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Albert Clermont |
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En 1994, Albert Clermont commence la série intitulée "Les Pierres sont nomades", série dominée par un motif central récurrent : un bloc de pierre, amené par la mer au gré des tempêtes et des grandes marées sur la digue du Clipon à Dunkerque.
Il réalise ensuite en 1996 la série "Assemblages", ensemble de photographies d’immeubles occultées partiellement par des couches de vernis acajou, monochromes rectangulaires.
En 1998, Clermont effectue son premier voyage au Mali. L'année suivante il réalise la série des "Signatures" à Ouessant. En 2002, Clermont initie la série des "Entretiens". En 2007 , il réalise la série "Offering".
Dans le cadre de l’exposition "Par-delà la matière", qui interroge le rapport à la spiritualité, "Offering" rassemble plusieurs oeuvres d’Albert Clermont, vidéos et photographies, inspirées par sa rencontre avec le Mali, notamment avec l’animisme. Clermont pose un regard respectueux et distancié sur ce qu’il découvre dans ce pays, découverte qui nourrit en retour son oeuvre.
La découverte fortuite d’une pierre posée sur une feuille d’aluminium au bord du fleuve Niger a interpellé Albert Clermont par sa résonance avec “Les Pierres sont nomades”, série de photographies réalisée par l’artiste autour de Dunkerque en 1994, et avec une coutume ancestrale de l’île d’Ouessant qui veut que les habitants s’approprient les objets rejetés par la mer en les signant d’un galet.
Tout en revenant à Ouessant où il a réalisé, en 1999, "Signatures", série de photographies de pierres posées sur des objets, Albert Clermont a, au cours de ses nombreux voyages au Mali, recherché et photographié des dispositifs rituels : intrigants pour le néophyte, ces dispositifs, que le parti-pris photographique - gros plan - isole davantage du contexte, deviennent source de paroles dans les “Entretiens” que l’artiste réalise à partir de 2002. Dans l’un d’entre eux, Albert Clermont confie ses photographies pour interprétation à Amahiguere Dolo qu’il filme sous le mode du portrait en plan fixe en intervenant le moins possible. Acteur d’un jour devant la caméra, Amahiguere Dolo est libre de parole, de geste et du temps de la rencontre. Seul le sujet est imposé ou plutôt s’impose par l’intermédiaire des photographies : l’analyse des dispositifs rituels et sociaux. Les “Entretiens” donnent également la parole à des artistes et théoriciens africains qui dressent un panorama de la culture et de la création contemporaine au Mali. La question de l’identité est au coeur du projet : loin de nous dépeindre une tendance au repli identitaire, Albert Clermont souligne le processus de construction des cultures qui se nourrissent les unes des autres pour constituer un tissage culturel.
Au Mali, Albert Clermont est interpellé par l’accumulation de sacs plastiques qui, aux abords de Bamako, créent des paysages insolites. De retour à Dunkerque, il réalise plusieurs oeuvres sur le littoral de la Côte d’Opale, vidéos, photographies et installations de sacs plastiques sur la plage qui créent un fourmillement. Ce fourmillement devient alors la substance même des oeuvres qu’il réalise dans le nord de la France et au Mali. Depuis 2007, la fourmilière elle-même devient un sujet du travail d’Albert Clermont. Chez les Bamanan (Mali), la fourmilière est un lieu sacré, symbole d’abondance et de fertilité qui peut accueillir des offrandes, dons ou prières. Pour l’artiste, c’est également une micro-société, métaphore d’une économie de l’ordre et de la subsistance.
Au travers de la série “Offering”, Albert Clermont accomplit une mise à distance du geste d’offrande à une
fourmilière par un acte expérimental. Les fourmis, que l’on voit s’activer sur les vidéos, transportent et rangent le riz coloré en rouge, bleu, noir, vert… jusqu’à le faire disparaître dans leur habitat, dévoilant peu à peu la
terre rougeoyante du sol malien. Comme elle peut absorber les problèmes des Bamanan qui lui font des
offrandes de céréales, la fourmilière sacrée absorbe la couleur, don de l’artiste.