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L'oeuvre et ses archivesMario Merz - Daniel Buren - Claude Rutault |
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CAPC, Musée d'Art Contemporain de BordeauxExposition du 9 février 2012 - 9 décembre 2012Photo Frédéric Delpech Le CAPC, Musée d'Art Contemporain de Bordeaux, inaugure une nouvelle série d'expositions intitulée L'oeuvre et ses archives. Prenant acte qu'un artiste peut faire évoluer son oeuvre dans le temps jusqu'à en modifier la forme et les modalités de présentation, que se passe-t-il si cette oeuvre fait partie d'une collection muséale ? Comment le musée relate-t-il les différentes opérations intellectuelles et spéculatives qui ont conduit l'oeuvre d'art jusqu'à son aspect actuel ? Comment présente-t-il ou rend-il compte des différentes « étapes » de l'oeuvre - son substrat esthétique ? Le musée a choisi dans sa Collection trois oeuvres qui ont connu des transformations, et a réalisé pour chacune d'elles une étude approfondie prenant la forme d'une exposition. Chaque enquête s'est attachée au processus de création de l'oeuvre et à son évolution dans le temps, ainsi qu'aux prescriptions de l'artiste qui en déterminent la présentation. Plusieurs questions en découlent : Quelle est l'autonomie d'une telle oeuvre ? Quel type d'expérience esthétique permet-elle ? Comment le musée se positionne-t-il dans le processus de médiation entre l'oeuvre et le public (son « regardeur » selon l'expression de Marcel Duchamp) ? Quel rôle a le conservateur face à une oeuvre en état de transition ?
A travers cette nouvelle série, il ne s'agit pas
pour le musée de produire simplement des
expositions documentaires sur des oeuvres
de la collection, mais bien d'interroger
la spécificité des pratiques artistiques
contemporaines et le rôle du musée en tant
que réceptacle de ces formes mouvantes.
Che fare? (Que faire ?) A travers ces deux mots qui éclairent la position l'artiste, Mario Merz ne (se) demande pas quoi faire mais plutôt quelle attitude avoir et quelle stratégie adopter, en tant qu'artiste, par rapport à la société de consommation dans le contexte de l'utopie contestataire de la fin des années 60. A l'origine, Che Fare? est une exposition du travail de Mario Merz à la Galerie L'Attico à Rome en 1969. L'igloo, les matériaux non traditionnels, les branchages, la paille, le mastic, la cire, les néons, tout le corpus de l'artiste est alors en place. Suite à l'acquisition par le CAPC en 1990 de deux oeuvres figurant dans cette exposition séminale, l'artiste est alors invité par le musée à recréer le dispositif de 1969, s'intitulant dès lors Che Fare? L'Attico 1969/1990. Cet ensemble de onze oeuvres distinctes demeure unique dans la carrière de l'artiste. L'étude des modes d'apparition des oeuvres constituant Che Fare?, menée ici à partir des photographies de 1969 de Claudio Abate et des archives du CAPC postérieures à l'exposition de cet ensemble au musée en 1990 et 1992, témoigne de la manière dont l'artiste a fait évoluer son oeuvre sur une vingtaine d'années. La réitération de cet ensemble d'oeuvres dans un espace et pour un temps donné engendre effectivement des variations que les archives instruisent et permettent, désormais, de commenter. Si elles témoignent d'une tension entre l'artiste et ses oeuvres, elles montrent aussi comment le geste créatif peut dépasser l'objet. C'est la première fois que cet ensemble est déployé depuis la disparition de l'artiste en 2003. Comment, dès lors, continuer à rendre compte des différents processus et propositions d'installation orchestrés par l'artiste sans pour autant figer l'oeuvre aujourd'hui ? En s'abstenant de recréer une des versions historiques, mais en présentant l'ensemble des oeuvres côte à côte de manière à retrouver l'esprit d'ouverture et de contingence créative qui a toujours été le sien, le musée remet, pour ainsi dire, l'oeuvre à disposition. La présentation des onze oeuvres a été rendue possible grâce à la participation de la Fondation Merz.
Le projet de publication des Ecrits de Daniel Buren par le CAPC remonte à 1985. Publiés en trois tomes en 1991 lors de l'exposition Arguments Topiques au CAPC , ces textes contribuent à définir la portée sociale et symbolique de l'oeuvre de l'artiste de 1965 à 1991. Cet ensemble exceptionnel composé d'entretiens, de tracts, d'articles et de descriptions d'oeuvres accompagne pleinement la perception du travail dans une exposition. Le tirage de tête, composé de trois volumes à la couverture blanche enchâssés dans un coffret et limité à 98 exemplaires, fut exposé dans son intégralité pendant l'exposition de 1991 dans une bibliothèque conçue sur mesure par l'artiste et installée dans la librairie du CAPC. Tous les 8,7 centimètres, Daniel Buren recouvrit verticalement le dos de ces exemplaires placés côte à côte dans la bibliothèque d'une bande de peinture rouge, donnant à l'ensemble l'aspect d'une toile rayée blanc et rouge. En 1997, l'artiste fit don au musée de trois coffrets issus du tirage de tête, assortis d'instructions fixant les conditions d'exposition de l'oeuvre désormais intitulée En place, trois volumes pour une bibliothèque : 4.473 pages en 3 éléments, 1991-1997-2005-2012. Dès lors, ces instructions contraignent le musée à accrocher l'oeuvre de manière à ce que chaque élément retrouve la place qu'il avait dans la bibliothèque d'origine. En page 1 du premier volume de chaque coffret, l'abscisse et l'ordonnée correspondant au positionnement initial qu'avait le coffret dans la bibliothèque d'origine sont alors reportées sur le mur sur lequel l'oeuvre est installée. Déconcertante au premier abord, l'oeuvre En place, trois volumes pour une bibliothèque : 4.473 pages en 3 éléments, 1991-1997-2005- 2012 peut être considérée comme la somme synthétique du positionnement artistique de Buren : les bandes colorées renvoient au vocabulaire formel emblématique de l'artiste et permettent de signifier l'existence de l'oeuvre ; les livres qui la composent soulignent la nature théorique de la démarche de l'artiste ; la disposition des éléments rappelle le caractère « situé » de son travail, toutes les créations étant le fruit d'un rapport précis à l'espace et au contexte.
Quelques jours avant l'exposition (1997) est une oeuvre constituée de quatre tableaux. Chaque présentation de l'oeuvre occasionne un nouvel état puisqu'il est demandé au musée (le « preneur en charge » selon l'artiste) de peindre les toiles de la même couleur que le mur. A droite des tableaux, une photographie en lieu et place du cartel fait office de légende. Elle témoigne de ce que fut l'oeuvre dans sa précédente version/couleur. Que signifie cet acte de (re)peindre ? Ces tableaux, en état de transition permanente, ont-ils une histoire spécifique ? Comment la peinture peut-elle prendre en charge sa propre histoire ? Quelle serait alors la forme de son archive ou quelle archive est-elle susceptible de produire ? A ces questions, l'artiste Claude Rutault a choisi de répondre en proposant un projet inédit « d'archive picturale » autour de l'oeuvre Quelques jours avant l'exposition.
Intitulé Histoire d'une légende et
réciproquement, le projet se présente comme
un dispositif associant un choix d'oeuvres
fait par l'artiste en écho à l'oeuvre du CAPC
peinte en violet cette fois-ci. De Marelle de
1972 repeinte en 2011, en passant par une
actualisation de La Lecture de Fernand Léger,
l'artiste propose un récit dans et à partir de
sa peinture. Le dispositif permet d'éclairer
l'opération qui sous-tend chaque création
d'oeuvre, ce que l'artiste appelle les
« définitions/méthodes ». In fine, c'est l'histoire
de la peinture et ses conditions d'existence qui
sont patiemment analysées et matérialisées
par l'artiste.
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