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L'Amérique, c'est aussi notre histoire ! |
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Tour & Taxis, BruxellesExposition du 15/10/2010 - 09/05/2011Au moment où les Européens se cherchent une nouvelle cohésion dans la crise et les Américains se tournent de plus en plus vers les puissances émergentes, le Musée de l’Europe a choisi de marquer la présidence belge de l’Union Européenne en proposant une exposition sur l’histoire fascinante de leurs relations. Le cinéma a construit l’imaginaire américain des Européens. Westerns et comédies musicales, films de guerre et d’action, thrillers et road movies, ont façonné sans relâche l’image qu’ils se sont fait, génération après génération, d’une Amérique indéfiniment rêvée. Avant d’entamer le parcours de l’exposition, le visiteur est donc invité à rafraîchir en quelque sorte son imaginaire en visionnant une impressionnante série d’extraits de films qui, à un titre ou un autre, ont fait rêver des générations d’Européens. À chacun de reconnaître les extraits !
Les Européens, Espagnols et Portugais en tête, ont d’abord colonisé l’Amérique centrale et méridionale, là où ils trouvaient les métaux précieux dont leur économie en pleine expansion avait besoin. Ce n’est que dans un deuxième temps que les Espagnols, bientôt concurrencés par les puissances du Nord – la France, l’Angleterre et les Pays-Bas – commencent à s’intéresser à l’Amérique du Nord. Aussi bien, l’immense continent divisé aujourd’hui entre les États-Unis et le Canada est un autre champ d’affrontement des grandes puissances coloniales européennes. Les Britanniques, forts d’une présence plus massive et d’un soutien plus déterminé de leur métropole, finiront par l’emporter. Extension de l’Europe, les Treize colonies britanniques en Amérique du Nord sont d’abord le laboratoire où des Européens transplantés outre-Atlantique testent sous le regard admiratif de tout ce que le Vieux Continent compte d’esprits éclairés les idées et les idéaux de ses Philosophes. Rapatriés en Europe après avoir subi avec succès l’épreuve des faits dans la foulée de la révolution américaine, ces idées et ces idéaux inspirent à leur tour les hommes de 1789, avant de féconder, à travers eux, l’Europe entière. Si Locke et Montesquieu dictent en quelque sorte aux Américains leur Constitution, Jefferson aide les Français à rédiger leur Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen. Rêvant de « son » Amérique grâce aux extraits de films vus dans le prologue, le visiteur entame la visite de l’exposition par un espace consacré au Mayflower -une grande maquette de celui-ci, l’y accueille-, d’où débarquent, le 11 novembre 1620, cent deux voyageurs qui fondent la colonie de Plymouth. Ce ne sont pas les premiers, mais les « Pères Pèlerins » méritent d’ouvrir le parcours car la naissance de leur communauté passe pour être l’événement fondateur des États-Unis. Mais ces nouveaux venus, qui sont-ils et que découvrent-ils ? C’est ce que le visiteur apprend dans l’espace suivant : dans le sillage de trois géants qui symbolisent les principales puissances européennes, il découvre les motivations des Européens, ce qu’ils emportent avec eux, où ils s’installent mais aussi, dans un wigwam reconstitué, ce que sont les « Nations », les civilisations amérindiennes, leur culture, leur mode de vie. Deux tableaux de Francis Back nous aident à nous projeter dans ce passé d’avant l’arrivée des Européens. Mais Français et Anglais ne tardent pas à se faire la guerre : elle durera sept ans et, comme le visiteur le découvre, la face des Amériques (et du monde sans doute) s’en est trouvée changée. Le visiteur pénètre ensuite dans un long couloir avec, en point de mire, une oeuvre d’Isabelle de Borchgrave : une « cloche de la Liberté » qu’encadrent la Déclaration d’Indépendance et la Déclaration universelle des droits de l’Homme. Comment, en effet, mieux résumer l’apport européen à la révolution américaine, laquelle fécondera ensuite la Révolution française. Si l’image du mouvement de pendule entre les deux rives a du sens, c’est bien ici. Dans le couloir, en majesté, les bustes des penseurs -ces hommes des Lumières- qui ont écrit l’histoire, l’ont provoquée. Des documents authentiques aussi, des textes fondateurs. Mais ces idéaux de liberté et d’égalité n’étaient pas l’apanage de tous : le visiteur découvre donc, dans des pièces latérales, ce qu’était l’esclavage des Noirs – la Case de l’Oncle Tom y est racontée-, ce qu’a été le déclin des populations amérindiennes, grâce notamment à une oeuvre spectaculaire : les écarlatines ou les couvertures qui tuent. Et dans l’espace consacré spécifiquement aux événements de la Révolution américaine, il entendra un colon raconter ses déceptions et ses craintes à un ami anglais.
La statue de la Liberté, oeuvre d’un Français et don du peuple français au peuple américain (1886) est un bon symbole de ce long XIXe siècle, qui va en gros de la fin de la guerre d’Indépendance jusqu’à la Première Guerre mondiale. Le surgeon chétif mais prometteur du Nouveau Monde s’étale aux dimensions du continent et croît en puissance. Une grande nation naît dans une épopée qui, comme sous tous les cieux, mêle le sublime et le sordide, puis connaît sa crise de croissance sous la forme d’une effroyable guerre civile. Les États-Unis puisent la force de surmonter ces épreuves dans le génie des institutions, l’activité débridée de leurs citoyens, l’inépuisable richesse d’un pays immense… et le réservoir d’hommes que lui est l’Europe, laquelle lui envoie par vagues successives ses pauvres, ses persécutés, ses laissés-pour-compte et ses aventuriers. Une Europe fascinée, mi-admirative mi-dédaigneuse, dont seuls quelques grands esprits, au premier rang desquels Tocqueville, comprennent que ce que l’Amérique fait aujourd’hui sera son avenir demain. Mais une Europe qui fascine tout autant l’Amérique, qui y cherche ce qui lui manque : une histoire et du raffinement. La jeune nation américaine se construit… et s’isole. Un Français, Alexis de Tocqueville, découvre et rend compte de cette jeune démocratie, et partage son enthousiasme avec le visiteur. Mais l’essentiel de ce deuxième mouvement est occupé par l’émigration européenne. L’Europe, souvent en proie à la misère, aux guerres et aux intolérances, peuple l’Amérique. L’oeuvre de Sven ’t Jolle, qui transpose et transforme la grandiose toile de Pellizza, ‘Le Quart-état’, sur une surface métallique, résume sans doute à elle seule les raisons qui poussent autant d’Européens à l’émigration. Dans des lettres d’émigrants, le visiteur découvre les raisons de leur départ, leurs impressions quand ils abordent le continent inconnu. La maquette du Belgenland, navire de la Red Star Line, l’un des plus grands paquebots qui effectuent la traversée transatlantique permet au visiteur de se rendre compte des conditions dans lesquelles riches et pauvres émigraient. Un interactif original lui permet d’ailleurs de voyager virtuellement dans le paquebot et de comparer les différences de traitement entre riches et pauvres ! Le visiteur quitte l’Europe par des portes rouillées ; il accoste aux USA en franchissant des portes dorées. Une statue de la liberté, offerte par Bartholdi au capitaine d’un des navires qui a transporté la vraie statue, l’accueille comme il se doit sur les rivages du nouveau monde. Il y découvre, grâce à une série d’objets, une Amérique en pleine construction, en pleine ébullition : conquête de l’Ouest, ruée vers l’or, guerre de sécession, construction des premiers gratte-ciel, exploitation du pétrole, développement de l’industrie… Les Européens qui s’accrochent (car il y a aussi des échecs) se fondent dans le creuset américain et construisent la première puissance économique du monde.
Le mot célèbre prononcé le 4 juillet 1917 par Charles E. Stanton, un officier de l’État-major de l’armée de Pershing, sur la tombe du marquis « américain » illustre une petite première moitié du XXe siècle, qui va en gros d’une guerre mondiale à l’autre. Les États-Unis sont devenus une grande nation, mais incertaine de sa puissance et ne sachant pas trop qu’en faire, hésitant sans cesse entre isolationnisme et interventionnisme, cherchant à imposer un ordre mondial (les Quatorze points, la SDN), mais s’en retirant aussitôt et, ce faisant, le condamnant avant même qu’il ne vienne au monde. Les grandes puissances européennes font encore la loi sur la planète ; mais, dans un monde déjà globalisé (c’est l’ère des grandes expositions universelles, comme, au beau milieu de la période, l’irruption de la grande crise mondiale), l’Amérique a commencé à exporter massivement sa civilisation matérielle - le taylorisme - et artistique - le jazz, le cinéma, le roman. Des écrivains américains hantent les bars du Vieux Monde et épousent ses querelles sanglantes (la guerre d’Espagne, la guerre contre l’hitlérisme). Mais les universités du Nouveau Monde, ses orchestres, ses studios de cinéma se peuplent d’Européens chassés de leur pays par les mauvais génies dont ce continent est si prodigue. L’entre-deux-guerres est une période riche en événements. Mais tout d’abord, le visiteur aperçoit une ambulance de l’Américain Field Service, qui a servi sur le front occidental dès les débuts de la Première Guerre mondiale, avant que les USA n’interviennent dans le conflit. Le visiteur découvre ensuite les événements de cette période dans une salle où tournent des rotatives. De temps à autre, les journaux s’arrêtent de défiler et des titres apparaissent. Et tout d’abord l’entrée en guerre des USA aux côtés des Anglais et des Français en 1917. Puis la grande dépression de 1929, partie de Wall Street mais qui touche rapidement l’Europe. Ou les nombreux échanges culturels de part et d’autre de l’Atlantique : des écrivains et artistes américains découvrent Paris, des réalisateurs, acteurs et producteurs européens fondent Hollywood, des savants européens donnent à l’Amérique toute sa puissance scientifique. Photos d’époque, films d’archives, « unes » de journaux, affiches de films, une robe de Marlène Dietrich, et bien d’autres objets authentiques témoignent de la vigueur des relations entre les deux rives de l’Atlantique.
Les capitulations de l’Europe démocratique devant les agressions nazies (Munich, 1938) ayant fini par réaliser la prophétie de Winston Churchill à Chamberlain (« Vous aviez le choix entre le déshonneur et la guerre. Vous avez choisi le déshonneur mais vous aurez aussi la guerre ! »), les États-Unis ont dû intervenir une fois de plus sur le Vieux Continent. Sans enthousiasme : s’ils ont soutenu l’effort de guerre des Britanniques (le « prêt-bail »), restés seuls devant Hitler après la débâcle de l’armée française, ils ne se sont engagés militairement qu’après l’agression japonaise contre leur flotte à Pearl Harbour. Mais cette fois, les G.I’s ont débarqué en Europe pour y rester. En effet, c’est un monde complètement différent qui naît de la défaite des puissances de l’Axe : un monde bipolaire, organisé autour de l’affrontement entre les super-puissances nucléaires, les États-Unis et l’U.R.S.S. Les empires coloniaux européens s’effondrent tour à tour et l’Europe, divisée par ce que Churchill baptise le « rideau de fer », n’est plus qu’un enjeu dans la lutte planétaire entre les deux Grands. Entre la fin de la Seconde Guerre mondiale et la fin de la guerre froide, les États-Unis ne sont plus une grande puissance mondiale, mais la grande puissance mondiale – titre qu’ils partagent avec l’U.R.S.S. (c’est une illusion, mais cela ne se sait pas encore). L’Europe-monde de 1900 est devenue l’Europe divisée entre blocs d’influence, l’Europe assistée du plan Marshall, l’Europe subalterne de l’OTAN. L’élève américain s’est mué en maître, révéré par beaucoup, honni par certains, imité par tout le monde. Le visiteur est plongé brutalement dans l’enfer du second conflit mondial : il découvre tout d’abord des objets de fouille dont la plupart proviennent du champ de bataille de Bastogne (jeep, armes, équipements, lettres…). Il est ensuite invité à se recueillir devant des tombes de soldats américains tombés pour la libération de l’Europe. Sur ces tombes, défile la biographie réelle de ces jeunes venus de la lointaine Amérique. L’horreur encore avec des extraits de films qui montrent l’indicible : les camps d’extermination et de concentration nazis. L ‘horreur qui est opposée à la joie de la Libération, elle aussi montrée par des images d’archives. Avec en point d’orgue cette photo de soldats américains et russes qui se serrent la main. « L’Europe n’y est pas » a soupiré Paul-Henri Spaak en voyant ce cliché à la une d’un journal ! La guerre terminée, le visiteur plonge sans transition dans l’état de tension que connut toute la période de la guerre froide. Il est invité à s’asseoir à une grande table et à jouer aux échecs. Mais un jeu un peu particulier où les rois sont les présidents des USA et les premiers secrétaires soviétiques, les pions des missiles… Un jeu qui lui fera aussi prendre conscience de l’absence de l’Europe dans cette partie qui se joue dorénavant sans elle. Une époque qu’il revivra aussi grâce à des archives, des objets qui symbolisent le plan Marshall, le blocus de Berlin, la création de l’OTAN, etc. Les espaces consacrés à l’Américain way of life, vont permettre à plusieurs générations de revivre leur jeunesse. Bien sûr, les événements politiques, militaires sont aussi présents, en toile de fond. Mais l’accent a été mis sur la vie quotidienne, notre vie quotidienne d’Européens de l’ouest, terriblement influencée par les produits, les modes venus des USA. Des dizaines d’objets, d’extraits de musiques ou de films, de photos, de publicités, vont rappeler (ou faire découvrir aux plus jeunes) combien, pendant les quatre décennies qui ont suivi la fin de la guerre, la société européenne a été modelée par le mode de vie américain. Cela vaut bien entendu surtout pour les Européens de l’Ouest, mais les produits américains (ou leur absence…) ont aussi influencé la vie des Européens de l’est. Le visiteur termine d’ailleurs cet espace par une évocation du mur de Berlin détruit… et une authentique Trabant, voiture mythique des pays du bloc communiste jusqu’à la chute du mur. Un interactif audiovisuel permet aussi à chaque visiteur de « vivre à l’américaine » : sa tête est filmée puis replacée sur le corps de personnages qui sont plongés dans une vraie American way of life. Un petit film qu’il lui sera ensuite loisible de télécharger sur Internet.
Depuis l’effondrement de l’Union soviétique, les États-Unis apparaissent comme l’unique « hyperpuissance ». Seule puissance globale, capable d’intervenir militairement sur l’ensemble de la planète et la dominant économiquement et culturellement, elle suscite des résistances fortes, parfois violentes. L’Europe, elle, a plutôt bien réussi l’intégration des peuples de l’empire soviétique défunt, s’est dotée d’une monnaie unique et progresse tant bien que mal sur la voie de son unification. Cependant, elle absorbe plus que jamais le modèle culturel américain. Chez elle comme ailleurs, règnent Internet, Facebook et Ipod, Pixar et les séries télévisées américaines. Et l’imbrication de son économie et de ses finances dans le système américain l’a rendue plus vulnérable que d’autres parties du monde à la crise née outre-Atlantique. Un ordre mondial est mort, un autre se cherche à tâtons, à travers crises et conflits, où les deux partenaires atlantiques peinent à définir leur relation. C’est à l’artiste pop art Richard Kenigsman qu’a été confié le soin d’illustrer les six thèmes de ce quatrième mouvement qui relate les relations contemporaines entre l’Europe réunifiée et les USA : effondrement du communisme, attentat du 11 septembre, guerre d’Irak, nos différences et nos ressemblances et, pourquoi pas, le retour de l’Amérique vers certaines valeurs européennes.
Un fait reste certain : l’Europe et l’Amérique sont en tout, chacune pour l’autre, le principal partenaire. On l’a constaté négativement, puisque l’imbrication de l’économie et des finances européennes dans le système américain a rendu l’Europe plus vulnérable que d’autres parties du monde à la crise née outre-Atlantique. On le constate surtout positivement, par le volume des échanges commerciaux, par la constitution d’une communauté des affaires à travers l’Atlantique, par la vitalité des liens scientifiques, universitaires et culturels. Mais ce fait est une donnée d’histoire, pas une fatalité. Dans un monde multipolaire, d’autres puissances émergentes, d’autres alliances se dessinent. Ce n’est pas une mauvaise chose en soi, pourvu que celle qui unit les deux rives de l’Atlantique n’en pâtisse pas. De quoi cette alliance sera faite demain ? Quel « nouvel atlantisme » devons-nous construire ? Quelles sont les conditions, ici et là-bas, pour y parvenir ? Nous n’avons pas de réponses toutes faites. Notre démarche veut inciter le visiteur à se poser les bonnes questions, ici et maintenant. Et provoquer le brassage des idées qui en résulte, pour qu’il y ait débat. Dans la grande tradition des Lumières.
Le visiteur s’engage sur une passerelle qui surplombe une plage de sable fin où se reposent des personnages.
Comme eux, il a le regard attiré vers l’horizon, au-delà de l’océan, vers l’Amérique. Mais ici, l’horizon est
un écran sur lequel il découvre un film, images réelles et dessins animés, qui retrace toute cette merveilleuse
aventure que furent les trois siècles de relations entre nos deux continents.
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