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Pascal Convert |
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Avec ses premières oeuvres graphiques et ses premiers moulages de diverses parties de son propre corps, Pascal Convert se saisissait de matériaux personnels et quotidiens – son appartement, ses bras, ses objets usuels – pour en fixer le souvenir. Au début des années 90, l'artiste délaisse ces traces autobiographiques pour se tourner vers l'histoire collective et ses personnages enfouis ou oubliés : le résistant Joseph Epstein, Anna Politovskaïa ainsi que Lucie et Raymond Aubrac. Si Pascal Convert produit également des oeuvres audiovisuelles de type documentaire, la technique de l'empreinte constitue le processus fondateur de sa démarche.
Sensiblement attaché à l’histoire et au souvenir, Pascal Convert explore le potentiel de l’image à devenir elle-même lieu de mémoire. En réponse à la sur-médiatisation visuelle, il opte pour un travail de reconstitution du réel tout en retrait et en silence. Usant de matériaux qui fonctionnent tant sur le plan symbolique que sur le plan physique, puisqu’ils sont plus vivants que l’image en deux dimensions et capables de conserver les empreintes du corps, Pascal Convert imprime en sculpture et pour l’éternité, la trace des tragédies passées.
L'exposition est consacrée à une pièce majeure de l'artiste français Pascal Convert, soit la Madone de Bentalha. Un documentaire ainsi qu'un montage photographique accompagnent l'œuvre et la contextualisent. La Madone de Bentalha est une majestueuse transposition en cire de la célèbre photographie de presse d'Hocine Zaourar présentant une femme éplorée devant le massacre survenu à Bentalha pendant la guerre civile algérienne. Cette photo a fortement marqué l'actualité politique des années 1990 en Algérie. À cette époque, qualifiée de décennie noire, un processus électoral interrompu donne lieu à une guerre civile durant laquelle 150 000 à 200 000 personnes sont tuées.
Rappelons les faits :
Pendant la nuit du 22 au 23 septembre 1997, des bombardements ont lieu à Bentalha, une petite ville de la banlieue d'Alger. Enfants, femmes et hommes sont attaqués, brutalisés, égorgés. Les autorités en place font état de 85 morts. En réalité, il y aurait eu environ 600 morts. À l'époque du massacre de Bentalha, Hocine Zaourar est affecté à l'Agence France-Presse. Le lendemain du drame, avec quelques rares journalistes, il quitte Alger pour Bentalha malgré une forte présence policière sur les lieux. Il se rend, notamment, à l'hôpital Zmiri d'El Harrach où ont été transportées les victimes. C'est là qu'il prend la photographie, alors titrée Massacre de Bentalha, qui deviendra l'image culte diffusée comme la Madone de Bentalha. Celle-ci fait la une de la presse mondiale et apparaît sur 750 couvertures le même jour. La veille de la remise du prix World Press 1997 qui récompensera le travail d'Hocine Zaourar, Oûm Saad, la femme qui a été photographiée, fait une sortie médiatique. Elle porte plainte pour droit à l'image, diffamation et informations mensongères, notamment du fait de sa culture musulmane au sein de laquelle le motif de la madone est étranger. Le procès intenté contre le photographe aussi bien que contre l'Agence France-Presse aboutit à un non-lieu en 2003. Encore aujourd'hui, l'écho de cette polémique se fait entendre.
En s'appropriant cette image tragique et en actualisant le thème de la lamentation, Pascal Convert expose à la fois son intérêt pour le documentaire comme genre artistique et sa filiation à une longue tradition de la sculpture religieuse. On ne peut qu'imaginer avec étonnement l'incroyable défi qu'a constitué la réalisation de l'œuvre, faite entièrement de cire polychrome. D'échelle humaine, la figure exprime une souffrance qui renvoie non seulement à l'événement qui en est le prétexte, mais à toute l'iconographie chrétienne de la pietà.