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Martin Szekely |
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Centre Pompidou, ParisExposition du 12 octobre 2011 au 2 janvier 2012L'exposition Martin Szekely présente un ensemble de pièces appartenant pour la plupart au Musée national d'art moderne et autres collections nationales. Sont également présentés les produits réalisés pour l'industrie. Le travail de recherche de Martin Szekely s'attache à apporter des réponses renouvelées à des usages intemporels. S'il prend en compte les possibilités techniques et technologiques mais aussi culturelles du moment, il va cependant bien au-delà de l'invention de formes et d'images.
L'exposition s'efforce de créer les conditions pour
que le visiteur soit incité à une lecture privilégiée
de chacune des oeuvres présentées et conduit à
comprendre les fondements de ce travail.
Un film de Mark Lewis, ayant comme protagoniste l'un
des objets de l'exposition, introduira à cette approche
singulière.
"Ne plus dessiner". En 1996, Martin Szekely déclare vouloir désormais placer son travail sous l'égide de cette règle. Si cette déclaration peut sembler provocante chez un "designer" consacré comme tel en 1983 alors même qu'il signe sa première pièce, la magistrale chaise longue Pi, il s'agit pourtant d'un réel engagement et d'un renversement assigné à la position du créateur. À travers textes et objets, cette exposition permet d'approcher les fondements d'une démarche singulière et d'en constater les effets sur les réalisations de ces quinze dernières années. Un film de Mark Lewis, réalisé pour cette occasion, apporte une contribution majeure à cette tentative d'élucidation du sens d'une oeuvre qui s'impose tout en restant énigmatique. "Ne plus dessiner", c'est sans aucun doute signifier un retrait face à l'emballement de la consommation effrénée de biens et de signes, mais c'est plus profondément et en premier lieu le refus affirmé de mettre en avant son moi, sa propre subjectivité, c'est faire le choix de ne plus s'appuyer sur celle-ci en tant que moteur de création. Ne plus s'exprimer en tant qu'auteur, permet de mettre en évidence ce que Martin Szekely appelle "les pierres dures" qui constituent le propre des objets : "leur origine, leur définition, leur mise en oeuvre et leur destination." Ce travail de mise à distance et d'analyse permet de révéler, en creux, ce que sont les objets : la permanence de leurs nécessités objectives, supporter et contenir, associées à des valeurs plus subjectives et symboliques relatives aux usages et coutumes. Il s'agit dès lors de les faire exister grâce aux matériaux et aux techniques d'aujourd'hui. Entre la neutralité de leur définition et l'impersonnalité des technologies qui nous sont communes, chaque nouvelle pièce lance un fil tendu à l'extrême. Écartant tout ce qui risquerait d'en rompre l'équilibre, cette méthode de création, au plus juste, ou rien ne peut être rajouté ou retranché, laisse l'objet disponible pour tous les usages, pour toutes les formes d'appropriation et de jouissance offertes au destinataire : une économie, dont la dimension éthique génère in fine la dimension esthétique. Le travail de Martin Szekely nous conduit à nous interroger sur la place qu'occupent les objets non seulement dans nos vies ordinaires mais aussi sur la scène de l'art. Pierre Staudenmeyer avance à ce sujet : "Les meubles occupent un terrain humble sur le territoire de l'art, à cause de leur implacable appartenance à la fonctionnalité et pourtant par là même, ils ont un pouvoir que les oeuvres d'art n'ont pas."
Françoise Guichon Commissaire de l'exposition
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