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Maya, de l'aube au crépuscule |
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Musée du Quai Branly, ParisExposition du 21/06/11 – 02/10/11Article de Référence : exposition Maya, de l'aube au crépuscule, Musée du Quai Branly, Paris, 2011.
Considérée comme l’une des plus éminentes cultures précolombiennes, la civilisation maya s’est développée en Amérique centrale. Les édifices monumentaux, l’essence artistique, l’évolution sociale, l’écriture en hiéroglyphe, les systèmes de calendriers et de numération sont autant de découvertes uniques que cette civilisation a su apporter à l’histoire de l’humanité. Près d’un siècle de fouilles archéologiques sur le sol guatémaltèque ont révélé les richesses de cette civilisation, apportant ainsi sa pierre à l’édifice complexe de l’histoire préhispanique. L’exposition propose un parcours chronologique en 4 séquences. Les 3 premières correspondent aux 3 principales périodes définies par les scientifiques qui ont marqué la civilisation maya du Guatemala : le Préclassique, le Classique et le Postclassique. Elle propose un parcours à travers de magnifiques céramiques, monuments et bijoux élaborés depuis des temps reculés jusqu’en 1524, année où débarquèrent les premiers Conquistadores sur l’ancien règne K’iche, puissant bastion préhispanique de l’Altiplano de la république guatémaltèque actuelle. Au cours de son évolution, la culture maya guatémaltèque aurait suivi en partie un déplacement géographique au fur et à mesure de ces 3 périodes : du littoral pacifique et des Hautes Terres (ère Préclassique) vers les Basses Terres du sud (ère Classique) puis vers les Basses Terres du nord (ère Postclassique). Les récentes découvertes montrent toutefois que la région des Basses Terres était également dynamique à l’époque Préclassique, puisque qu’on y trouve la plus importante concentration d’architecture maya, en particulier dans le Bassin du Mirador et dans des sites tels que Cival et San Bartolo.
Enfin, la dernière section dresse un portrait de la culture maya contemporaine par une série de photographies mettant en lumière le quotidien de l’ethnie maya actuelle du Guatemala, les couleurs vives des vêtements, la magnificence des coutumes et pratiques cérémoniales, preuves d’un héritage culturel toujours vivant.
Les pièces archéologiques présentées dans l’exposition appartiennent toutes à la République du
Guatemala. Les choix faits visent à présenter chronologiquement l’héritage préhispanique du
Guatemala, (2000 av. J.-C. – 1524 apr. J.-C.). Cette exposition permet également de présenter les
découvertes réalisées ces 25 dernières années, et d’exposer les nouvelles interprétations qui ont
cours dans le développement sociopolitique et économique préhispanique du pays.
Préclassique ancien (2000 av. J.-C. – 800 av. J.-C.) ; moyen (800 – 400 av. J.-C.) ; récent (400 av. J.-C. – 100 apr. J.-C.) ; terminal (100 – 250 apr. J.-C.). Les premiers âges de la civilisation maya étaient précéramiques. Des pointes de flèches cannelées datant du Pléistocène (âge de glace) ont été retrouvées au Mexique, dans les Hautes Terres du Guatemala et au Belize, de même que des restes découpés de mammouths. Ceux-ci ont permis d’apporter la preuve d’une activité humaine dans les Hautes Terres guatémaltèques et mexicaines. Des pollens de maïs et de manioc datant d’environ 3500 avant notre ère ont également été retrouvés dans l’actuel Belize, ainsi que des pollens de maïs, à partir de 2600 av. J.-C., dans le Bassin du Mirador au Guatemala. Pendant la période Préclassique, certains groupes sédentaires s’installent le long de la côte Pacifique du Chiapas et du Guatemala. Cette région offre à l’homme les ressources naturelles nécessaires à sa subsistance : poissons, tortues et mollusques collectés dans les estuaires et mangroves typiques de la zone. La découverte de récipients et de meules témoigne de l’accroissement de la population et du développement de l’agriculture. C’est dans ces régions que les premiers vestiges d’objets en céramique ont été retrouvés : tecomates (vases), bols, cruches, et plats. L’utilisation de céramiques monochromes de couleurs noire, crème et rouge, ainsi que la variété des formes et des techniques décoratives (incision, chanfreinage,…) sont révélatrices d’une unité culturelle émergente et d’une activité politique, économique et sociale intense. Entre 1000 et 800 av. J.-C., les premiers grands centres cérémoniels – principalement ceux de la zone du Bassin du Mirador – sont construits de manière relativement indépendante. Vers 500 av. J.-C, quelques centres de commémoration astronomique sont bâtis, constitués d'édifices destinés à l'observatoire des étoiles, en particulier des solstices, des équinoxes et des cycles du Soleil et de Vénus. De récentes recherches prouvent qu’entre 400 av. J.-C. et 150 apr. J.-C., la civilisation maya connait un développement exceptionnel dans le domaine des arts, de l’architecture, mais aussi dans son organisation sociale et politique. Les grands sites se multiplient, les constructions architecturales s’intensifient, témoignant d’un fort accroissement de la population et d’un pouvoir politique et économique considérable. Les premiers signes d’écriture hiéroglyphique apparaissent également au cours de la première partie de la troisième période Préclassique (300 – 150 av. J.-C.). Par ailleurs, des battoirs à écorce, preuve de l’existence de la fabrication d’une forme primitive de papier, ont été retrouvés dans des sites datant déjà de la deuxième période Préclassique. Vers 150 apr. J.-C., des tensions apparaissent et poussent mystérieusement les populations guatémaltèques à abandonner les lieux. Malgré les importantes avancées sociales, politiques et économiques, le système social s’effondre à la fin de la période Préclassique, comme le prouve l’abandon de plusieurs sites comme le site El Mirador. Cette crise reste passagère puisque, dès le début du Classique, se font sentir les prémisses de l’apogée de cette civilisation. - Les débuts de la complexité sociale sur la côte Pacifique et l’Altiplano C’est sur la côte Pacifique que l’on a identifié les plus anciens vestiges d’habitat sédentaire, qui remontent à 1700 av. J.-C. Les premiers sites occupés sont constitués par de simples plates-formes de terre qui soutiennent des constructions faites de matériaux périssables régulièrement rebâties. La population est hiérarchisée socialement, parfois pour de brèves périodes, le temps de recueillir et d’utiliser des ressources saisonnières locales. Elle se déplace alors vers un autre lieu une fois celles-ci exploitées, pour ensuite y revenir. L’ensemble de la côte Pacifique ne connait pas une organisation sociale identique. Des traces de grandes résidences, pouvant être celles de caciques, ou chefs, qui à cette époque contrôlent un ou plusieurs établissements, ont été retrouvées. Certaines habitations, de forme ovale, semblent avoir servi à loger des personnages importants. Par le contrôle de certains produits comme l’obsidienne, l’organisation de manifestations, grandes célébrations ou fêtes où ils peuvent exhiber leur pouvoir, ces individus s’imposent à la population ordinaire, qui pourvoient alors à leurs besoins. Vers 900 av J.-C., on observe l’apparition d’établissements planifiés, la présence d’une architecture monumentale et parfois de sculptures. D’importants remblais sont construits, supposant le déplacement d’importantes quantités de terre, et donc une organisation sociale complexe, peut-être de type chefferie, seule susceptible d’avoir supervisé ces travaux. De petites entités politiques régionales, à rangs, constituent alors les systèmes sociaux. L’Altiplano guatémaltèque et le Naranjo font l’objet de fouilles lorsque l’on découvre qu’il s’agit d’un centre régional majeur pour les célébrations religieuses notamment, vers 800 - 400 av J.-C. Dans cette région, plus de 35 monuments sculptés, dont certains formaient quatre alignements ont été découverts. Ces sculptures ont dû être érigées et disposées à cet endroit pour commémorer des évènements particuliers, peut-être des débuts ou fins de cycles d’ordre solaire. L’absence de sépultures, les traces d’une occupation domestique éphémère et la présence de figurines en terre cuite représentant des personnages aux traits physiques contrastés laissent à penser que cette région aurait pu être un lieu de rassemblement. Les populations auraient pu avoir parcouru de longues distances, pour commémorer des cycles temporels, de manière ponctuelle. Bien que l’occupation des collines de Naranjo ait été brève, le site a dû dépendre d’un pouvoir fort, capable de diriger une main d’oeuvre suffisamment importante pour effectuer les travaux nécessaires à l’érection de 4 rangées de monuments. - Le Préclassique moyen Le développement de l’agriculture, permis par les boues organiques fertiles, est à l’origine de la nucléation des sites et d’une croissance de la population depuis au moins 1000 av J.-C. Les Mayas cultivent du maïs, des courges, des calebasses, des palmiers, du coton et sans doute également du cacao. Les rendements élevés qui en découlent favorisent l’essor économique nécessaire à la constitution d’un habitat groupé, aux créations architecturales et artistiques, à l’importation de denrées exotiques et à l’instauration d’une hiérarchie et d’une stratification sociale. L’aménagement urbain et la configuration rituelle de l’architecture sont d’une importance capitale. Les bâtiments aux murs de torchis et des plates-formes constituent le modèle propre à la période préclassique. Vers 600 av J.-C., les spécialistes de la taille sculptent des blocs pouvant peser de 300 à 500 kilogrammes recouverts de fines couches d’enduits à la chaux. Plusieurs facteurs, comme l’importation et l’utilisation de colorants exotiques, la taille des édifices, suggèrent un contrôle centralisé de ressources économiques importantes et de main d’oeuvre. Des formes architecturales particulières, comme des escaliers aux marches larges, des façades peintes en rouge, des crêtes faîtières, des masques architecturaux, des escaliers triples de façades, des structures en terrasses et des soubassements pyramidaux atteignant jusqu’à 27 mètres de haut font leur apparition lors de cette période. Un art architectural formel est appliqué dans la décoration des façades en polychromie avec du rouge, du crème et du noir, témoignant d’une idéologie religieuse, qui se perpétue dans les réalisations des siècles postérieurs. Un édifice enfoui, qui présente une crête faîtière intacte et des masques olmecoïdes à ses angles, révèle que l’idéologie est un facteur de cohésion sociale. Une solidarité organique s’organise ainsi autour d’une hiérarchie religieuse structurée et impliquée dans les affaires à la fois rituelles et séculières sous l’égide d’une politique centralisée. D’épaisses couches de stuc recouvrent les centres urbains et les chaussées gèrent les écoulements des eaux, tout en renvoyant peut-être à d’importantes associations d’ordre cosmologique. - La Céramique L’apparition de la céramique se serait produite dans le cadre de démonstrations de pouvoir. Lors de celles-ci, des boissons fermentées auraient été consommées dans des récipients spéciaux imitant des formes naturelles de calebasses ou décorées. Réservées pour l’occasion, elles auraient été élaborées avec grand soin, et auraient donc répondu dans un premier temps aux besoins d’un petit groupe élitaire. Les céramiques permettent de dater et d’établir des liens entre les groupes et les différentes régions. Ainsi, la céramique de la phase Las Charcas, plus tardive, est largement représentée sur l’Altiplano, et suit les mêmes canons et les mêmes formes typiques que la première céramique de la côte Pacifique. Parmi les objets les plus semblables figurent des vases globulaires dont le bord est orné d’une bande peinte en rouge sur la côte sud. L’Altiplano ajoute à la forme purement globulaire de la côte Pacifique des petits cols pourvus de 2 anses qui auraient pu servir pour passer une corde afin de faciliter leur transport. La décoration des vases privilégie les motifs poinçonnés, assez semblables à certaines décorations de la côte. A la fin du Préclassique moyen, vers 400 av J.-C., on trouve d’autres types d’objets, dont des plats engobés en noir, avec des décorations très semblables à celles de la côte.
Les liens tissés entre ces 2 régions sont visibles par la céramique, mais aussi par l’érection de
monuments lisses, disposés selon des schémas similaires.
Il est certain que durant le Préclassique, d’importantes relations sociales ont été nouées entre
l’Altiplano et la côte sud. Le besoin de se fournir en produits spécifique à certaines régions a dû
favoriser ces interactions.
Classique ancien (250 – 550 apr. J.-C.) ; récent (550 – 800 apr. J.-C.) ; terminal (800 – 1000 apr. J.-C.) Durant cette période, les Mayas connaissent leur plus brillant développement artistique, social et politique. Leur système d’écriture hiéroglyphique, qui revêt une signification particulière au sein de leur culture, atteint un stade avancé d’exécution et de représentation. Des contacts se nouent avec la puissante civilisation de Teotihuacan, localisée dans l’actuel Mexique central. Les échanges aux niveaux artistique, commercial et politique entre les deux sociétés sont nombreux avant la chute de Teotihuacan (environ 600 ans apr. J.-C.) qui entraîne, de fait, la dissipation des relations entre les Mayas du Guatemala et ceux des Hautes Terres du Mexique. Deux centres situés dans les Basses Terres mayas sont particulièrement influents pendant cette période : Tikal et Calakmul. Ces deux cités rivales acquièrent une grande importance sociopolitique dans la région. La culture maya se développe alors autour de ces deux puissances, qui entrent en guerre à plusieurs reprises pour étendre leur pouvoir. Dans le Bassin du Mirador, outre Calakmul et Naachtun, quelques modestes foyers de population réapparaissent, après un abandon de près de 600 ans. Une production artisanale sans égale est développée par les habitants vivant alors parmi les ruines des grands centres Préclassiques. Scribes, savants et artisans créent un style céramique de grande qualité connu sous le nom de style « codex », peintures constituées de lignes noires et rouges sur fond de couleur crème qui montre avec une grande finesse des images à caractère mythologique et cosmologique. Dans d’autres cités – par exemple le site La Corona, de taille plus modeste, qui entretenait des liens privilégiés avec celui de Calakmul – les archéologues ont mis à jour de magnifiques panneaux gravés décrivant d’importants événements historiques et des exemples d’écriture hiéroglyphique maya de la période Classique parmi les plus remarquables. Après ce brillant développement qui marque l’apogée de la civilisation maya, les grands centres sont progressivement abandonnés vers 900 apr. J.-C. et les constructions de monuments arrêtées. Plusieurs hypothèses sont avancées - guerres, désastres écologiques, inondations ou encore famines - qui cependant ne font pas encore l’unanimité parmi les spécialistes. Des vases présentant des éléments iconographiques et des exemples d’écriture hiéroglyphique, des objets de pierre, de coquillage ou d’os, ainsi que du mobilier funéraire sont exposés, mettant en lumière les différents aspects de la culture maya de l’ère Classique. - Les vases Mayas Les céramiques de « style Codex », avec leurs dessins aux traits fins et noirs, appliqués sur fond crème et encadrés par des bandes horizontales rouges sur le bord supérieur et la base des vases, ne sont pas sans évoquer les manuscrits mayas plus récents ou codex pliés en accordéons. Les vases mayas de la période Classique récente sont souvent des cylindres droits. Les scènes représentées sur les vases fournissent parfois des informations que l’on trouve généralement sur les monuments sculptés, notamment des épisodes détaillés des mythes de la création. Les sculptures de cette époque, stèles, panneaux et autels, représentent les seuls rois mayas de manière statique ou impassibles lors d’épisodes de conquêtes héroïques, d’actes douloureux d’autosacrifice, ou comme incarnation d’un dieu. Ainsi, les thèmes locaux spécifiques sont privilégiés, qu’il s’agisse de dieux tutélaires, ou d’évènements et traditions comme l’évocation de liens historiques avec Teotihuacan. Plus souvent, les scènes des vases traitent de sujets liés à la religion ou à la mythologie qui leur sont particuliers. Des peintures murales, datées du Ier siècle avant notre ère, comportent également des scènes mythologiques (naissance sanglante de 5 enfants dans une gourde, résurrection du dieu maïs, offrandes sacrificielles, etc.). On note sur les vases du Classique l’omniprésence du symbolisme de la mort, avec les représentations du dieu de la mort, des motifs de squelette et d ’ « yeux morts ». Ces vases, qui servent aussi lors des fêtes à boire le cacao, ont été trouvés dans des tombes et devaient être des objets mortuaires. Parmi les thèmes courants, le voyage dans l’inframonde du dieu maïs, accompagnés de héros jumeaux, est souvent abordé. De plus, beaucoup des défunts et des êtres démoniaques qui figurent sur les vases sont des esprits way, versant sauvage et incontrôlable de l’âme humaine souvent identifié à la forêt et la nuit. Ces vases, en plus d’être des offrandes aux morts. - Etrangers, effondrement et conquête Vers la fin du VIIIe siècle et au IXe siècle, l’art de cour atteint son apogée, puis cesse brusquement dans certains royaumes, ou se transforme radicalement dans ses motifs et ses compositions. Les nouvelles recherches et découvertes viennent contrebalancer les hypothèses qui veulent que des étrangers venant du nord-ouest aient envahi le Petén, ou bien aient précipité le chaos et l’effondrement de la région. Elles donnent en effet à penser que les Mayas des confins nord-ouest ont entretenu des relations commerciales privilégiées avec des royaumes du sud-ouest au cours de la fin du VIIe siècle. Il semble toutefois plus vraisemblable que des ambassadeurs, conseillers militaires, marchands et artistes étrangers, dont les intérêts sont d’ordre économique plus que politique, résident dans les cours royales au moment où le chaos menace, et que leur influence s’accroit à mesure que les structures politiques locales déclinent. Leur objectif premier est d’assurer le fonctionnement des routes commerciales afin de continuer l’approvisionnement des marchés extérieurs en jadéite, cacao, plumes et cotons… Les conséquences des bouleversements qui surviennent au Petén sont un déclin démographique, l’abandon de la plupart des grandes cités royales et la disparition de la royauté divine en tant que principale institution politique. Durant l’époque Postclassique, la société du Petén se redresse progressivement, si bien que le dernier royaume maya à être conquis est celui des Itza en 1697. Les traditions esthétiques mêlent alors celles des précolombiens et celles religieuse et culturelle de leurs conquérants. L’effondrement de la civilisation maya classique reste un mystère pour les archéologues. Toutes sortes d’explications ont été avancées : épidémies, tremblements de terre, sécheresses, surpopulation, invasions, guerres, déclin moral, et même une intervention extraterrestre ! Une crise majeure et des changements politiques radicaux entre 750 et 1050 apr. J.-C. touchent les Basses Terres. De nombreuses cités mayas sont abandonnées l’une après l’autre. Les Etats sont peu étendus, en compétition, et la plupart des pouvoirs religieux, militaires et politiques sont détenus par des seigneurs divins, k’uhul ajaws. Ils s’appuient sur une idéologie qui se manifeste par de spectaculaires cérémonies organisées dans le cadre d’une architecture imposante, avec des cultes funéraires grandioses, des monuments sculptés rehaussés d’inscriptions, et des réseaux de clientèle entre chefs et nobles vassaux, qui passent par des biens exotiques à caractère sacré. Les pouvoirs religieux et politique sont indissociables et les grandes cérémonies ritualisées sont essentielles pour maintenir la cohésion des Etats. L’effondrement n’est pas soudain, comme beaucoup l’ont pensé ; les changements s’étalent sur près de 3 siècles. De plus, la cause finale de l’effondrement maya diffère d’une région à l’autre, même si des facteurs communs se retrouvent. Vers 1050 – 1100 apr. J.-C., la plupart des cités des Basses Terres sont abandonnées, et d’autres évoluent vers la culture maya postclassique, très différente. Les épidémies, les séismes, les cyclones, les révoltes paysannes, de même que les invasions étrangères sont exclues aujourd’hui. La vallée du Pasion s’effondre à cause de la guerre, de la destruction des voies commerciales, et de l’émigration de la population, scénario qui se reproduit dans d’autres parties du Guatemala. A cela s’ajoute la rivalité croissante entre un nombre toujours plus élevé de rois et de nobles, dû à la polygamie pratiquée par l’élite. La classe dirigeante a des besoins coûteux qui accroissent la pression sur les routes commerciales, par lesquelles transitent le jade, les coquillages, la pyrite, les plumes et les autres biens sacrés nécessaires aux élites et aux rituels royaux. Dans cette situation de concurrence accrue et de guerre, seuls quelques sites survivent. L’essentiel de la population rurale, pour sa part, s’enfuit vers d’autres régions. Ces mouvements de population ont des répercussions sur d’autres zones. Ainsi, elles peuvent constituer une main d’oeuvre supplémentaire dans d’autres Etats pour favoriser leur essor, mais les effets positifs sont de courte durée. La surpopulation et la détérioration qui suivent sont également des causes de déclin. L’avènement du commerce maritime et la disparition des routes concurrentes aident au développement d’autres cités, qui connaissent leur apogée vers 750 à 1050. On assiste toutefois à une surenchère du prestige royal, une rivalité de statut, visible à travers la construction de temples, palais, monuments, places publiques, et autres scènes. Cela met à rude épreuve l’environnement et les ressources locales, tout en accroissant le besoin de main d’oeuvre, qui à son tour, augmente la croissance de la population. Ainsi, la période la plus faste des Mayas des Basses Terres, est également l’expression de son effondrement imminent. Dans chaque région, tandis que la situation commence à se dégrader, les dirigeants intensifient encore les rituels dispendieux, les actes de guerre et les débauches architecturales, afin de rivaliser avec leurs ennemis et regagner les faveurs des divinités et des ancêtres défaillants. Les différentes zones mayas ont chacune une histoire différente, mais l’ordre sociopolitique de cette époque - régi par des seigneurs divins - prend fin, de même que son art spectaculaire, son architecture et les autres manifestations matérielles.
Postclassique ancien (1000 – 1250 apr. J.-C.) et récent (1250 – 1524 apr. J.-C.). Malgré l’effondrement des cités des Basses Terres lors de la période classique, la grande tradition maya ne s’éteint pas : elle commence un nouveau cycle au Postclassique. Une nouvelle situation sociale, économique, artistique et constructive apparaît dans les Hautes Terres du Guatemala. Le Bassin du Mirador est pratiquement abandonné alors que les cités Topoxte ou Tayasal, situées dans les Basses Terres, et celles de Q’um’arcaj et Iximché, dans les Hautes Terres, émergent et prospèrent.
La politique et l’économie évoluent vers des formes moins spectaculaires, mais plus résilientes. L’accent est mis sur les échanges de produits, sur de longues distances par voie maritime, ainsi que sur une division accrue du pouvoir et la réduction des investissements dans les domaines somptuaires. De nouvelles techniques de production apparaissent, comme la métallurgie et la céramique dite plombée en raison de son aspect extérieur. Les représentations artistiques et architecturales changent, ainsi que l’organisation politique et sociale. En effet, cette période se caractérise par une activité guerrière intense, qui se traduit par la construction de cités fortifiées sur les îles et les plateaux. Au niveau architectural, les édifices dont la taille diminue nettement sont regroupés au sein de cités fortifiées dominant les vallées. Cette évolution témoigne de relations hostiles et belliqueuses existant entre les différents royaumes. La période Postclassique s’achève avec l’arrivée des Espagnols au début du XVIe siècle ; commence alors une nouvelle phase de l’histoire du Guatemala. Toutefois, certains sites ne tomberont sous le joug espagnol que vers la fin du XVIIe siècle. C’est le cas de Tayasal, capitale des Itzá et icône de la résistance maya, qui ne passera sous la domination européenne qu’en 1697, un siècle et demi après la chute de l’Empire aztèque. Cette section de l’exposition présente des vases en céramique et en albâtre ainsi que des éléments décoratifs en métal - artefacts en or, en cuivre et en tumbaga (un alliage d’argent, d’or et de cuivre) - significatifs de la période Postclassique.
Il existe encore au Guatemala une forte population maya. Le parcours de l’exposition s’achève ainsi par une partie contemporaine qui dresse un portrait actuel de la civilisation maya, au travers d’un multimédia et de photographies de l’artiste Ricky Lopez. Ils permettent de transmettre une vision plus large de la culture maya ancienne et contemporaine, créant un lien entre le passé et le présent. Les communautés mayas représentent aujourd’hui 55% de la population guatémaltèque. Elles sont constituées de 22 groupes linguistiques (sur les 25 langues parlées que compte le Guatemala, dont l’espagnol), dont les plus représentés sont le k’iche, le mam, le kaqchikel et le q’eqchi’. Les Mayas contemporains ont conservé certaines de leurs traditions, vestimentaires particulièrement, comme un de leurs symboles identitaires. A l’époque de la colonisation espagnole, l’habillement fut l’un des instruments de la résistance des Mayas qui leur ont permis de conserver intacte leur identité culturelle. Les femmes tissent au métier à ceinture, un art transmis à leurs filles et petites-filles, et parfois même aux garçons de certaines communautés. Le costume typique est toujours porté à l’heure actuelle, que ce soit leur habit de tous les jours ou celui porté lors des cérémonies sociales et religieuses. Ceux qui exercent une fonction particulière au sein de la communauté ont également une tenue spéciale. Les hommes ont eux aussi un costume traditionnel, bien que son port tombe en désuétude ces dernières décennies, surtout dans les environnements citadins ou proches des grandes villes. Les guides spirituels mayas portent aussi un vêtement spécial lors des cérémonies. Le tissage maya est l’un des arts les plus pratiqués dans les familles indigènes. Chaque village possède son habit, caractéristique par ses formes et ses couleurs. Ils ont en commun, outre les techniques, des symboles comme le serpent à plumes (kumatzin ou kan), les étoiles du ciel (ri ch’umil), ou encore des dessins abstraits, zoomorphes ou anthropomorphes, etc. On trouve aussi des visages humains stylisés, des scènes d’enfant, des représentations de familles, qui ne sont pas sans rappeler les civilisations andines. Chaque création est unique, que ce soit au niveau des vêtements, des mouchoirs ornementaux, ou des serviettes protocolaires servant à envelopper des présents ou couvrir le pain offert lors d’une demande en mariage. Les femmes jouent un rôle prééminent dans la conservation et la transmission des principes, des valeurs et de la connaissance de la culture et de la tradition, par le biais de la langue maternelle et des coutumes. Elles éduquent leurs enfants, et ce sont aussi battues contre la discrimination, l’exclusion et l’exploitation des communautés mayas durant toute l’histoire du Guatemala. Les principes, les valeurs et les normes sociales mayas se manifestent dans la pratique des coutumes et des traditions, ainsi que dans les oeuvres littéraires ou récits de tradition orale, comme le Popol Wuj (récit de l’origine de la civilisation maya), ou le Rabinal Achi’ (drame dansé préhispanique inscrit au patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO), mais également dans les discours cérémoniels prononcés lors d’évènements importants ou les enseignements prodigués aux enfants. Les dynamiques de production, les arts, le développement intellectuel et spirituel des communautés mayas actuelles présentent un lien étroit avec l’interprétation de la nature et de l’univers héritée de leurs ancêtres. La vie spirituelle est très liée au nahualisme (selon lequel nous avons tous un double protecteur qui nous oriente dans la vie) et à l’animisme (tout a une âme et une force vitale que nous devons connaître et respecter). Les Mayas sont attachés au respect du prochain, considérant que chaque être humain participe à l’harmonie de l’univers et que toute action induit une réponse divine compensatoire. Ces principes sont les suivants : - La conscience de l’existence de chacun au sein du cosmos et de son harmonie. Elle va de pair avec le nahualisme (selon lequel nous avons tous un double protecteur qui nous oriente dans la vie) et l’animisme (tout a une âme et une force vitale que nous devons connaître et respecter). - Le souci de l’équilibre de la nature et de l’harmonie de l’univers. La nature est la Mère qui procure abri, nourriture, santé physique et mentale, sécurité et inspiration. Pour respecter son ordre, ils utilisent les calendriers lunaire (ou rituel) et solaire (ou agricole). - L’art, la science et la religion fonctionnent comme un tout interdépendant : l’art en fonction de la science et de la religion ; la science en fonction de la religion et de l’art ; la religion en fonction de la science et de l’art. - Le maïs est l’aliment vital et le signe sacré des peuples. Le Popol Wuj leur apprend que leur premiers pères et mères ont été façonnés dans de la pâte de maïs. - Toute personne est mon autre moi (Wach winäq ; La’in la’ech). Chaque être humain est un élément important dans l’harmonie de l’univers ; il a son étoile, sa mission et sa vocation (Ri qa Ch’umilal). Il est son prochain, je lui dois respect, solidarité et réciprocité. - Les connaissances ont leur raison d’être du fait qu’elles sont offertes à la communauté. Elles émanent de tous et sont destinées à tous. - Tout phénomène social et naturel comporte une force de compensation (Tojb’alil, Tz’aqatil). Leurs valeurs s’expriment sous forme de Ruk’u’x na’oj, ce qui signifie coeur, énergie de la pensée et sagesse.
Texte « MAYA WINAKI’ : Les Mayas aujourd’hui » de Jesus Salazar Tetzaguic,
extrait du catalogue de l’exposition
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