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Guillaume Robert - La paupière, le seuil

Les églises, Chelles

Exposition du 9 octobre 2011 au 15 janvier 2012




Guillaume Robert
Guillaume Robert, "Last leaves", photographie contrecollée sur dibond, 120 x 90cm, 2010 - source : DP exposition "La paupière, le seuil", Guillaume Robert, Les églises, Chelles 2011

L'exposition "La paupière, le seuil" de Guillaume Robert au centre d’art contemporain Les églises de Chelles se déroule du 9 octobre 2011 au 15 janvier 2012.

La paupière, le seuil propose une installation multimédia (vidéographie, lumière, son, scénographie) à partir du principe de sédimentation des couches filmiques.

  • Traitement global de l'espace : un espace gradué

    L’installation se saisit de l’ensemble de l’espace en y proposant un dégradé, un délitement entre la représentation vidéographique et l’espace du spectateur, comme si se déployait un jeu de contamination d’une abstraction vers le concret du mobilier.

    Il s’agit de prolonger, de redoubler physiquement le processus in situ de fabrication de l’objet vidéographique.

    Ce sont en effet les mêmes matériaux, les mêmes formes qui servent et le tournage et l’exposition : depuis la captation de la première couche vidéographique jusqu’à l’exposition de l’installation nous procédons par variation. Le traitement global de l’espace s’agence en conséquence du principe de construction vidéographique, il en est une excroissance concrète.

    Les différentes couches vidéographiques provoquent le délitement : les couches premières, celles issues des premiers tournages, sont détériorées, salies par les re-captations. Elles sont moins illusionnistes, davantage picturales, matiérées. Les couches dernièrement tournées sont au contraire plus limpides, l’illusion de la représentation se clarifie, et le réel, ce qu’il y a de présent, vient en prolongement.

    Nous avons plusieurs outils afin de jouer de cette graduation globale. Le premier est donné par l’architecture du lieu (deux petites églises n’en formant plus qu’une). Le second par l’élaboration de modules mobiliers (tables, bancs, scénette) mis au service du tournage, de la projection finale et du public. Le travail sonore intensifie également ce continuum, spatialisant un lointain et des seuils d’approche, travaillant par métamorphose d’une source sonore unique, un coup de pistolet d’alarme enregistré dans l’espace des églises.

  • Traitement local de la surface : l'étendue de la maquette

    La paupière, le seuil, outre ces enjeux formels, entend proposer une forme minimale mais lyrique de narration. Faire vivre la forme en convoquant du monde, en embrassant du paysage.

    L’objet vidéographié est une grande maquette représentant une étendue, comme une vue d’avion, comme un saut dans google earth. Elle ne travaille pas un réalisme, mais se montre en accumulant des couches de matériaux divers, des plaques de bois, de métal, de plexiglas... Un feuilletage composé par variation d’une couche filmique à l’autre.

    Nous ajoutons une dimension temporelle à cette amorce physique de scénario : faire apparaître une journée, aube, aurore, midi, crépuscule, nuit, et la météorologie changeante... Ici interviennent les mouvements de caméra et surtout le travail de la lumière. Une lumière sans cesse changeante (intensité, teinte, angle), glissements, métamorphoses lentes, flottantes. La lumière travaillera en variation d’une couche filmique à une autre. Une lumière qui sera également un acteur essentiel du temps d’exposition, y poursuivant sa partition. Nous devons, en vue du temps d’exposition, concevoir alors les outils permettant une diffusion synchronisée de la lumière, de la vidéo et du son.

    La partition lumière et vidéographique dure 30mn, elle s’achève sur le blanchiment successif des couches vidéographiques pour se conclure sur une mise à nu de l’espace réel, crescendo vers le plein feu.



  • Oeuvre et fonction scénographique

    Ainsi que le laisse entendre le traitement global de l’espace, un des enjeux essentiels de cette pièce est de penser le lien entre ce qui se passe sur l’écran et l’espace hors écran. Leur imbrication est portée par les spécificités du processus de création vidéographique.

    Le mobilier se fait support de l’étendue maquette, aussi table de travail, écrans. Il est également assise pour le spectateur. Pourtant certaines assises ou tables ne privilégient pas la place idéale du spectateur, elles se trouvent excentrées ou lointaines. Elles sont là en puissance, elles fabriquent du potentiel, elles se font agrès, elles provoquent une fonction performative (prise de parole, lecture, performance, retrait...).

    La paupière, le seuil propose de montrer cette potentialité et de ponctuellement l’activer. La pièce devient alors un contexte jouant sur le basculement entre installation et scénographie, devenant un terrain d’expérimentation, un terrain de jeu, un terrain à penser, à danser, une amorce.

    La création de La paupière, le seuil nécessite la collaboration avec différents artistes et techniciens (musicien, éclairagiste, régisseur vidéo, programmeur...). Cette exposition inclut également l’invitation faite à des philosophes, critiques d’art, chorégraphes, performeurs, invitation à venir s’y proposer, s’y essayer, s’en emparer ou s’y fondre...

    Guillaume Robert - Note d'intention de l'artiste



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