Alain Bublex - Fournitures

Pour sa première exposition, l’Ecole Supérieure d'Art de Clermont Communauté invite Alain Bublex. Son travail fondé sur l’architecture, l’urbanisme, les notions de projet et de prototype entre en résonance avec l’ouverture d'une nouvelle école d'art. Alain Bublex a choisi de travailler en relation étroite avec les enseignants et les étudiants en proposant notamment de penser et de construire collectivement une partie du mobilier du nouveau bâtiment. Ce qui nous est donné à voir est un processus de production, comprenant des phases de réflexion, d’expérimentation, de construction, et non pas des objets ou des oeuvres déjà réalisées.

Avec ces Fournitures, Alain Bublex fait suite à un projet en cours depuis quelques années. Il a réalisé des meubles qui sont à la fois des objets et des espaces : un bureau est à la fois la table sur laquelle on travaille et le lieu dans lequel on produit. Il en est de même pour une bibliothèque. Il a conçu dessins et plans, réalisé des prototypes, puis relevé les défauts de conception et les problèmes d’usage de ces constructions rudimentaires, afin que soit envisagée une seconde génération de meubles. Il s’agit, comme l’explique l’artiste, d’une sorte de «design darwinien», chaque pièce évoluant de génération en génération, le processus devant s’achever quand le meuble paraîtra satisfaisant, facile d’usage, et productible. Au sein de l’école, dans les ateliers, deux générations de chaque série de meubles (bureaux, bibliothèques, coins) se sont succédées ; tous sont visibles dans l’exposition, ainsi que des plans et des schémas.

En contrepoint à ce projet sans réelles limites, Alain Bublex présente des vidéos projetées sur, ou à partir des meubles. Il s’agit de courtes séquences sans scénario, sans mise en scène, sans principe, des sortes d’images vacantes et fantomatiques qui viennent se poser là comme des questions.

Sur un des pignons du bâtiment, l’artiste a installé un entassement des objets résiduels de l’exposition, visible de la rue, comme un portrait en négatif, étrange et énigmatique. Une publicité en creux pour la création ?

Elisabeth Wetterwald