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Alain Bernardini |
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Après avoir été lycéen (pas longtemps), apprenti maçon, homme de ménage, laveur de vitres..., Alain Bernardini entreprend à presque 30 ans des études d’arts plastiques et de lettres. Il place au coeur de sa démarche le monde du travail dont il propose une autre représentation et, tout en continuant à exercer une activité salariée, expose régulièrement depuis 1992.
Alain Bernardini invite les "seconds" rôles des entreprises : les ouvriers, les secrétaires, à participer à la réalisation de leur portrait. Les oeuvres d’Alain Bernardini témoignent des réalités du monde du travail, hors des idées reçues, en captant la singularité des personnes représentées, et donnent ainsi sa place au sujet.
Parmi les représentations du travail, il est des temps qui jamais ne figurent. Ce sont l’interruption, l’attente, la pause, les discussions entre collègues. Des moments nécessaires et admis par la législation du travail qui dépassent parfois le cadre de l'autorisation. Ces temps non travaillés retiennent l’attention d’Alain Bernardini.
De 1991 à 2001, Alain Bernardini a côtoyé régulièrement les jardiniers de parcs municipaux de la région parisienne. Ces moments d’observation et d’écoute attentive ont donné lieu à des photographies, des vidéos, des performances et des textes où transparaît la part de fiction potentiellement présente dans les éléments les plus ténus du quotidien.
Alain Bernardini cherche à documenter ces moments non travaillés au sein des
entreprises et selon d'autres modalités. Ses prises de vue, négociées et réalisées sur des temps
très courts, ouvrent à débat -avec les employés comme avec la direction- sur l'image du travail
et le travail de l'image.
Pour son exposition au Quartier, Alain Bernardini a mené un projet à Quimper même. Il a sollicité plusieurs entreprises de la région, ainsi que le centre d’art contemporain, afin de rencontrer leurs employés et de les photographier alors qu’ils interrompent leur activité.
L’artiste a expliqué son projet à la standardiste, au directeur des ressources humaines, au chef d’entreprise. Parfois il n’a pas dépassé le stade du premier appel téléphonique. Peut-on montrer les salariés stoppant toute activité sur leur temps de travail sans craindre pour l’image de l’entreprise et celle des travailleurs? En proposant de photographier des moments habituellement non représentés, c’est l’image sociale du travail qui s’en trouve ébranlée. Trois entreprises ont accepté de jouer le jeu : Armor Lux à Quimper, Chancerelle à Douarnenez et Hénaff à Pouldreuzic.
L’exposition est construite comme un film dont la bande image se déroulerait le long des murs. Les photographies prises dans les entreprises sont montées en alternance avec des éléments évoquant le monde du travail. Des pans colorés, jaune aux couleurs des engins de chantier et orange, associés aux éléments de sécurité, jouxtent des armoires métalliques de vestiaires. Certains propos recueillis lors des rencontres entre Alain Bernardini et les employés sont retranscrits sur les murs. Ces phrases qui sonnent comme des slogans, viennent légender les images à la manière des panneaux de dialogue dans les films muets. Elles traduisent les interrogations légitimes des employés lors des prises de vue, leur plaisir à participer à ce projet mais aussi leur souci de l’interprétation qui sera faite de ces images.
En proposant à des employés de poser pour lui, Alain Bernardini confronte ces personnes à
leur propre image du travail. Chacun est averti du double sens de la situation. On accepte
de travailler pour l’artiste et de se faire photographier en pleine inactivité. C’est une prise de
risque commune. L’artiste, lui-même salarié dans une entreprise, ne porte pas de jugement de
valeur. Il propose d’autres modalités de représentation qui interrogent la validité des images
dominantes dans lesquelles le travail est constamment lié à la productivité. Au sein de cette installation,
Alain Bernardini met en place une sorte de paralysie de la représentation du travail :
gens qui ne font rien, absence de signes dans les lieux photographiés. Réunies dans cette
exposition, toutes ces personnes assises, les bras croisés ou les mains dans les poches viennent
former un groupe fictif. On frôle alors la manifestation tranquille.