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Oeuvres choisies de la Collection du Musée Guggenheim Bilbao |
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Conçue par Petra Joos, directrice des Activités Muséales du Musée Guggenheim Bilbao, la manifestation suit l’apparition des principaux mouvements artistiques de la seconde moitié du XXe siècle, comme l’expressionnisme abstrait, l’art informel ou le Pop américain à travers une sélection étudiée d’oeuvres-clés de la trajectoire de l’art d’après-guerre dont les quatorze auteurs ont été des référents pour d’autres créateurs.
La présentation, organisée chronologiquement, débute salle 103 A par des oeuvres gestuelles et expressives créées aux États-Unis dans les années 50 et 60 et regroupées sous le terme d’Expressionnisme Abstrait, bien que ce mouvement ne se limite pas à un seul style.
“Dans les oeuvres des expressionnistes abstraits,” écrit Antonio Saura, “la solution spatiale illimitée s’obtient, non pas par l’absence d’éléments, mais par une occupation furieuse, parfois totale, qui ne respecte pas non plus les limites de la toile. Chez les peintres de l’Action Painting, la présence de cette nécessité expansive se traduit dans un contrepoint dynamique de gestes qui, renouvelant la tradition expressionniste, remplissent la toile d’une furieuse vitalité, le tableau étant réalisé comme une surface destinée à être construite, non pas de façon équilibrée mais violemment structurée”.
L’action painting (peinture-action) qui met l’accent sur les qualités expressives héritées de l’héroïsme subjectif des expressionnistes et de la technique surréaliste de l’écriture automatique, a été principalement incarnée par Jackson Pollock, flanqué de Clyfford Still ou Willem de Kooning. D’autres expressionnistes abstraits ont eu recours aux vastes plans de couleur pour évoquer des états spirituels. Pour ces peintres de champs colorés (colorfield painting ), comme Mark Rothko, le message est le fruit d’une activité méditative. La contemplation des images qui en surgissent conduit le spectateur à se perdre silencieusement dans des espaces indéterminés où le sublime est l’expérience à la fois sensuelle et spirituelle, l’élimination des obstacles entre le peintre et l’idée, entre l’idée et l’observateur.
La salle recueille donc quatre artistes essentiels auxquels Peggy Guggenheim, dans les années quarante, organisa diverses expositions individuelles dans son musée/galerie Art of This Century, contribuant ainsi de façon décisive au succès de ces créateurs et à la notoriété de l’École de New York.
La toile de Rothko Sans titre (1952–53) est l’un des chefs-d’oeuvre de la Collection. Expérimentale par cette évolution vers une nouvelle dimension, monumentale, elle n’a cependant rien perdu du caractère intime et contemplatif qui sous-tend tout le travail de Rothko. Un autre grand format, et l’une des très rares toiles de ces dimensions qu’a réalisées Willem de Kooning, Villa Borghese (1960), est un souvenirhommage au séjour de l’artiste à Rome par lequel, sans décrire littéralement un paysage, De Kooning l’évoque. Pour sa part, avec son Sans titre de 1964, Clyfford Still s’efforce de créer une expérience transcendantale, purement visuelle et impossible à décrire avec des mots, sur une toile d’une spatialité vertigineuse qui fait éclater toute limitation de l’espace. Quant à Robert Motherwell, le plus jeune de cette génération d’artistes et intellectuel brillant, il explore dans sa peinture le sens profond de la réalité au-delà de l’image reconnaissable. Ses trois pièces présentes ici — Iberia (1958), Le voyage : dix ans après (The Voyage: Ten Years After , 1961) et Atelier rouge phénicien (Phoenician Red Studio , 1977) — traduisent la façon dont Motherwell a formulé son propre concept de peinture, sous forme d’une fresque qui s’échappe hors des limites du plan.
"Oeuvres choisies de la Collection du Musée Guggenheim Bilbao" se poursuit salle 105 avec le chef d’oeuvre de Cy Twombly Neuf discours sur Commode (Nine Discourses on Commodus ), une série de neuf peintures réalisée au cours de l’hiver 1963 à Rome qui prend pour prétexte l’empereur romain Aurèle Commode (161–192). La composition esthétique de ces toiles obéit à un ordre chaotique qui prétend traduire la situation politique sous le règne de Commode, qui marque le début du déclin de l'empire romain. Le fond gris des neuf toiles agit comme un espace négatif sur lequel se positionne une expression gestuelle, dynamique, dont la narrativité s’appuie à la fois sur le concept de maillage et sur l’inclusion de mots, de numéros et de gribouillage.
Alors que le cycle de Twombly renvoie à la peinture gestuelle de l’expressionnisme abstrait, Robert Rauschenberg commence à utiliser la technique commerciale de la sérigraphie dans de grands formats basés sur ses propres photographies et sur des images prélevées dans les médias. Barge (1962–63) est la plus grande de sus peintures sérigraphiées dont la panoplie d’images évoque de l’idée de mouvement et de transformation à la complexité et la surabondance de la vie quotidienne. D’autres artistes pop, comme Andy Warhol et James Rosenquist, ont aussi eu recours dans leur travail aux images tirées de journaux, de magazines ou de la publicité pour refléter la culture de masse à travers ses symboles de consommation, de ses idoles, comme c’est le cas avec Cent cinquante Marilyns multicolores (One Hundred and Fifty Multicolored Marilyns , 1979) ou des icônes de la vie moderne, comme Capsule flamant (Flamingo Capsule), oeuvre de Rosenquist de 1970, une élégie au désastre de la mission Apollo 1.
En Europe, alors que triomphe la philosophie existentialiste et que sont encore perceptibles les traumatismes de la Seconde Guerre Mondiale, quelques artistes comme Jean Dubuffet font un retour à la peinture, mettant l’accent sur le métissage expressif et la synthèse qui déplacent le binôme utopie-expérimentation caractéristiques des avant-gardes antérieures. Cette nouvelle voie, ouverte par le mouvement informel français, trouve un écho dans le travail d’Antonio Saura, ici représenté par sa Crucifixion (Crucifixión , 1959–63). L’artiste a déclaré à propos de ses Crucifixions : "Je me suis efforcé, à l’encontre du Christ de Vélasquez, de convulser l’image, de la charger d’un vent de protestation (...) Cette image, comme le fusillé aux bras levés et à la chemise blanche de Goya ou la mère du Guernica de Picasso, peut être encore un symbole tragique de notre époque".
En avance sur son temps, précurseur de nombre de pratiques et de tendances artistiques qui se sont ensuite généralisées comme le happening et la performance, Yves Klein a utilisé le corps nu comme un pinceau vivant dans sa série d’Anthropométries, à laquelle appartient la magnifique Grande Anthropométrie bleue (ANT 105) (1960). On peut y sentir l’artiste dirigeant l’action des corps, dont l’empreinte est indissociable de l’absence. Klein a travaillé avec la photographie, composé une Symphonie Monotone Silence, présenté ses actions en public et même conçu des oeuvres immatérielles, des architectures d’air comme Fontaine de feu (Fire Fountain , 1961). Celle-ci, fabriquée en 1997, se trouve installée en permanence sur le bassin nord du Musée.
L’exposition se clôt sur les sculpteurs basques Eduardo Chillida et Jorge Oteiza, dont la présence au sein de la Collection du Musée est illustrée à travers un ensemble significatif de pièces représentatives de leur trajectoire.
Après des années d’activité artistique, période baptisée par lui "Propos Expérimental", autour d’une série de considérations conceptuelles sur les problèmes que pose la sculpture, Oteiza abandonne ce médium pour se consacrer à la dynamisation culturelle, politique et éducative au Pays Basque. Les cinq pièces retenues pour cette sélection sont représentatives de ses séries les plus importantes et illustrent sa vocation de transcendance. De son côté, Chillida explore, matérialise et met en rapport dans tout son travail — aussi bien dans ses sculptures que dans ses reliefs en papier ou ses gravitations, dans son oeuvre graphique comme dans ses dessins — des concepts comme la limite, le vide, l’espace et l’échelle, assujettis à la signification de la matière, et qui forment le socle de son vocabulaire artistique. Ainsi, Conseil à l’espace V (Consejo al espacio V , 1993) se fonde sur la simplicité et sur la construction d’un vide qui, en dynamisant l’espace à son alentour, s’élève à la catégorie de signe.
Pour terminer, cette présentation de la Collection offre une occasion unique de monter pour la première fois au grand public la Maquette de travail pour Gouvernement du peuple (Working model for Government of the People, 1967) de Jacques Lipchitz, récemment incorporée aux fonds du Musée grâce à une généreuse donation de la Fondation Jacques & Yulla Lipchitz. Cette pièce, dont la donation a été possible avec la collaboration de BBK, est l’étude la plus avancée de l’un des projets publics les plus significatifs de Lipchitz, le monumental Gouvernement du peuple (Government of the People) commandé en 1967 par la ville de Philadelphie pour le parvis de son Hôtel de ville. La pièce de Lipchitz, un des maîtres de la sculpture du XXe siècle, précurseur de la sculpture moderne, qui a eu une forte influence sur l’évolution de ce médium, renforce et complète le volet sculpture de l'exposition.
En définitive, cet accrochage offre au spectateur l’occasion de visualiser, à travers des oeuvres
appartenant en propre au Musée Guggenheim Bilbao, quelques-uns des principaux jalons de l’art des
années cinquante à soixante-dix du siècle passé, période de transition vers des langages plus
hétérogènes et personnels qui reflètent l’esprit de leur temps.
La création du Musée Guggenheim Bilbao s'est accompagnée de l’engagement de forger une Collection conçue à la fois pour compléter les fonds artistiques des autres musées du Réseau Guggenheim (la Collection Permanente) et pour afficher une spécificité adossée à une démarche originale.
Ainsi, la Collection du Musée Guggenheim Bilbao compte actuellement 103 oeuvres représentatives de 63 artistes qui couvrent la période comprise entre les années 1950 et nos jours. En ce qui concerne son contenu, les oeuvres peuvent être classées selon quatre grands paramètres. Le premier concerne la recherche de chefs-d’oeuvre et de pièces singulières, autrement dit de pièces qui ont servi de référence pour d’autres artistes et qui peuvent être considérées déterminantes pour l'histoire de l’art de la seconde moitié du XXe siècle ou qui sont remarquables par leur caractère de synthèse et d'apogée par rapport à la trajectoire créative d’un artiste, comme Éclair illuminant un cerf (Blitzschlag mit Lichtschein auf Hirsch , 1958–85) de Joseph Beuys.
Le deuxième paramètre se réfère à la présence d’ensembles significatifs d’oeuvres représentatives de certains artistes qui fonctionnent comme un résumé de leur trajectoire. Tel es le cas des pièces d’Anselm Kiefer, d’Eduardo Chillida ou de Jorge Oteiza.
En troisième lieu, l’art basque et espagnol est particulièrement présent dans la Collection et dans la politique d’acquisition du Musée. Ainsi, des 103 pièces de la Collection, un tiers provient d’artistes basques et espagnols appartenant à différentes générations, de la plus mûre, représentée par Chillida, Tàpies, Oteiza ou Saura, aux jeunes artistes qui se sont consolidés au cours des dix dernières années, en passant par une génération intermédiaire à laquelle appartiennent Cristina Iglesias, Susana Solano, Juan Muñoz ou Txomin Badiola.
Finalement, la Collection s’appuie sur les oeuvres à emplacement spécifique, autrement dit les pièces expressément créées pour occuper les espaces du Musée Guggenheim Bilbao et qui mettent à profit l’extraordinaire originalité architecturale du bâtiment ; à cette catégorie appartiennent des pièces comme Installation pour Bilbao (Installation for Bilbao , 1997), réalisée par Jenny Holzer, ou la grande installation de Richard Serra intitulée La matière du temps (The Matter of Time, 1994–2005).
Soucieuse de projection internationale, mais sans négliger la création locale, la Collection s’intéresse à
la fois aux grands noms de l’histoire de l’art du XXe siècle et aux jeunes artistes ; jouant sur toute la
palette de médiums et de langages artistiques, elle associe à la production passée les pièces
expressément créées pour les espaces uniques du bâtiment de Frank Gehry.