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Juger Eichmann Jérusalem 1961

Mémorial de la SHOAH, Paris

Exposition du 8 avril – 30 septembre 2011




Le 11 avril 1961 débutait à Jérusalem, l’un des procès les plus spectaculaires de l’histoire contemporaine : celui d’Adolf Eichmann.

Alors que la plupart des pays européens cherchaient tant bien que mal à refouler les souvenirs de la Seconde Guerre mondiale, l’annonce inopinée de la capture puis du jugement d’un homme présenté, non sans exagération, comme l’un des principaux architectes de la « Solution finale », rouvrait un dossier resté en suspens depuis Nuremberg. Événement total, entièrement filmé, le procès d’Adolf Eichmann, l’un des coordinateurs de la politique nazie d’extermination des Juifs, a connu un retentissement considérable. Il constitue le premier grand procès individuel des crimes commis dans le cadre de la Shoah par une juridiction nationale. Il soulève la question de savoir comment juger, malgré le temps écoulé, des crimes d’une nature et d’une ampleur sans précédent tout en évitant les écueils d’une justice d’exception, contraire aux principes démocratiques. Il n’est pas le premier procès à donner la parole aux survivants de la Shoah, mais il constitue une tribune exceptionnelle pour les témoins, en Israël, pays qui n’existait pas au moment des faits. Le procès Eichmann déclenchera ainsi un débat jamais réellement clos sur l’identité israélienne. Enfin, héritier de Nuremberg et précurseur des procès plus récents, le procès Eichmann propose la première interprétation officielle, discutée de manière contradictoire en présence d’un de ses acteurs de premier plan, du processus qui a conduit à l’extermination de cinq à six millions de personnes en quelques années à peine. Rarement un procès a montré avec une telle intensité les relations à la fois étroites et conflictuelles entre la justice, la mémoire et l’histoire, un trinôme devenu l’une des composantes essentielles de la manière dont les sociétés contemporaines abordent le passé.

A l’occasion du cinquantième anniversaire de cet événement, le Mémorial de la Shoah présente une exposition exceptionnelle comprenant des originaux issus des archives du Mémorial (Centre de documentation juive contemporaine – CDJC) et qui furent fournies à l’accusation pour le procès, mais surtout de nombreux documents et films originaux rendus disponibles dans le cadre d’un partenariat avec les Archives de l’État d’Israël qui conservent l’intégralité de ces sources : extraits de l’interrogatoire préliminaire et des journaux tenus par Adolf Eichmann en prison, enregistrements sonores, photographies ou réactions au procès. Ces archives sont complétées par d’autres dont des extraits de la correspondance de Hannah Arendt ou de David Ben Gourion, alors Premier Ministre, et des documents prêtés par le gouvernement argentin. Enfin dans le cadre de ce partenariat, l’intégralité des images du procès, filmées par Leo Hurwitz (environ 250 heures) seront consultables dès l’ouverture de l’exposition au Mémorial de la Shoah, seul dépositaire de la totalité de ces films en Europe.



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