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Gustave CaillebotteUn impressionniste et la photographie |
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Schirn Kunsthalle de FrancfortExposition du 18 octobre 2012 - 20 janvier 2013La Schirn Kunsthalle de Francfort consacre à l'impressionniste français Gustave Caillebotte une grande exposition regroupant une cinquantaine de tableaux et dessins. L'exposition comptera de ce fait aussi plus de 150 documents photographiques hors pair, datant tous de la fin du XIXe ou du début du XXe siècle, qui témoignent du rôle de précurseur de Caillebotte. En Allemagne, l'intérêt porté à Caillebotte ne fait que commencer, alors qu'en France, en Grande-Bretagne et aux États-Unis, cet artiste éminent a déjà sa place aux côtés d'impressionnistes majeurs comme Auguste Renoir, Edouard Manet ou Edgar Degas. L'oeuvre de Caillebotte permet un accès nouveau, essentiel et complémentaire à la peinture impressionniste : ses représentations radicales, d'une très grande modernité et quasi photographiques, abordent de façon extraordinairement convaincante le rapport étroit entre la peinture et la photo et, partant, une toute nouvelle manière de voir. Que ce soit dans la perspective particulière du cadrage, mais aussi dans le choix des thèmes, comme le mouvement et l'abstraction, il anticipe le regard photographique que l'on ne retrouvera vraiment dans la peinture que plus tard. L'exposition s'organise autour de trois entités thématiques constitutives de l'oeuvre de Caillebotte : les vues de ville et d'architecture, les portraits et intérieurs, les natures mortes et paysages (avec les représentations sportives). On verra ainsi plusieurs des oeuvres maîtresses de l'artiste, comme Pont de l'Europe (Musée du Petit Palais, Genève) ou les Raboteurs de parquet (Musée d'Orsay, Paris), et d'autres prêts provenant du Brooklyn Museum of Art, New York, du Art Institute of Chicago et du Van Gogh Museum, Amsterdam, ainsi que des toiles moins connues que détient encore la famille de l'artiste. Les vues de ville que Caillebotte a peintes entre 1875 et 1882 témoignent avec force de la position particulière occupée par l'artiste français au sein du groupe émergent des impressionnistes et illustrent sur un mode précurseur les transformations radicales dues à la célèbre « Hausmannisation » de Paris (dans les années 1860, les rues étroites et entrelacées sont redécoupées pour donner de vastes places et boulevards dotés d'un mobilier urbain tout nouveau – Paris devient alors une métropole moderne). Bien que bon nombre d'Impressionnistes français s'inspirent dans leur art de ce nouvel espace urbain et tentent de capter la véracité de la dynamique de leur époque, c'est Gustave Caillebotte, avec ses perspectives audacieuses et un réalisme au-delà de l'impressionnisme, qui restitue sans doute le mieux la vie de la grande ville – les toiles Un refuge, Boulevard Haussmann et Vue prise à travers un balcon, que l'on verra dans l'exposition, en sont deux exemples saisissants. Le nouveau regard que développe Caillebotte n'est pas moins sensible dans les scènes de vie privée. Ses intérieurs, peints essentiellement entre 1880 et 1882 et illustrant surtout la grande bourgeoisie parisienne (que l'on pense à La leçon de piano ou Intérieur, femme lisant), dégagent une impression de tensions humaines et de distanciation. Tout comme les portraits qu'il réalise de 1875 à 1883, d'une ou plusieurs personnes, ce sont autant de psychogrammes de son époque. De même, la rupture avec les natures mortes traditionnelles manifeste elle aussi l'approche inhabituelle de l'artiste. La série des aliments et arrangements floraux (30 oeuvres datant des années 1881-1882), représentée à la Schirn par Faisans et bécasses sur une table de marbre et Nature morte, tête de veau et langue du boeuf, révèle à son tour une composition rigoureuse et symétrique, proche des photographies d'époque montrant les étals de certaines échoppes et une forme de consommation en devenir. Dans les années 1880, les habitants des grandes villes aspirent de plus en plus à s'échapper dans la nature et être en plein air, et c'est dans ce même esprit qu'à partir de 1881, Caillebotte établit sa résidence secondaire dans la commune champêtre de Petit-Gennevilliers, appréciée tout autant des peintres impressionnistes que des amateurs de sport nautique. Là, Caillebotte traite de nouveau, et avant tout, les motifs de la natation, de la périssoire, de l'aviron et de la voile, auxquels il s'était déjà consacré au milieu des années 1870 lors de ses séjours dans la maison familiale d'Yerres, à une vingtaine de kilomètres de Paris. Cette phase est représentée dans l'exposition de la Schirn par les toiles L'Yerres, effet de pluie et Périssoires sur l'Yerres. En 1887, Caillebotte s'installe définitivement à Petit-Gennevilliers et y construit son atelier ; c'est là qu'il découvre l'art du jardin qui lui fournira un motif pictural essentiel. Jusqu'à sa mort, une soixantaine de peintures de jardins et paysages verront le jour, toutes frappant par la réduction des éléments formels et une décomposition de la représentation traditionnelle de l'espace, pour atteindre à une facture expressive, de moins en moins concrète dans le détail, annonçant déjà une certaine abstraction.
Comme tant de ses amis impressionnistes, qui se servirent de la photographie (introduite en 1839) pour composer leurs toiles, Gustave Caillebotte connaissait ce procédé et ses diverses possibilités (stéréoscopie, instantané, mouvement). Par leurs perspectives plongeantes, vues montantes, distorsions, vues fragmentées et floues, les toiles de l'artiste semblent effectivement puiser avec audace dans des moyens stylistiques que la photographie elle-même ne savait pas encore mettre en oeuvre. Caillebotte, dont le travail thématise surtout la perception de l'individu moderne, est donc bien en avance sur son temps, car des approches photographies comparables n'apparaissent qu'au début du XXe siècle. La peinture dialogue ainsi avec des photographes contemporains de Caillebotte – comme Édouard Baldus, Charles Marville ou Eugène Atget – et d'autres, issus de la Nouvelle Photographie des années 1920, comme André Kertesz, László Moholy-Nagy, Wols ou Alexander Rodtschenko, révélant ainsi le rapport étroit entre l'art de Caillebotte et la formation d'un regard nouveau. Caillebotte est bel et bien un talent révolutionnaire parmi les pionniers de la première avant-garde historique.
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