Louis de Boullogne (Paris, 1654-1733)

Cette première exposition monographique consacrée à l’artiste permet de rendre justice au talent de dessinateur hors pair de Louis de Boullogne et de découvrir, à travers plus de soixante feuilles, une importante partie du remarquable corpus de ses oeuvres conservé par le département des Arts graphiques du musée du Louvre.

Né dans une famille de peintres, Louis de Boullogne (Paris 1654- 1733) est représentatif de cette génération d’artistes français née vers le milieu du XVIIe siècle qui, longtemps éclipsée par le rôle flamboyant d’un Charles Le Brun (né en 1619) et le charme voluptueux d’un François Boucher (né en 1703), reste inégalement connue.

Comme son frère Bon, comme ses soeurs Madeleine et Geneviève (premières femmes académiciennes), il est formé par son père Louis dit l’Ancien et suit l’enseignement de l’Académie de peinture et de sculpture où il occupera plus tard les plus hautes fonctions. Son parcours s’inscrit alors dans le cursus classique des artistes de l’époque. Grand Prix en 1673, il part pour Rome. Dès son retour il intègre la Compagnie et sera présent sur tous les chantiers royaux : Versailles (au château et à la Ménagerie), Trianon, Marly, Fontainebleau, Meudon.

Il travaille aussi pour les Condé à Chantilly (au château et à l’église où les tableaux sont encore en place) et, en 1707, affichant la permanence de son adhésion à l’esthétique bolonaise, il donne pour le château de Rambouillet deux oeuvres magistrales sur le thème de Diane dont les dessins préparatoires révèlent son exceptionnel talent de dessinateur.

L’exposition évoque ces grands moments de son oeuvre profane tout comme les différents aspects de sa production religieuse. Dès 1685, puis en 1695, il reçoit la prestigieuse commande du May pour Notre-Dame de Paris où il contribue en 1713-1715 au décor du choeur. Grâce à la richesse du fonds du département des Arts graphiques, l’accent est mis sur cette commande ainsi que sur celle de la chapelle du château de Versailles, que des feuilles préparatoires variées permettent d’évoquer dans sa diversité. On n’aura garde d’omettre sa transcription de la vie de saint Augustin aux Petits-Pères et aux Invalides dont le décor subsiste toujours. Louis de Boullogne participe en effet à tous les importants chantiers religieux de son temps y compris pour la chapelle du fort Saint-Nicolas à Marseille, contribution oubliée jusqu’à il y a peu.

Après avoir franchi tous les degrés d’une carrière classique à l’Académie, il en devient Directeur en 1722. La même année, il est nommé dessinateur du roi pour les médailles. L’exposition est l’occasion de proposer au visiteur cette part peu connue de sa production.

Toujours en 1722, il est fait chevalier de l’Ordre de Saint-Michel. Anobli en 1724, il est, l’année suivante, nommé Premier Peintre du Roi. Sa carrière s’inscrit dans le trajet d’une remarquable ascension sociale que poursuivront ses enfants, dont Jean qui sera Contrôleur général des Finances. Il est aussi le grand-père de l’abbé de Saint-Non, amateur, artiste lui-même et grand ami de Fragonard qui en brossa un portrait plein de vivacité, aujourd’hui conservé au Louvre.

Son style souple, élégant, assure avec brio la transition entre la période dite classique et la production rococo. L’exposition qui évoque le brillant parcours de l’artiste permet aussi d’illustrer les multiples facettes de son art de dessinateur et d’en apprécier l’immense talent.