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Photoquai 2011 |
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Musée du Quai Branly, ParisExposition du 13/09/11 - 04/12/2011Save the date : cap sur PHOTOQUAI 2013 ! PHOTOQUAI 2011 "Dans la continuité de la première biennale, créée en 2007, PHOTOQUAI 2011, dédiée à la photographie non occidentale, poursuit sa mission d’origine en faisant découvrir des artistes dont l’oeuvre est inédite en Europe. Mission fédératrice aussi puisqu’il s’agit de multiplier les croisements de regards en un système d’échange d’un lieu à l’autre. Après l’immense succès que les deux premières biennales ont connu en 2007 et 2009, aussi bien auprès du public que de la presse, nous avons étendu la durée de cette manifestation à presque trois mois, du 13 septembre au 4 décembre. Projections, conférences, colloque sur la photographie africaine scandent cet événement d’envergure internationale. La direction artistique revient cette année à Françoise Huguier, photographe et réalisatrice, femme de terrain qui a donné une vision sans complaisance des appartements communautaires de Saint-Pétersbourg comme des femmes africaines dont elle a peint l’intimité à travers son objectif, avec une infinie justesse. Pour cette nouvelle édition, elle a sélectionné en lien avec quinze commissaires dont Olivier Culmann pour l’Inde, Christine Eyéné pour l’Afrique, Christian Caujolle pour Cuba ou encore Mouna Mekouar pour le Maghreb, une quarantaine de photographes émergents de près de trente pays différents qui, par l’instantané et la magie de l’image, ont fixé un nouveau mode de rapport au monde. Les oeuvres sont une fois encore exposées sur les berges de la Seine suivant un parcours spécialement conçu par Patrick Jouin. Ce scénographe, partenaire de la première heure, conscient que, comme le disait Willy Ronis : « les photos sont pleines d’histoires », sait marier la couleur et le noir et blanc et faire alterner avec bonheur les formats ou les séries dans un souci permanent de mise en valeur de chaque mode d’expression individuel. Cinq photographes sont également présentés dans l’enceinte du jardin du musée, comme pour assurer le passage de l’espace urbain à un univers végétal touffu, labyrinthique et quasi initiatique. Chaque artiste se révèle par l’identité de son point de vue mais également par ses contextes de production et d’influences. Filiation directe ou clin d’oeil parodique, ce jeu de miroir, qui renvoie à des réalités et des repères différents des nôtres, tisse une véritable aventure du regard. Je remercie les partenaires associés cette année à ce projet, notamment la galerie Baudoin Lebon, la galerie In Camera, la galerie Paris Beijing, la Maison de l’Amérique latine, la Maison européenne de la photographie, le Petit Palais, la Polka Galerie, la tour Eiffel qui contribuent, à travers cette promenade esthétique dans Paris, à ouvrir des perspectives éclectiques sur la création contemporaine."
Stéphane Martin,
Président du musée du quai Branly
Richard Avedon disait du portrait : « le moment où une émotion est transformée en une photographie ce n’est plus une émotion mais une opinion. Toute photographie est exacte, aucune d’elle n’est la vérité. » Cette citation peut s’appliquer à toute oeuvre photographique. Aussi pour cette 3e biennale de PHOTOQUAI j’ai voulu montrer des vérités et non pas une vérité. Je propose un voyage à travers les obsessions, les fantasmes des photographes et leurs visions de la société. Le photographe a une distanciation par rapport au sujet qu’il traite, ce qui fait que son regard ne manque pas d’ironie ou de dérision. Heinrich Wölfflin écrivait : « A voir autrement, on voit autre chose ». Certains s’expriment par une photographie du réel, d’autres le mettent en scène, d’autres encore le conceptualisent. Ces visions transversales de la photographie contemporaine vont nous rapprocher de mondes qui vont à l’encontre de la globalisation, explicites dans leurs différences et leur possible étrangeté. PHOTOQUAI est aussi un voyage nourri du regard des photographes sur leur société et sur une autre culture que la leur. Ils sont pour nous des veilleurs, des gardiens, nous empêchant de nous endormir. Il était important pour moi que la recherche des oeuvres se fasse en étroite collaboration avec les commissaires pour donner à voir d’une part des artistes émergents, d’autre part des artistes n’ayant pas l’opportunité d’être diffusés. Bien sûr il y avait la possibilité offerte par internet mais rien ne vaut une recherche plus profonde dans différents pays pour en sonder le subconscient. La rencontre des photographes chez eux, dans leur contexte, permet de dépasser notre confort intellectuel d’Occidental qui nous empêche trop souvent d’aller regarder ailleurs. Cette curiosité active nous force à comprendre l’inspiration et les conditions de réalisation de l’oeuvre d’un photographe, et comment celui-ci se situe dans les problématiques de son environnement. Ainsi Pang KheeTeik en Malaisie met en scène dans son oeuvre la censure de l’homosexualité, et Charles Lim, transgresse les codes rigides de la société singapourienne. La recherche in situ à Cuba nous montre le renouveau photographique d’une société en questionnement et en pleine mutation, ancrée dans une politique culturelle héritée de la révolution. Le Marocain Hassan Hajjaj se joue avec humour des références et des stéréotypes orientalistes pour questionner et confronter, derrière le voile du superficiel, les codes et les usages de la société de consommation occidentale. A Bahreïn, pendant que la révolution gronde, la « promenade » de Camille Zakharia donne à voir le déclin d’une civilisation de la mer balayée par un urbanisme sans retenue. Parfois deux artistes aux antipodes géographiques et culturels se rencontrent autour de la souffrance d’une jeunesse victime d’une société où elle n’a pas le droit de s’exprimer : reportage sur l’automutilation des jeunes filles au Japon par Kosuke Okahara et mise en scène du suicide d’un adolescent en Afrique du Sud par Mack Magagane. Cette recherche au contact des artistes nous permet aussi de connaître leurs conditions de travail et de diffusion de leur oeuvre. Bien que certains restent attachés à l’argentique, l’arrivée du numérique n’a pas tari l’envie de s’exprimer, au contraire. Cette dualité touche tous les photographes de près. Je me suis refusée à prendre parti dans ce débat pour me concentrer sur la créativité et son résultat. Malgré la censure, l’autocensure ou le manque de moyens, j’ai été moi-même étonnée en allant à la rencontre des artistes dans différents pays, de voir tant de vitalité, d’inventivité et de profusion photographique. Une des idées fortes de cette 3e biennale était d’insister sur des régions du monde peu prospectées et peu vues : Cuba, Asie du Sud-Est, Afrique de l’Est… En Tanzanie, pays à l’écart des circuits photographiques, j’ai découvert une effervescence créative à Daar Es Salaam, avec notamment Mwanzo Milinga et Sameer Kermalli ; en Inde nous avons pris le parti d’une photographie très éloignée de l’influence occidentale et pour la Russie, à l’image du cinéma d’Alexei German, une inspiration photographique allant de la poésie à la violence. Pour faire rupture avec les deux premières biennales, la troisième investit les jardins du musée, qui sera un parcours initiatique plus intime où la multiplicité des regards invite à la découverte de l’autre comme un autre soi-même. Sur les quais nous avons réduit le nombre d’artistes exposés, de façon à donner plus de visibilité à leur oeuvre, avec un système d’accrochage en modules, comme les pages d’un grand livre d’images. Comme l’ont espéré ses fondateurs, PHOTOQUAI 2011 se fait l’écho de la créativité, non pas de la « sono mondiale », mais de la « photo mondiale ».
Françoise Huguier -
Directrice artistique de PHOTOQUAI 2011
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