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"Et ils s'émerveillèrent..."
Croatie médiévale

Musée de Cluny, Paris

Exposition du 10 octobre 2012 au 7 janvier 2013




mitre

Le titre de l'exposition reprend l'expression employée par Geoffroy de Villehardouin pour transcrire la réaction des pèlerins découvrant Zara (actuelle Zadar) en 1202. L'exposition du musée de Cluny nous invite à partager cette fascination des hommes du Moyen Âge pour les trésors de Croatie, à travers une sélection de pièces exceptionnelles.

Un choix d'une quarantaine d'oeuvres illustre le dynamisme et l'originalité de la création médiévale (IXe-XIVe siècle) dans les régions de l'actuelle république de Croatie, mais aussi la richesse des échanges artistiques entre celles-ci et le reste de l'Europe durant cette période : sculptures de l'époque carolingienne, reliquaires anthropomorphes - en forme de tête, bras, jambe ou pied - du XIIe au XIVe siècle, manuscrits romans et gothiques, joyaux de l'époque angevine.

Ces prêts prestigieux sont consentis par les principaux musées et trésors des villes de la côte dalmate, notamment Zadar, Nin, Trogir, Split, Dubrovnik ; quelques-uns témoignent de la communauté artistique entre Istrie et Dalmatie médiévales, d'autres sont issus des collections conservées dans la capitale de la république de Croatie, Zagreb.

Ces oeuvres, dont nous espérons qu'elles susciteront chez nos contemporains l'émerveillement qui fut celui des "pèlerins" du début du XIIIe siècle sont aussi la preuve, s'il en était besoin, de l'existence au Moyen Âge d'une communauté culturelle européenne à laquelle participaient activement les centres de l'actuelle Croatie.

La scénographie de l'exposition associe une présentation chronologique à la mise en valeur de quelques ensembles et chefs-d'oeuvre remarquables.

La première section met en lumière l'exceptionnelle qualité de la sculpture carolingienne et son assimilation à la fois personnelle et profonde de l'héritage paléo-chrétien, grâce aux éléments de jubé ou de chancel de Zadar et Pula. Un ensemble de manuscrits, provenant de Zagreb, Dubrovnik ou Split, et de reliquaires d'or ou d'argent issus de trésors d'églises, soulignent la somptuosité des créations romanes et les échanges actifs à cette époque, tant avec l'Orient qu'avec l'Occident.

Au XIIIe, et surtout au XIVe siècle, ces régions furent de véritables creusets où les fortes traditions locales s'enrichirent d'apports extérieurs, notamment vénitiens. Les reliquaires en forme d'éléments du corps humain, tête, bras, jambe… forment un ensemble unique en Europe, dont l'originalité surprend encore les voyageurs contemporains.

D'autres pièces d'orfèvrerie, profanes ou religieuses, la peinture de manuscrits ou la sculpture démontrent quant à elles l'intensité des échanges, sous des aspects variés : reprise formelle, venue d'artistes, importation d'oeuvres. Ainsi, le devant de tombeau de l'église de la Vierge du Carmel est attribué à un maître vénitien actif à Trogir. Une croix au poinçon d'Avignon est conservée dans le trésor de la cathédrale de cette ville. La mitre du trésor de la cathédrale de Zagreb et la superbe couronne de Zadar sont rehaussées de pierreries serties dans des montures inspirées de celles de la Pala d'oro au trésor de Saint Marc de Venise.



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