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BigMinis |
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Le mini est-il un signe avant-coureur de crise, ou bien un reflet, une conséquence de celle-ci ? Serait-il aussi une réponse efficace et décalée à LA crise ? Avec l’expo BigMinis, le CAPC se propose d’explorer la fascination singulière qu’exerce l’objet "réduit" à l’heure de la récession.
Alors que la miniaturisation peut évoquer une réduction des coûts, du temps et de l’espace, la production du mini, elle, est stratégique. Le mini résiste à la réduction. Il existe depuis sa petite taille. Une petitesse insolente qui révèle, dans le contexte économico-culturel actuel, quelques-unes des pathologies capitalistes dans lesquelles le mini s’origine et auxquelles il répond. Le mini, un objet régulateur ?
L’exposition BigMinis regroupe les oeuvres d’une cinquantaine d’artistes contemporains prêtées par des collections publiques françaises et étrangères, des fondations et collections privées, des galeries et les artistes eux-mêmes. Son propos qui s’origine dans la conjoncture économique actuelle, se déploie sur fond de récession, et interroge, notamment, la notion de "fétiches de crise".
On pense à tort que dans le mini, tout est proportionnellement réduit : il en irait ainsi de l’idée qui l’anime, comme de son impact. Or l’expérience démontre le contraire. Le mini perdure et marque. Il résisterait même à la crise. L’exposition est pensée dans cette perspective. Pour rendre le propos dialectique et piquant, des oeuvres de grande taille animées par des mini-idées sont aussi montrées, signifiant ainsi que l’impact d’une idée véhiculée par un objet n’est pas proportionnelle à la taille de ce dernier. Autrement dit, que les oeuvres de grande taille sont loin d’avoir le monopole des "grandes" idées et que les idées courtes ne sont pas nécessairement proportionnelles à la taille des objets qui les véhiculent.
Compte-tenu des proportions maximalistes du CAPC auxquelles l’exposition répond en partie, un dispositif a dû être inventé, les "bigminis" ne s’exposant pas vraiment comme des standards. La galerie new formula du rez-de-chaussée du musée ressemblera à un terrain de jeu mental. Et c’est dans une forêt de socles aux allures post-Tetris qu’il faudra parfois chercher les oeuvres. Les minis ignorent les canons de l’époque. Uniques, les oeuvres d’art minis, si tant est qu’elles soient ainsi catégorisables, sont comme mûes par la vie. Qu’elles soient belles et laides importe peu. Leurs dimensions, leurs matériaux, leurs prouesses techniques et conceptuelles les rendent enviables et attachantes, stimulantes pour l’oeil et l’esprit. Elles surprennent et s’imposent. On ne peut rien leur retirer. Elles impactent jusqu’à réveiller la cleptomanie qui sommeille en nous.
Contrairement au king size, le mini doit se voir de près. Il présuppose une mise au point, d’où l’emprise qu’il exerce sur la sphère du désir. En même temps, le petit fait le vide autour de lui car pour être vu, il a besoin de plus d’espace. Il prend donc plus de place que ce que sa taille laissait supposer, d’où sa capacité à devenir fétiche. Le rapport qu’il entretient avec l’environnement (la ville pour la voiture, l’espace d’exposition pour l’objet d’art, la poche pour le tamagotchi, ...) et avec nous, devient alors politique.
Après avoir incarné le boom-object des pays industrialisés, quand le raccourcissement des jupes et des voitures avait pris la dimension d’un phénomène de société, créant la vogue du mot "mini" en Occident, l’objet compact se mesure aujourd’hui à l’aune du mignon (objet léché superflu, symptomatique), de l’inquiétant (objet sériel, culte, fétichisé) et du résistant (objet critique, Pear to Pear, individualiste). On déteste l’aimer et on aime le détester. On le veut en cachette et on ne l’a jamais assez vu.
Le mini contemporain a du sex appeal.