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PARALLAXES, Estefanía Peñafiel-Loaiza |
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Entre février et mai 2009, Estefanía Peñafiel-Loaiza a prélevé 200 pages de quotidiens internationaux. Sur les images de presse, les personnages qui n’existent que pour témoigner d’une masse – femmes, manifestants, sans-papiers - sont devenus des halos qui hantent de leur présence mais dont l’individualité échappe. Ils sont une ombre, des vestiges de corps irradiés. En contrepoint des images gommées, sont rassemblées les poussières du gommage dans autant de fioles. Elles constituent un laboratoire de présences et sont à nouveau des corps, à travers ces objets. Avec “sans titre (figurants)” (2009), Estefania Peñafiel Loaiza a constitué une archive a posteriori de ces figures qu’on ne distingue pas comme des personnes.
Il y a aussi des traces et des poussières dans l’oeuvre “présent, imparfait” (2009). Estefanía Peñafiel-Loaiza a marqué dans de l’argile, rue de la Roquette à Paris, l’empreinte des pierres qui portèrent la guillotine au XIXème siècle. Il ne s’agit pas là de créer un monument ou de procéder à une commémoration, mais de constituer un nouvel objet, avec un destin propre. La mémoire n’est pas qu’un passé à conserver : elle se construit dans notre contemporanéité. Estefanía Peñafiel-Loaiza anime donc une mémoire à partir de traces, elle en fait un présent qui se fissure, dont elle assume les bris et les craquelures. La façonner dans de la terre, par la lumière ou par la gomme, c’est signaler la persistance du passé dans l’instant qui sera, de toute façon, voué à disparaître.
Des mots qu’on lui confie et des secrets qu’ils renferment, Estefanía Peñafiel-Loaiza fait des ombres et les matérialise dans un objet dont il faut chercher la signification. Là encore, comme dans les autres oeuvres de l’exposition, il s’agit d’initier une réminiscence, de provoquer une autre perception. Le regard, déterminé par le positionnement du regardeur, révèle des lignes et une signification qui ont échappé. L’axe permet de saisir ce qu’on ne voyait pas, ou plus. Si la notion de présence active l’idée de mémoire, c’est ici le déplacement - physique ou mental - et son effet sur le regard qui importent. Parallaxes, donc.
Judith Souriau