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HauntedPhotographie-vidéo-performance contemporaines |
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Musée Guggenheim BilbaoExposition du 6 novembre 2010 – 13 mars 2011Le Musée Guggenheim Bilbao présente Haunted : photographie-vidéo-performance contemporaines, une exposition qui analyse, à travers plus d’une centaine d’oeuvres de soixante artistes, les multiples visages qu’emprunte l’image photographique, prenant ainsi toute sa place au sein de l’art contemporain, pour souligner le pouvoir unique des technologies d’enregistrement et en même temps exprimer l’obsession pour accéder au passé, aussi bien de façon collective que de manière individuelle. Cette exposition a connu un grand succès au Musée Solomon R. Guggenheim de New York jusqu’au 1er septembre dernier et à Bilbao, incorpore soixante pièces, dont certaines jamais présentées en Espagne, accompagnées d’une sélection des oeuvres de la présentation initiale. Une grande partie de la photographie et de la vidéo contemporaines semble hantée (haunted) par le passé, par l’histoire de l’art, par les apparitions fantomatiques qui reprennent vie au moyen des technologies d’enregistrement, de la performance en direct et de la création de mondes virtuels. En recourant à des moyens stylistiques, à des thèmes et à des technologies dépassés, surannés ou pratiquement disparus, cet art incarne la nostalgie mélancolique d’un passé irrécupérable. Principalement au travers d’oeuvres photographiques, mais également d’autres modes d’expression artistique comme la peinture, la vidéo, le cinéma, la performance et l’installation, Haunted, dont les commissaires sont Jennifer Blessing, conservatrice du département Photographie, et Nat Trotman, conservateur adjoint du Musée Solomon R. Guggenheim de New York, révèle l’extraordinaire qualité des fonds photographiques et des nouveaux médias, pour la période allant des années soixante à nos jours, des Collections Guggenheim.
En outre, l’exposition au Musée Guggenheim Bilbao offre quelques acquisitions récentes de la Solomon R. Guggenheim Foundation, à savoir des pièces de Marina Abramovic, Sophie Calle, Tacita Dean, Gregory Crewdson, Thomas Demand, Roni Horn, Christian Marclay, Richard Prince, Cindy Sherman, Hiroshi Sugimoto ou Jeff Wall. Les années 1960 et 1970 sont représentées par des artistes de la taille d’Andy Warhol, Bernd et Hilla Becher, Joan Jonas, Robert Rauschenberg, Martha Rosler et Robert Smithson, qui ont opéré l’incorporation à grande échelle des images photographiques dans l’art contemporain. Leurs oeuvres permettent en outre de replacer dans son contexte la création plus récente. Finalement, une partie importante de la manifestation est consacrée au travail actuel de jeunes artistes, tels Walead Beshty, Anne Collier, Rachel Harrison et Idris Khan, et d’autres noms présents ici qui n’auront pas été vus à New York : les Nord-américains Slater Bradley, Lucinda Devlin, Lia Halloran, Matt Keegan, Ryan McGinley, Lisa Oppenheim, Aida Ruilova et Lorna Simpson ; le Cubain Carlos Garaicoa, l’Italien Diego Perrone, l’Australienne Tracey Moffatt ou le Libanais Walid Raad.
Parmi les créateurs dont la présence au musée de Bilbao a été significativement renforcée, citons la Cubaine-américaine Ana Mendieta, tragiquement décédée à l’âge de 36 ans à New York, active dans la performance, le Body Art et le Land Art, dont les six oeuvres, représentatives de sa trajectoire, n’ont jamais été rendues publiques au Musée Guggenheim Bilbao auparavant. De plus, Bilbao accueillera également deux installations de vidéo importantes des célèbres vidéastes Pierre Huyghe et Philippe Parreno. Pour la première fois, une institution Guggenheim montrera Parler en rêve (avec Sleep d’Andy Warhol et la voix de John Giorno) [Sleeptalking (with Sleep by Andy Warhol and the voice of John Giorno) ], 1998/2010, de Huyghe ; et Le rêve d’une chose (El sueño de una cosa ), 2001, de Parreno. Le Musée Guggenheim Bilbao incorpore en outre un ensemble de quatre pièces réalisées par Jeff Wall en 2007 sur commande de la Deutsche Bank pour le Deutsche Guggenheim de Berlin. De ces nouvelles photographies, trois adoptent son original point de vue cinématographique, avec des compositions qui dépeignent de façon réaliste des personnes prises dans un environnement familial. Quant à la quatrième, il s’agit d’une image documentaire montrant un entrepôt désolé. Finalement, la performance de Tacita Dean "Merce Cunningham exécute STILLNESS (en trois mouvements) au son de la composition 4’33” de John Cage, ville de New York, 28 avril 2007 (six exécutions; six films)" [Merce Cunningham performs STILLNESS (in three movements) to John Cage’s composition 4’33’’with Trevor Carlson, New York City, 28 april 2007(six performances; six films)], 2008, qui figurait dans l’exposition de New York, a été entièrement remaniée pour l’adapter à l’une des grandioses salles en forme de pétale dessinées par Frank Gehry.
Occupant tout le deuxième étage du Musée, Haunted : photographie-vidéo-performance contemporaines est structurée en cinq catégories formelles et conceptuelles qui traitent des diverses façons dont les différents artistes présentés ici tentent de comprendre et d’aborder le passé : Appropriation et archives ; Mort, publicité et politique ; Documentation et réitération ; Paysage, architecture et passage du temps et enfin, Le traumatique et le sinistre. Certaines oeuvres s’appuient sur des thèmes et des ressources stylistiques qui semblent surannés, obsolètes ou sont quasiment éteints ; d’autres reflètent des épisodes traumatiques du passé historique ; parfois encore, l’oeuvre recrée une pièce antérieure, de telle sorte qu’elle semble hantée par un original perdu ou lointain ; et enfin les images fantomatiques et les icônes morbides du passé comme des ruines et des paysages apocalyptiques dialoguent avec les créations qui analysent le rôle des archives dans la mémoire collective et l’obsession personnelle.
Au début des années soixante, Robert Rauschenberg et Andy Warhol commencent à incorporer l’image photographique dans leur peinture, fondant ainsi une nouvelle méthode de production visuelle, non plus basée sur l’abstraction gestuelle, jusqu’alors dominante, mais sur des procédés mécaniques comme la sérigraphie. Contestant ainsi la notion de l’art comme mode d’expression d’un auteur singulier et héroïque, ils donnent à leur travail une nouvelle perspective et l’envisagent comme un dépôt d’informations autobiographiques, culturelles et historiques. Depuis, d’autres artistes, comme Bernd et Hilla Becher, Christian Boltanski, Richard Prince, Sarah Charlesworth ou Sherrie Levine, se sont inspirés de cet élan archivistique pour collectionner des fragments de réalité au travers de la création de nouvelles photographies ou de l’appropriation de clichés existants.
Lorsque Warhol crée ses sérigraphies de Marilyn Monroe, alors récemment décédée, il pointe la facette la plus sombre d’une culture médiatique en plein essor qui, pendant la guerre du Vietnam, s’incorpore pleinement à la vie quotidienne. Aujourd’hui, grâce aux grandes chaînes de diffusion et de reproduction d’images, des évènements aussi différents que l’attaque terroriste contre le World Trade Center et la mort de célébrités comme la princesse Diana et Michael Jackson, peuvent se convertir en autant d’épisodes traumatiques à l’échelle globale. C’est à partir de cette nouvelle réalité culturelle que des artistes comme Rachel Harrison, Adam Helms, Nate Lowman, Adam McEwen, Cady Noland, Walid Raad ou encore Rosangela Rennó revisitent ces stratégies d’appropriation de l’image, dans lesquelles Warhol a été un pionnier, en accordant une attention particulière aux façons dont un conflit politique peut acquérir une importance mondiale.
Au début des années soixante-dix, la documentation photographique, y compris le cinéma et la vidéo, devient un important complément à l’art de créer des performances en direct qui parfois conditionne ce qui est représenté, voire même élimine la nécessité d’une audience. A rebours du caractère éphémère des performances, les artistes les documentent, dans une tentative de transmettre la signification de l’oeuvre. Pour de nombreux créateurs, ces documents jouent un rôle de reliques, d’objets dont le sens est intimement lié à une expérience désormais perdue dans le temps. Les oeuvres de Marina Abramovic, Sophie Calle, Tacita Dean, Joan Jonas, Christian Marclay, Annette Messager, Ana Mendieta et Zhang Huan examinent les divers points de vue esthétiques qu’a inspiré le pouvoir de répétition de la photographie. Ces artistes l’ont utilisée non seulement pour revivre leurs performances (et celles d’autrui), mais aussi pour reconsidérer l’expérience physique d’évènements révolus. Ils considèrent alors le propre document comme un objet imbibé d’histoire en insistant particulièrement sur sa spécificité matérielle.
Une des principales fonctions historiques de la photographie a été d’enregistrer les lieux qui ont été le théâtre d’évènements significatifs, et bien souvent traumatiques. Pendant la Guerre de Sécession, déclenchée peu après l’invention de la photographie, une nouvelle génération de reporters se consacre à photographier les batailles, mais en raison du long temps d’exposition qu’exigent les premiers appareils, ne peuvent que saisir les séquelles du conflit. Ces paysages hantés par la mort nous interpellent aujourd’hui doublement, parce qu’ils représentent des espaces anciens où quelque chose est déjà survenu et parce que cet état d’antériorité, attesté à ce stade si précoce du développement de la photographie, indique l’authentique nature de l’image, qui maintient des liens physiques et chimiques avec un passé qui s’évanouit aussitôt que le cliché a été pris. En tant qu’observateurs, il ne nous reste que des traces avec lesquelles nous espérons pouvoir reconstruire les évènements absents et passés qu’ont connus les champs, les bois, les maisons et les bureaux que nous contemplons. Ainsi, créant de poétiques réflexions sur le passage inexorable du temps et insistant sur l’importance de se souvenir et de rendre hommage au passé, de nombreux artistes, tels notamment Clemente Bernad, James Casebere, Spencer Finch, Carlos Garaicoa, Ori Gersht, Roni Horn, Sally Mann et Hiroshi Sugimoto reviennent sur des lieux, paysages et architectures, vides.
La photographie n’a pas seulement eu un grand impact sur notre façon d’appréhender l’histoire, elle a
altéré, voire même, comme l’affirment certains théoriciens, complètement remodelé notre sens de la
mémoire personnelle. De la naissance à la mort, tous les aspects de notre vie sont reproduits dans des
images, écho de nos expériences vitales. Cette répétition, que reflète la technologie même du médium
photographique, produit de façon efficace une réalité alternative dans la représentation qui peut, en
particulier lorsqu’il s’agit d’affronter des évènements traumatiques, adopter/revêtir la force du sinistre.
Des artistes comme Gregory Crewdson, Anna Gaskell, Karl Haendel, Jeff Wall ou Gillian Wearing
exploitent cet effet en construisant des scènes fictives dans lesquelles la douleur et le plaisir de
l’expérience personnelle reviennent chargés d’épouvante et de mauvais augure.
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