Bible, alors que tous les artistes juifs du XXe siècle tournent le dos aux motifs du monde juif traditionnel dont ils sont issus. Il est figuratif et narratif alors que ses contemporains s'essayent à une nouvelle abstraction. Dès Les Âmes mortes de Gogol et les Fables de la Fontaine, il démontre sa plasticité, sa liberté d'interprète, son immense talent d'illustrateur. Il dote ses images de sens multiples et crée des raccourcis saisissants entre le récit biblique et l'Histoire. L'artiste est un nouvel interprète de la Bible. Les oeuvres présentées jettent notamment un éclairage sur l'absolue liberté avec laquelle le peintre aborde, tisse et croise lectures juives et chrétiennes : Chagall fait naître la figure d'un Jésus juif et impose, dans des commandes destinées à des églises, le message de la Bible hébraïque. L'artiste se voit en prophète, en voyant, en ange peintre.
Le Musée de Grenoble consacre également une exposition à Marc Chagall intitulée Chagall et l'avant-garde russe.
L’année 1930 marque un tournant dans la carrière de Marc Chagall. Après avoir entamé l’illustration des Âmes mortes de Gogol (1923) et des Fables de La Fontaine (1927) pour le célèbre marchand d’art et éditeur Ambroise Vollard, il se voit confier par le même commanditaire la réalisation d’une centaine d’eaux-fortes illustrant la Bible. L’artiste qui, dès les années 1920, a esquissé le projet d’un « livre des Prophètes », place alors l’illustration du texte sacré au centre de son activité créatrice, et n’aura de cesse de s’en inspirer dans ses travaux ultérieurs. De 1930 à 1931, il exécute 40 gouaches mettant en image la Genèse et l’Exode qui servent de point de départ aux gravures : le passage par la couleur lui est nécessaire afin de moduler les nuances de noir et de blanc dans ses eaux-fortes. Chagall retravaille chaque planche sans relâche, consacrant à certains thèmes jusqu’à dix états successifs. En 1939, à la mort de Vollard, seules 66 eaux-fortes ont vu le jour. Chagall interrompt son travail et s’exile aux États-Unis lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate. C’est seulement en 1952, quatre années après son retour en France, qu’il peut reprendre son projet qui paraitra en 1956 chez l’éditeur Tériade. Tiré à 275 exemplaires, l’ouvrage comprend 105 planches gravées à l’eau-forte et à la pointe sèche, réparties en deux volumes. Cent exemplaires supplémentaires sont peints à la main par l’artiste. La suite présentée dans l’exposition est celle que Chagall a dédiée à sa femme, Valentina Brodsky. Contrairement au souhait initial de Vollard d’illustrer l’Ancien et le Nouveau Testament, ces gravures sont consacrées uniquement à des scènes vétérotestamentaires. Elles témoignent par-là d’une vision spécifiquement juive de la Bible. Chagall délaisse les représentations habituelles de l’art chrétien pour se consacrer aux Patriarches, à Moïse, aux guerriers, aux rois et aux prophètes. Il explore parfois des épisodes rarement représentés (Abraham et les Anges. Descente vers Sodome). L’artiste s’est appuyé sur les traductions bibliques du poète yiddish Yehoyesh puis du théologien Louis Segond, mais c’est finalement la Bible de Genève du XVIIe siècle qui accompagne ses illustrations.
En 1931, Chagall est invité en Palestine par le maire de Tel Aviv, Meir Dizengoff, qui lui a proposé un an auparavant de présider un comité artistique en vue de la construction d’un nouveau musée d’art juif. Ce premier voyage en Terre sainte aura une influence décisive sur l’oeuvre de l’artiste. D’emblée, il est fasciné par les lieux bibliques, emblèmes de la tradition juive. Il peint notamment le Mur des lamentations, des vues de Safed et le tombeau de Rachel. Ces oeuvres, qu’il appellera « ses notes », lui permettront d’introduire par la suite des éléments architecturaux dans ses gravures. La production des artistes de l’école d’art et d’artisanat Bezalel (Jérusalem) lui inspire un nouveau type de figures bibliques, loin de toute idéalisation : les silhouettes sont massives et dépouillées, les gestes maladroits. Cette recherche d’authenticité et de simplicité dans le traitement des personnages est perceptible dans les oeuvres des années 1930, notamment dans les gouaches.
Cette section met en lumière les formes visuelles que prend le récit biblique dans les peintures de Chagall. L’artiste se pose ici en interprète du texte sacré et non plus en illustrateur. Dès les années 1910, le motif de la Torah – central dans l’univers du peintre –, investit ses toiles. Le Pentateuque est érigé en trésor que le peuple juif tente de sauver lors des pogroms et des persécutions (Villageois tenant la Torah, 1928 ; Rabbin à la Torah, vers 1930 ; La Chute de l’ange, 1923-34-47). A partir des années 1940, Chagall réalise des compositions bibliques qui prolongent le travail effectué dans les gravures et annoncent les tableaux du Message biblique (Abraham et les trois Anges, 1940-1950). Nombre d’entre elles attestent d’une approche très libre des Écritures influencée notamment par l’enseignement religieux reçu par l’artiste dans son enfance, par ses souvenirs de Vitebsk, par les décors peints des synagogues du territoire russo-polonais, ou encore par les légendes du monde yiddish. La Bible offre à Chagall une grille de lecture pour le temps présent. Il se perçoit comme un voyant, un prophète (L’Ange-peintre, 1927-1928 ; L’Ange à la Palette, 1927-1936). La démarche consistant à interpréter les événements contemporains à travers la Bible se cristallise avec la guerre : La Traversée de la Mer rouge (1945-1955) et La Chute de l’ange (1923-34-47), notamment, symbolisent les pogroms et la Shoah. Chagall n’hésite pas à s’emparer de motifs chrétiens comme la crucifixion ou la Vierge à l’enfant pour restituer la souffrance du peuple juif. Dans La Crucifixion en jaune (1943), le Christ est doté de phylactères et son bras droit est en partie dissimulé par un rouleau de Torah. Chagall identifie le martyr de Jésus à celui des Juifs, pour en appeler à la conscience des nations.
Au début des années 1950, Chagall participe au renouveau de l’art sacré sous l’impulsion du Père Couturier. Ce dernier demande à l’artiste de décorer l’église Notre-Dame-de-Toute-Grâce d’Assy (Haute-Savoie). Après avoir consulté des personnalités éminentes du judaïsme, l’artiste accepte le projet et s’attèle parallèlement à la réalisation des dix-sept grands tableaux destinés aux chapelles de Vence, qui formeront le Message biblique.
Dès lors, Chagall crée pour des lieux de culte catholique, protestant et juif. Les thèmes sont le plus souvent la Création et les figures de l’Ancien Testament. Dans les vitraux peuplés de symboles juifs qui ornent l’église réformée Fraumünster de Zurich (1969-1970), et l’église catholique Saint-Etienne de Mayence (1977-1984), il souligne de nouveau la judaïté de Jésus en le représentant avec un châle de prière et des phylactères. Les croquis et maquettes de ces vitraux sont montrés dans l’exposition aux côtés des esquisses des vitraux de la synagogue de l’hôpital Hadassah à Jérusalem (1960-1962). Dans cette dernière série sur le thème des douze tribus d’Israël, Chagall – conformément à la loi mosaïque – s’abstient de représenter la figure humaine. Il convoque alors un cortège de symboles (astres, éléments, animaux) pour affirmer la présence de l’homme.
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