La collection :
Oeuvres de Bruce Nauman

Depuis sa création, le macLYON est régi par quelques principes simples, le plus décisif étant qu'il est modelé pour être entièrement à la disposition des artistes. Le dialogue initié avec eux dès 1984 a conduit à concevoir une collection qui soit avant tout une collection d'expositions. Le projet "scientifique" a arrêté deux ou trois idées simples : la production d'oeuvres, la collection de moments, les oeuvres génériques et les rétrovisions.

La production d'oeuvres est le soutien qu'apporte le musée aux artistes au moment où ils créent leur oeuvre ou la réalisent. La collection de moments rassemble des oeuvres ou des ensembles d'oeuvres qui jalonnent un temps singulier dans le travail d'un artiste. L'oeuvre générique, monumentale ou composée de nombreux éléments, vise à faire la synthèse d'un aspect particulier, caractéristique de l'oeuvre d'un artiste. La rétrovision consiste à proposer à l'artiste de créer une pièce spécifique, un ensemble ou un dispositif qui réunit ses oeuvres déjà entrées dans la collection dans une cohérence qui n'appartient qu'à lui.

Les diverses occasions pendant lesquelles les oeuvres de Bruce Nauman, et non des moindres, ont été visibles à Lyon n'ont cependant pas offert d'opportunités de produire ou d'acquérir une oeuvre générique ou un moment.

En 1989, le macLYON acquiert une oeuvre emblématique : Good Boy, Bad Boy, 1985 et se voit accorder le dépôt de Butt to Butt (Large), 1989, par le FNAC en 1992. Ces oeuvres importantes de Bruce Nauman sont restées isolées dans la collection jusqu'à ce que le musée en acquiert d'autres, quatre bandes vidéo en 1997, puis un ensemble de neuf pièces, films et vidéos, en 2008. A l'occasion du transfert de propriété d'oeuvres du Fonds National d'Art Contemporain en 2008, le macLYON devient définitivement propriétaire de Butt to Butt (Large), ainsi que de Setting a Good Corner, une oeuvre de 1999.

Au total ce sont 16 oeuvres de Bruce Nauman que conserve le musée, ce qui constitue un ensemble remarquable.

L'investigation de l'acte artistique et de la façon dont l’artiste y participe traverse l’oeuvre de Bruce Nauman dans de nombreux aspects. Dans Art Make-Up, un geste simple a, comme tout acte artistique, des conséquences inattendues. Ces gestes élémentaires expérimentés sous la forme d’actions répétées en atelier et filmées, non sans lien avec l’activité de danseurs tels que Merce Cunningham et Trisha Brown, permettent à Nauman d’éprouver des modalités : celles du corps intervenant dans l’espace, celles des limites de pertinence d’une action, voire celles du corps comme matériau premier de l’oeuvre.

La répétition systématique d'un son - note de violon, pas ou frappe de balle - offre également à l’artiste le moyen de structurer le temps selon des modes qui ont pu changer au fil des pièces. On sait l'intérêt de Nauman pour les oeuvres de John Cage, de Samuel Beckett mais aussi de La Monte Young et Terry Riley.

Les oeuvres de Bruce Nauman côtoient dans la collection du Musée d’art contemporain de Lyon celles de Terry Riley (Time Lag Accumulator), de La Monte Young et Marian Zazeela (Dream House), d’Anna Halprin (The Four Legged Stool, The Five Legged Stool, Apartment 6), de Robert Morris (Labyrinth, Waterman Switch, Site,...), etc.

Sans être un moment, une oeuvre générique ou une rétrovision, elles s'inscrivent parfaitement dans la collection par leur "esprit Fluxus" et les problématiques qu'elles partagent avec d'autres oeuvres quant à l'incidence du son, au dépassement des limites, à l'inachèvement de l'oeuvre, à sa définition, ou encore quant au corps comme matériau et fondement de l'oeuvre. Ainsi le principe programmatique de la partition estil partagé avec Georges Brecht ou Terry Riley, les phénomènes d'interférence ou de modulation du son ontils à voir avec La Monte Young, l'implication du corps et l'engagement spatial de l'artiste peuvent être rapprochés de Robert Morris, la réduction à des tâches élémentaires n'est pas sans lien avec l'oeuvre d'Anna Halprin.