Salon d'Automne 2011

"Face aux foires d’art contemporain, outil privilégié d’une spéculation internationale où les bailleurs de fonds arrosent copieusement le réseau médiatique pour désigner les heureux élus du Marché, des poches de résistance sont identifiées un peu partout qui, sans aucun complexe, se dressent contre l’Empire. Le mouvement de sédition augmente chaque jour et les réseaux d’Internet, via Facebook notamment, révèlent l’ampleur de la résistance.

Tel le village d’Astérix, le Salon d’Automne, auteur en 2009 d’un Manifeste mettant en cause le diktat terrorisant d’une “esthétique” unique – si l’on peut parler d’ “esthétique” à propos de l’art contemporain – s’est rapidement positionné comme le lieu d’accueil de la création pluridisciplinaire, déclinée sur tous les modes et dans toutes les langues. Dès 2004, le Salon d’Automne renouait avec la “Fraternité des Arts”, invitant musiciens, comédiens, poètes et écrivains – Edouard Glissant et Patrick Chamoiseau furent de la fête – à dialoguer, à partager l’émotion artistique. Depuis cette date, plus de 4 000 artistes venus de tous horizons, peintres, sculpteurs, graveurs, photographes, décorateurs, auteurs de livres d’artistes, architectes, acteurs du street art… ont choisi notre société d’artistes pour y présenter et promouvoir leurs travaux. La voix des poètes d’hier (Emile Verhaeren, Eluard, Aragon) et d’aujourd’hui (Marc Quaghebeur, Jean-Louis Lippert, Yves Bonnefoy, Edouard Glissant, poètes venus d’Egypte et du Liban), le soutien d’artistes tels Stéphane Guillon, Laurent Terzieff, Robin Renucci, Didier Sandre ou Michael Lonsdale, celui du compositeur Philippe Hersant et des musiciens Bruno Rigutto, Didier Lockwood, Caroline Casadesus, Nima Sarkechik… le déploiement du théâtre et le succès de Jacques Mougenot, celui de l’art urbain par Max Lebon, etc., la passerelle tendue entre Le Salon d’Automne et l’Egypte par Okasha et Gamal El Shaer lors de la Biennale d’Art et de Littérature du Caire, les expositions du Salon d’Automne en Galice, depuis 2006, à Riyad et Moscou, en 2010, la création, le 10 mai dernier, du Salon d’Automne France-Brésil à São Paulo, la perspective d’un déploiement à Indianapolis en 2012… toutes ces interventions, nées d’une volonté inébranlable et d’une énergie considérable, ont contribué à faire vivre l’éthique de Fraternité des Arts et des Artistes…

Le silence assourdissant des ambassades de France lors de ces déploiements du Salon d’Automne à l’étranger ne laissent pas de nous interroger. Nous ne quémandons aucune louange, aucun privilège. De fait, la courtoisie d’usage réclamerait néanmoins un minimum de reconnaissance, ce qui, à ce jour, nous est refusé par les représentants de l’Etat français à l’étranger. Notons pourtant une belle exception de taille avec le soutien d’Yves SaintGeours, ambassadeur de France au Brésil, dans la création du Salon d’Automne France-Brésil à São Paulo… Nous aurions tort pour autant de prendre la posture de Don Quichotte. L’arrivée d’une multitude de nouveaux exposants de tous âges et la richesse exceptionnelle du programme artistique de cette édition 2011 témoignent d’une santé réjouissante, d’une popularité à nouveau en pleine ascension ! La farandole des 550 plasticiens professionnels – j’entends celles et ceux qui ont pris tous les risques d’une vie consacrée à l’art –, venus de France et des “quatre coins” de notre planète, se déroulera au rythme des concerts, intermèdes poétiques et manifestations diverses de l’art urbain proposées par l’Académie des Banlieues (exposition des affiches illustrant le thème “Respect et Egalité dans les Banlieues”, concert et danse hip-hop, performance graphique monumentale sur cellophane, défilé de mode, concert-performance de Nima Sarkechik et Jérémie Dauliac, débats, compositeurs électroniques (La Foudre et Air Frantz, etc.) au cours de cinq journées de folie sur les Champs-Elysées !

Le soutien de l’Etat, malgré la baisse des subventions du ministère de la Culture et de la Communication, celui de la ville de Paris, celui du Conseil régional d’Ile-de France, celui de la ville de Levallois et celui de nos partenaires privés sont un accompagnement ô combien précieux sans lequel notre navire resterait à quai. Interrogé récemment sur les ondes de France Musique après l’audition d’une chanson de Dalida, Frédéric Mitterrand soulignait son goût prononcé pour les “accents”, témoins de la diversité. Dès lors, cela ne fait aucun doute : le ministre va a-do-rer notre Salon !

Ici, point de dictature du goût : la diversité s’y déploie naturellement sur toute la ligne d’horizon de l’art, dans toutes ses expressions et sous toutes ses formes ! Elle est notre caractéristique souveraine, elle est l’empreinte de notre singularité, elle fait du Salon d’Automne la première manifestation de l’AlteRnaTive artistique de notre pays !

12 octobre 2011. Avec les premiers frimas de l’Automne souffle pour nos artistes un temps d’espérance et de joie. Les premières feuilles s’envolent, emportant les vers de Léon Moussinac :

Vendangeons la vigne et la chair
Enivrons-nous de l’avenir
Rien n’est fini mais tout commence
Dans la clairière aux certitudes
Un feu danse déjà debout

C’est la saison de se connaître."

Noël Coret - Ecrivain d’Art - Président du Salon d’Automne