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Le Carnaval à Paris |
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Maison de Balzac, ParisExposition du 15 novembre 2012 – 17 février 2013Balochard par Gavarni © Maison de Balzac / Roger-Viollet La Maison de Balzac présente à partir du 15 novembre 2012 une exposition dédiée au carnaval à Paris. Au siècle de Balzac le carnaval s’ouvre par le cortège du boeuf gras, sélectionné dans ses herbages puis promené dans la ville, suivi d’une foule masquée et déguisée, où les costumes féminins raffinés se mêlent aux sauvages et aux débardeurs. L’aristocrate côtoie l’ouvrier, l’avocat ou la grisette lors de ces cortèges comme dans les bals. Car au temps de Balzac, les nuits de carnaval s’achèvent dans des fêtes costumées et les masques quittent le bal de l’Opéra, de l’Opéra-Comique ou du bal Musard, pour aller souper ou boire, chez eux, dans des tavernes ou, pour les plus fortunés, dans les grands restaurants parisiens, très rarement seuls. Les masques sont en effet propices à la séduction et couturières, femmes du monde, maris et amants profitent de l’anonymat pour chercher de bonnes fortunes. Principal obstacle au déchaînement de la jeunesse, le « municipal » veille aux bonnes moeurs : ceux qui se livrent à un entre-deux trop endiablé ou dont le déguisement pourrait blesser la décence, risquent de terminer la nuit derrière les barreaux.
Dessins, gravures et citations proposent un regard porté par les artistes et écrivains sur un
spectacle qui ne les a pas laissés insensibles. Daumier mêle volontiers critique politique et satire
sociale ; Gavarni sensible au charme des danseuses, croque des instants légers, poétiques ou
comiques ; Balzac rappelle la place de cette fête dans la vie des Parisiens ; Théophile Gautier
donne au fait divers un caractère épique ; Méry dépeint la déchéance de foules avinées ; les
Goncourt admirent le carnaval à travers l’oeil des dessinateurs.
- Bals masqués de l’Opéra Dans l’origine, ces bals étaient donnés depuis « la Saint- Martin jusqu’à l’Avent, et depuis l’Epiphanie jusqu’à la fin du carnaval ; plus tard, ils eurent lieu seulement pendant cette dernière époque, et de nos jours ils commencent vers le 10 décembre pour se terminer au mardi gras. Vainement l’Opéra essaya de maintenir dans ses bals les traditions de bonne compagnie qui en faisaient un lieu de destiné à la conversation mystérieuse, que favorisait le masque et l’interdiction de la danse ; mais l’usage d’intriguer les assistants en leur faisant entendre qu’ils étaient reconnus sous le masque a fini par disparaître. Ces bals ont été, sous Louis-Philippe, livrés aux amateurs de la danse échevelée, burlesque, et ce fut le temps des costumes excentriques, débraillée ; toutefois, cette mode passa, et, de nos jours, les bals masqués ont deux publics bien différents : celui des danseurs revêtus de costumes bizarres, mais élégants, et celui des promeneurs et des curieux, qui est le plus considérable. - Descente de la Courtille La scène la plus curieuse du carnaval défunt était sans contredit la descente de la Courtille. Elle florissait vers 1840-1845, si l’idée de fleur peut se mêler à cette boueuse procession. Le mercredi des Cendres, après que tous les bals de Paris avaient vomi leurs hôtes nocturnes sur le pavé, vers six heures du matin, commençait à descendre des hauteurs de Belleville, en suivant la rue de Paris jusqu’aux boulevards, une horde de masques avinés, pâles de fatigue et d’excès de toute sorte, en costumes fanés, souillés, déchiquetés. Et pierrots livides, débardeurs chancelants, marquis dépenaillés, laitières prises de vin, bergères titubantes, arlequins éreintés, toute cette foule bariolée, sale, hideuse, roulait en désordre, avec des cris rauques, des gestes cyniques, emplissant la rue du tapage de leurs voix. Bien des badauds qui avaient passé la nuit dans leur lit se levaient de grand matin pour aller voir passer ces pitres qui ne s’étaient pas couchés et leur faire cortège. Des gens du monde, qui venaient danser un cotillon au faubourg Saint- Germain, se faisaient conduire au faubourg du Temple pour assister au défilé des comtesses du ruisseau. La cohue était si grande que la descente ne durait pas moins de six heures. Six heures ! Et il faut croire que le spectacle était vraiment curieux, puisqu’il a laissé chez tous les contemporains une impression ineffaçable.
- Débardeur Personnage de carnaval, vêtu de la veste et du large pantalon des ouvriers débardeurs. Le costume de débardeur […] convient aux deux sexes et toute femme qui n’a encore avec la Vénus callipyge qu’une ressemblance lointaine peut sans danger y introduire ses attraits les plus cachés ; s’il n’est pas toujours discret, il l’est cependant assez pour convenir à ces beautés faciles pour qui le corset est une gêne au temps de carnaval, et qui veulent bien, après tout, tromper sur la qualité, mais non sur la quantité de la chose vendue. - Balochard Nom par lequel les ouvriers de Paris désignent un homme de leur classe d’un caractère enjoué et tapageur. - Chicard Coureur de bals, et surtout de bals de carnaval ; s’emploie souvent comme nom propre : un costume de Chicard. Ce n’est que pendant le carnaval qu’on peut observer le Chicard ; le reste du temps, il reste plus ou moins dans la catégorie du viveur. - Titi Jeune ouvrier des faubourgs de Paris. Sorte de déguisement de carnaval, qui est une imitation élégante du costume des titis.
- Le souper
Souper est la première condition de l’entrée au bal pour le danseur qui se livre à tout ce que le
préfet de police autorise de cancan : sa gymnastique
nécessite une fréquente réparation de forces. Pour la pléiade de dominos roses, bleus, noirs,
jaunes et tricolores, souper est un devoir de religion ; c’est au repas de nuit que la divinité se
révèle, qu’elle se communique aux mortels, qu’elle les initie à quelques-uns des mystères de son
culte. - Le boeuf gras Le cortège du boeuf gras est une ancienne coutume imitée de celles dont le paganisme était prodigue. L’usage de cette cérémonie remonte aux Egyptiens, qui avaient institué cette fête à l’effet de rappeler les services rendus par le boeuf à l’agriculture. Depuis vingt ans environ, on a pris la coutume de donner au boeuf gras un nom emprunté soit au succès littéraire de l’année, soit à l’événement politique le plus saillant ; c’est ainsi qu’en 1845, il fut appelé le Père Goriot, du titre d’un roman de Balzac ; puis l’année suivante, Dagobert, du nom d’un des personnages du Juif errant, le roman alors en vogue d’Eugène Sue. En Province, comme à Paris, la fête finit par le trépas du héros de la journée, et lorsque l’animal est entré à l’abattoir, pour n’en sortir qu’à l’état de victuailles, les bouchers, les chevaliers romains et les déesses olympiennes terminent joyeusement le carnaval par un bal, qui ne finit qu’aux premiers rayons du jour.
- Le galop
"Cependant, le galop court et bondit. Une charge de cavalerie enfonçant un front de bataille ne
ferait pas un bruit plus sourd et plus pesant. […] - La polka La polka est une danse vive, allègre, gracieuse, qui diton, est originaire de la Bohême, où elle fait le bonheur des paysans. Ses allures sont rapides. - La cachucha Danse empruntée aux Espagnols, et qui s’exécute à deux sur un air gracieux, vif et passionné. - Le cancan Danse très libre, accompagnée de gestes indécents et de balancements qui imitent la marche du canard.
Toutes les définitions proviennent du Grand
dictionnaire universel du XIXe siècle, par Pierre
Larousse, Paris, 1867 sauf mention contraire.
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