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Mauvais genre

Galerie Sollertis, Toulouse

Exposition du 26 mai au 2 juillet 2011




Article en relation : exposition Mauvais genre, Galerie Sollertis, Toulouse, 2011.

Frédéric Clavère collectionne des images, de très nombreuses images, issues de différentes origines (livres, magazines, photos de presse, publicités, bandes dessinées), qu’il accumule ou classe dans des dossiers selon des thématiques précises (corps, membres de corps, organes, planches anatomiques, sacrifications ou tatouages, animaux, photographies d’histoire ou de guerre, personnages historiques, clichés de cinéma, violences politiques et manifestations diverses, objets insignifiants, paysages urbains, architectures). Toutes ces images sont au départ choisies uniquement pour leur valeur picturale, leur qualité propre : leur puissance iconographique en somme. Il en possède aujourd’hui plus de deux milles qu’il consulte ou utilise selon ses besoins.

Ces images peuvent aussi être des dessins qu’il produit lui-même. Des dessins où s’accumulent des objets, des mots, des phrases, des scènes ou de micro-scènes. Rien qui ne soit projet d’oeuvres à venir, mais tout qui puisse être projeté (dans des tableaux, des installations, ou dans d’autres dessins plus construits). Des images exutoires où l’on peut lire par exemple : « je pense comme une petite fille / je vois comme un colibri / je peins/ mal/ bien/ comme je pense / comme on me dit. » Des carnets de notes en somme. Des objets à lire pour une base de travail non ellébore.

Puis vient le temps de l’association de ces images qu’il projette directement sur la toile selon les principes du photomontage, puis du collage, dans l’espace même de son atelier avec l’aide de rétroprojecteurs. Un mur de chiffre colorés et pop forment le fond décoratif d’un groupe de personnages : un éléphant muni de deux sexes d’hommes en érection, trois hommes chauve-souris, un couple satisfait assis sur un canapé en buvant du champagne, une femme tigre aux ailes immenses pénétrant en homme-cerf (La Tentation, suite et fin, 1999-. Ou bien, plus simplement, un homme nu, tenant un revolver pointé vers le ciel, assis sur un cheval impassible, lui même tenu en laisse et dirigé par un papillon flottant dans l’espace (Le cavalier de l’Apocalypse, 1998)

Une fois assemblées, ces images forment des scènes étranges. Leur association semble issue de rêves complexes, de cauchemars insondables où peuvent se mêler, à tout instant, désirs et fantasmes à la valeur hypothétique d’un récit onirique. Même s’il s’en défend, son oeuvre constitue une source inépuisable d’interprétations psychanalytiques associant voyeurisme et inconscient aux jeux de rôles et de situation. Pour preuve la répétition de ces scènes dans lesquelles on retrouve une situation d’acteur/témoin/observateur, ce qui constitue non seulement un fondement de l’histoire de la construction picturale, mais surtout l’archétype même de l’interprétation signifiante des désirs.

Eric Mangion

Extrait de V.I.T.R.I.O.L (portrait décousu d’un bestiaire projeté) in Frédéric Clavère, 2007, Sextant et plus, le 19, Monografik éditions



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