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Fayçal Baghriche

Biographie Fayçal Baghriche


Le plasticien Fayçal Baghriche naît en 1972 à Skikda en Algérie.

Privilégiant les formes de la performance, de la photographie et de la vidéo, l’oeuvre de Fayçal Baghriche met en exergue les stéréotypes tacites qui supportent et codifient les échanges entre individus.

Reproduisant des scènes du quotidien, l’artiste y introduit de légers décalages de manière à révéler les automatismes et réflexes langagiers et comportementaux qui définissent l’affiliation de ces scènes à une structure signifiante.

Si tout langage est le reflet de ce que nous sommes (Roland Barthes), Fayçal Baghriche, en dévoilant les aspects normatifs de notre langage commun, procède à une mise à distance critique du fonctionnement de notre société.



Fayçal Baghriche : quelques oeuvres


  • Klunking noise - Vidéo couleur, 2mn, muet, 2008

    "Adolescent, j'avais l'habitude de me mettre au lit avec un walkman, et de m'endormir en écoutant mes cassettes favorites. Consciencieusement, j'enfonçais l'oreillette marquée d'un "R" dans mon oreille droite et celle marquée d'un "L" dans mon oreille gauche. Et longtemps j'ai pensé que l'oreillette droite était défectueuse car le son qui s'en dégageait était très faible. Une nuit, en inversant par erreur les deux écouteurs, je découvris avec effroi que le problème venait de mon oreille et non de l'appareillage.

    Depuis que je possède un lecteur DVD, je regarde les films en sélectionnant l'option soustitrage pour sourds et malentendants. Cette fonction disponible sur de nombreux dvd du commerce rend les productions audiovisuelles accessibles aux personnes souffrant d’une déficience auditive. Le texte affiché en bas de l'écran retranscrit les paroles des personnages, donne les indications de bruits, de musiques et de voix off. Je me suis mis à collectionner les séquences dans lesquelles la transcription textuelle des sons associée à l'image crée un nouvel espace dans le film. Ainsi, peut-on voir par exemple Steeve Mc Queen marcher dans un parc et en sous-titre : "Un chien aboye", ou encore une explosion sous-titrée "opera music". Parmi les extraits de films que je collecte, cette séquence issue de Marnie d'Alfred Hitchkock est probablement la plus significative dans ma recherche. C'est une séquence que le réalisateur a voulu silencieuse, et qui dans sa structure même met en jeu les questions de perception du son.

    Cette démarche de collectionneur spécifiquement domestique est intimement liée à l'usage du DVD. C'est une démarche de "cinéphile conjoncturel" qui ne tient pas compte de la qualité du film mais du rapport qui s'établit entre celui-ci et son support de diffusion."
    Fayçal Baghriche

  • Point, ligne et particules - Vidéo, 2mn en boucle, 2008

    "Cette vidéo est le résultat d’une action simple et minime, un geste nonchalant appliqué sur un tracé déjà établi : La ligne de chemin de fer. Dans Point, ligne et particules, je bombe un train à l’arrêt, lorsque celui-ci démarre, se dessine une ligne; dès qu’il prend de la vitesse, la peinture n’adhère plus à la surface, et un nuage de particules se diffuse dans l’air. Le film prend à contre pied la théorie des figures géométriques élémentaires selon laquelle une ligne droite est le produit d’une force appliquée dans une seule direction. Ici, la force unique qui crée le trait est exercée par le support lui-même et non par l’artiste. Mon action se limite à pointer un repère sur le train, lequel dessine sa propre forme, sa propre vitesse."
    Fayçal Baghriche

  • Le saut sans le vide - phtographie, 18 x 24 cm, 2005

    "Une composition performative pour une centaine de radioréveils, la mise en scène de sa propre disparition derrière le bout rouge incandescent d’une cigarette, l’inventaire de tous les drapeaux du monde dont il ne garde que les étoiles sur fond bleu... Fayçal Baghriche propose une vision du monde dans laquelle histoire de l’art et culture populaire, mythologies et spectacle se côtoient et se confondent.

    Partant de la figure de l’artiste démiurge et du culte actuel de la mise en scène de soi et du corps, il en propose des alternatives burlesques en faisant par exemple tourner le monde à l’envers autour de lui dans le film “Le sens de la marche”, en déclinant son curriculum vitae pour proposer ses compétences dans les rames du métro parisien (“Le marché de l’emploi”) ou en s’effondrant au milieu des allées de la Fiac.

    La dynamique de la chute – et de l’ascension qui la précède – occupe une place centrale dans son travail. C’est notamment le cas avec Le saut dans le vide (2004) qui reprend la photographie mythique de Harry Schunk "attestant" de l’action héroïque d’Yves Klein se jetant dans le vide à Fontenay aux Roses. Dans le cliché retouché par l’artiste ne subsiste que le décor désolé de cette action : la vue en noir et blanc d’une rue banale quelque peu triste avec au fond, un homme de dos sur son vélo. En jouant sur l’effacement de cette action artistique "historique" et sur la véracité supposée du document photographique par le biais d’une simple soustraction, il souligne ainsi la mise en scène de l’oeuvre originale et interroge la capacité de l’artiste à accomplir des actions extraordinaires. Si les oeuvres de Fayçal Baghriche sont d’une manière générale traversées par l’idée de disparition, elles éveillent davantage la conscience d’un monde fini dans un désenchantement lucide empreint de poésie."
    Y. Gourmel

  • Révolutions - vidéo, 15 mn, 2005

    "Il est possible à une communauté réduite, autonome et structurée d’habiter l’organisation conventionnelle d’un lieu. Sa viabilité dépend de la discrétion dont elle fait preuve. Le projet du film consiste à mêler une foule de figurants à la foule des visiteurs présents dans un lieu public. Inspirée des actions spectaculaires menées par certains groupes d’activistes soucieux de sensibiliser le public à leur cause, ma proposition a la vocation d’être la plus discrète possible. L’action et le propos politique sous-jacent, ne peut alors être décelé que par un potentiel observateur attentif. Pour le plus grand nombre, l’action n’aura jamais existé.

    Le film se déroule sous la grande pyramide du Louvre. Posté avec une caméra en hauteur, je filme le hall d’entrée du Musée et le système d’escalators par lequel arrivent et partent les visiteurs. Les personnes sortant empruntent l’escalator de gauche pour rejoindre l’extérieur, les nouveaux venus arrivent par l’escalator de droite. Je mets en scène une trentaine de figurants auxquels je demande de se déplacer en circuit fermé. Ils descendent par l’escalator de droite, prennent celui de gauche qui les monte au premier palier, puis prennent à nouveau l’escalator de droite et ainsi de suite pendant une vingtaine de minutes. Ils accomplissent chacun une dizaine de révolutions. Compte tenu du nombre important de caméras dans l’enceinte du musée, celle destinée à l’action que je mets en place passe complètement inaperçue."
    Fayçal Baghriche

  • Tel je fus comme tu es, tel je suis tu seras - Bâtons luminescents, 2006

    "Les bâtons luminescents sont des tubes de plastique souple contenant deux produits chimiques isolés. Par torsion du bâton, les substances entrent en réaction pour produire une chimioluminescence. La lumière fluorescente obtenue dure près de douze heures, puis s’atténue progressivement. Ne nécessitant aucune source d’énergie externe, le « Light sticks » fut utilisé en premier lieu par l’armée en tant que lumière de détresse, puis son application s’est étendue aux pratiques à risques en milieux obscurs tels que la spéléologie ou la plongée sous-marine.

    La souplesse du matériau ainsi que la lumière fluorescente libérée m’ont incité à établir des corrélations factuelles avec le tube de néon largement utilisé pour les enseignes publicitaires et plus tardivement dans le champ de l’art contemporain.

    Souhaitant interroger l’utilisation du néon dans l’art contemporain en particulier et porter un regard critique sur celui-ci j’ai utilisé les bâtons luminescents afin de créer un dialogue conceptuel entre ces deux formes génératrice de lumière. L’une soumise à la temporalité et vouée indéniablement à l’extinction et l’autre incapable de penser sa fin. Le bâton luminescent, à la lumière éphémère se donne en exemple pour attester de sa propre finitude et de celle qui à terme guette le Néon.

    La phrase que je décide d’inscrire réinvestit une formule de la vanité énoncée dans « Le dit des trois morts et des trois vifs », récit largement propagé dans l’Europe du XIII ème siècle et qui a inspiré les premières représentations mimétiques de la mort. Trois vivants (généralement des nobles) tombent en chemin sur trois cadavres. Ceux-ci les exhortent à se repentir : «Tel je fus comme tu es, et tels je suis tu seras / Richesse, honneur et pouvoir sont dépourvus de valeur au moment de votre trépas»".
    Fayçal Baghriche

  • Fayçal Baghriche fume - performance à la Galerie Corentin Hamel 2004, Paris

    "Une bastos , c’est une balle et une marque de cigarettes. Pendant la guerre d’Algérie, pour ne pas se faire repérer la nuit, les soldats français fumaient les cigarettes fournies par l’armée – les Bastos – en dissimulant le bout incandescent à l’intérieur des canons de leurs fusils. Parfois, les mégots restaient dedans, jusqu’au tir. Ils tiraient une bastos.

    Fayçal Baghriche s’est enfermé dans la Galerie Corentin Hamel obscurcie pour l’occasion afin de fumer la totalité d’un paquet de Bastos."

  • Le sens de la marche - Vidéo, 5mn, 2002

    "Dans la vidéo Le sens de la marche le cours du temps s’est inversé. L’artiste immobile apparaît comme la seule figure raisonnable d’un monde qui marche à l’envers. Fayçal Baghriche est debout à un carrefour de rue, aucun signe ne le distingue des autres individus mais son immobilité génère une lecture distanciée et transforme la scène en véritable chorégraphie, l'attention se reporte sur la répétition des gestes des passants, sur l'absurdité d'une marche sans destination apparente et sur l'autorité des trajectoires induites par l'urbanisme. La société est stigmatisée pour sa dépense d'énergie et son aveuglement dans sa course effrénée. La présence impassible de l'artiste au coeur de cette agitation urbaine nous interroge sur ce qu'il peut faire et sur l'inaction comme méthode susceptible de perturber un système."



    Expositions Fayçal Baghriche (sélection)


  • 2010 : Fayçal Baghriche, "Quelque chose plutôt que rien" - Le Quartier, Centre d'art contemporain de Quimper



  • arts plastiques contemporains
    homme invisible
    Galerie d'art contemporain
    Peintures, sculptures et objets d'art