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Noël Dolla
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Noël Dolla est fondamentalement un franc tireur ! C’est que l’artiste ne s’est jamais longtemps tenu à une seule manière de peindre. Le caractère expérimental de son travail, sa perpétuelle capacité de mouvement, de relance impromptue des jeux de la peinture - du chaud / froid, du clivage en abîme, du détour biographique, du retour subreptice - sont des procédés constants dans son oeuvre. Pour le musée d’art contemporain du Val-de-Marne, Noël Dolla articule oeuvres récentes et pièces plus anciennes et donne naissance à une proposition artistique où le visiteur est convié à suivre l’itinéraire d’un peintre audacieux.
Le MAC/VAL présente la première grande exposition en France de Noël Dolla - depuis sa rétrospective au Mamco de Genève en 2003 - artiste français majeur qui explore depuis 1967 les limites de la peinture et du statut de l’artiste. Cet artiste se déclare lui-même peintre "dans l’esprit de l’abstraction". Il met en effet à mal les distinctions entre l’abstraction et la figuration en déplaçant avec justesse le problème de l’abstraction depuis la question du style vers celle de la méthode et du modèle.
Avec le temps, il a découvert que l’espace dans la peinture abstraite n’avait aucune direction et qu’il était par conséquent en "chute libre". Pourtant, une constante traversait son oeuvre : quelle que soit la direction qu’il choisissait, il subissait les forces de l’histoire et de la mémoire. "J’ai toujours eu l’obsession d’éviter la répétition, c’est pourquoi j’ai investi plusieurs pratiques tout en mesurant comment un geste se construit par rapport au précédent..."
Chez Noël Dolla, rien n’est jamais gagné d’avance. Rien n’est prévu ni prévisible. Il joue à la peinture en redéfinissant sans fin les règles de la partie. C’est sans doute ce qui donne à son travail cette déconcertante liberté, ce parfum de provocation intelligente. L’artiste invente une abstraction populaire, flirtant avec le kitsch qui transforme en matériau artistique l’environnement le plus trivial : les serpillières, les mouchoirs, les plumes de coq, la tarlatane, les leurres... Mais les oeuvres pour lesquelles il s’est fait connaître à la fin des années soixante sont en fait très éloignées de la construction caractéristique du mouvement Supports-Surfaces qui leur a donné leur contexte d’interprétation premier. Cette utilisation de la vie comme matériau a aussi conduit Noël Dolla à travailler directement avec la nature.
Sans affirmation absolue ni velléité démonstrative, l’artiste nous pousse à nous interroger sur notre manière de regarder, nous obligeant à aborder la peinture dans une multiplicité d’espaces disponibles. "Pour l’art, il y a deux temps, celui de la vie, de l’artiste et celui du public, du collectionneur; qui ne se rencontrent que quand il y a le temps de l’exposition" affirme Noël Dolla. Professeur à la Villa Arson à Nice depuis 1974, Noël Dolla n’appartient à aucun groupe ou mouvement et même si il enseigne il ne prétend pas faire école.
Vient le temps de l’exposition, à l’invitation du commissaire Frank Lamy du MAC/VAL, conçue autour (ou plutôt à l’intérieur) des productions les plus récentes (2002-2009) et des pièces plus anciennes, voire historiques, réunies dans trois trébuchets pensés comme des zones du cerveau, des pièges à mémoire. Elle sera complétée par des oeuvres représentatives de son travail comme "le grand leurre" ou encore, pour les jardins, un étendoir ou une cabane de jardin; des objets ménagers ou familiers qui réinvestissent l’histoire de la peinture, son histoire.
* Son intitulé "Léger vent de travers" n’est pas sans évoquer l’esprit de cet artiste tout autant cabot que
sensible (à la fois trublion et si profondément humain) et fait allusion à une pièce de 1991 créée pour le
musée de Kaohsiung en Chine.
« Noël Dolla
5 Mai 1945, papa a 16 ans, maman aussi. Trois frères suivront: Claude 1947, Patrick 1957, Serge 1960.
Le père de ma mère Homère est peintre, (fresque, faux bois, faux marbre). Pépé est modeste, il peint des marines et
des roses pour son plaisir. Il va souvent à la pêche au mulet.
Pépé disparaît à l’aube le matin de Noël 1966.
Ce jour-la, j’ai fait voeux de peindre ou de pêcher tous les 25 décembre de ma vie.
Dit Grand père, ça sert à quoi tous ces Dieux ? à rien mon enfant, ou plutôt si, à faire trembler et rêver les pauvres et à
enrichir plus encore ceux qui déjà sont très riches et qui veulent prendre ou garder le pouvoir.
Dit grand père, il était grand comment le plus gros poisson que tu as pris à la ligne ?
Dit Grand père, le peintre en bâtiments est-il vraiment le roi du monochrome ?
Papa boit du pastis, (beaucoup.) Il est imprimeur et parfois il bricole seul, la nuit à la maison, dans le secret de son petit
atelier.
Disparitions : Pépé 1966, Mémé 1976, Papa 1980, Patrick 1991, Serge 1997, Maman 2007.
1969-2003 Trois mariages Michèle, Elisabeth, Sandra.
1964 Etudiant à Nice je rencontre C.Viallat.
1966 Je suis mis à la porte de l’école.
1967 Le 14 décembre, première oeuvre "Etendoir", au Hall des Remises en Question (Chez Ben à Nice).
1968 Je participe à la création du groupe Supports/Surfaces.
1970 Amitiés avec R. Flexner.
1972 "12 ans d’art contemporain en France 72/72", Grand Palais, Paris
Rencontre et amitié avec Bernard Lamarche-Vadel
Premiers "Leurres" et images de "Love Song" (1972/1976)
1973 J’obtiens mon DNSEP.
1974 J’enseigne à la Villa Arson à Nice.
1986 Durant leur deux mois de détention pour usage de drogue mes deux frères contractent le Sida.
Je peins la Série "Tchernobyl" (Peintures de borgne manchot).
1995 Série des "Véritable faux bons du trésor."
Lorand Hegy organise "L’abstraction humiliée", ma première rétrospective, Museum Moderner Kunst Stiftung Ludwig
(Autriche)
Parution de "La parole dite par un oeil", Ed. L’Harmattan.
1999 Xavier Girard me propose une rétrospective au MAMAC à Nice. Naissance de mon fils Loupio.
2000 Premier voyage en Afrique.
2003 Christian Bernard réalise et installe ma rétrospective NON 1967-2001 au MAMCO à Genève.
2005 Aujourd’hui je vis seul.
2009 MAC/VAL »