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Edvard MunchPeintures, estampes du Bergen Kunstmuseum |
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Musée des Beaux-Arts de CaenExposition du 5 novembre 2011 - 24 janvier 2012Affiche de l'exposition Munch, Caen 2011/2012 L'exposition Edvard Munch au Musée des Beaux-Arts de Caen est réalisée dans le cadre de la XXe édition du festival Les Boréales, plateforme de création nordique. La collection du musée des Beaux-Arts de Bergen, est l'une des plus importantes de Norvège. Elle se déploie dans trois bâtiments qui longent le magnifique lac Lille Lungegård, présentant des oeuvres, d'artistes internationaux, de la Renaissance jusqu'à nos jours. L'un des bâtiments abrite la collection Rasmus Meyer représentative de l'art norvégien des deux derniers siècles présentant des chefs-d'oeuvre d'Edvard Munch dont la fameuse série "La frise de la vie". Cette collection Munch est d'ailleurs considérée comme la seconde plus importante au monde. C’est dans cette collection qu’un choix significatif d'une quinzaine de tableaux et d'une cinquantaine d'estampes a été effectué, réunissant les plus belles oeuvres d'Edvard Munch depuis ses débuts jusqu'à ses années de maturité. Un focus particulier est mis sur l'année 1890, période où Munch entreprend de peindre les sentiments les plus profonds que l'homme expérimente depuis le berceau jusqu'au tombeau. Les thèmes récurrents de son oeuvre - l'amour, l'angoisse et la mort - se mettent en place. A Caen sont ainsi présentées les tableaux les plus représentatifs de sa manière radicale d'explorer les sentiments humains comme Soirée sur l'avenue Karl Johan, Nuit d'été, ou Mélancolie.
L'exposition permet aussi de découvrir le travail audacieux et original que Munch développe dans le domaine de l'estampe
dès les années 90. Il produit abondamment jusqu'à la fin de sa vie guidé par le désir d'expérimenter les
différentes techniques : lithographie, gravure, bois gravés.
Regroupées par thème, les oeuvres de l'exposition caractérisent l'univers d'Edvard Munch : la mélancolie, la Norvège, la mort, le couple, la femme, l'angoisse. Elles sont présentées indépendamment de toute chronologie puisque l'oeuvre de Munch est marqué par d'incessants allers et retours vers les thèmes centraux qu'il a explorés sa vie durant, parfois à plusieurs décennies d'écart.
Mélancolie est une toile emblématique de l'oeuvre d'Edvard Munch par son thème. Bien qu'elle représente son ami, le critique Jappe Nilssen en proie au désespoir amoureux, il est aisé de projeter dans cette figure pensive au regard sombre, l'artiste connu pour son tempérament angoissé et ses fréquents épisodes dépressifs. Ce tableau est également représentatif des compositions plastiques de l'artiste. Elles témoignent de l’usage d’instruments optiques, de l’intérêt pour les nouveaux cadrages impressionnistes et pour les progrès de la photographie. Ses oeuvres se caractérisent par un premier plan proéminant coupé par le cadre, un horizon haut, des formes simplifiées, une ligne de force diagonale qui accentue fortement l'effet de perspective et dilate l'espace entre le proche et le lointain. Ces constructions, combinées à des couleurs arbitraires, confèrent aux paysages une grande expressivité qui rend compte des états d'âme tourmentés des personnages. Comme Deux femmes sur le rivage, Madone, Vampire ou Le Cri, Mélancolie a fait l'objet de multiples reprises, en peinture et en gravure, tout au long de la carrière d'Edvard Munch. Plusieurs raisons expliquent ce procédé. Il correspond d'abord à une patiente exploration formelle et à un goût prononcé pour les expérimentations techniques. Sur le plan des émotions, la répétition possède aussi une valeur cathartique : le sujet maintes fois reformulé est progressivement mis à distance, il devient un motif autonome et un souvenir moins douloureux pour l'artiste. Enfin d'un point de vue économique, elle permet à Edvard Munch d'élargir la diffusion de son oeuvre et de renouveler sa clientèle.
Expo Munch à Caen par france3bassenormandie_845
Edvard Munch ne peint pas sur le motif mais de mémoire, cherchant à retrouver sur la toile sa première émotion. Tous les lieux figurés sont des endroits réels, généralement familiers de l'artiste. Ainsi, son premier atelier à Kristiania se situait avenue Karl-Johan (L'Avenue Karl-Johan au printemps), le paysage à Nordstrand est celui qu'il contemplait depuis sa demeure, la Maison au clair de lune est celle qu'il habitait à Åsgårdstrand dont il a souvent représenté le pont (Fillettes sur le pont) et le rivage (Mélancolie, Deux femmes sur la plage...). Ces sujets norvégiens ne doivent cependant pas occulter les nombreux voyages de l'artiste à l'étranger, curieux du monde qui l'entoure et très attentif aux innovations techniques et aux courants artistiques de son époque. Entre 1885 et 1899, il séjourne longuement à Paris. Il y découvre les oeuvres des impressionnistes et des post-impressionnistes comme Edouard Manet, Caillebotte, Degas, Van Gogh, Toulouse-Lautrec dont il intègre les leçons (L'Avenue Karl-Johan au printemps, Jeune fille se coiffant, Nu assis). En 1893 - 1894, il est en Allemagne et rencontre les symbolistes qui infléchissent durablement son oeuvre. Edvard Munch découvre l'eau-forte à Berlin en 1894. Immédiatement séduit par le potentiel expérimental des techniques de l'estampe, il ne cesse d'en explorer les ressources, nourri par l'oeuvre de Félicien Rops, Odilon Redon et Gauguin. En 1896, à Paris, il s'essaie à la lithographie et invente pour la gravure sur bois une méthode originale qui lui permet d'imprimer plusieurs couleurs simultanément.
Durement éprouvé par la maladie et le décès de ses proches (sa mère en 1868, sa soeur aînée Sophie en 1877, son père en 1889, son frère cadet Andreas en 1895), Edvard Munch qui était lui-même de santé fragile accorde à la mort une place décisive dans son travail artistique. Si le motif de l'enfant malade est populaire dans la peinture norvégienne des années 1880, il prend pour Munch une résonnance personnelle forte et hante longtemps sa production. La tuberculose qui emporte sa soeur bien-aimée inspire à l'artiste L’Enfant malade, une de ses premières compositions célèbres. Dans les lithographies qui succèdent à la peinture, la femme qui tenait la main de l'enfant a disparu, le cadrage resserré se concentre sur le profil livide de la jeune malade qui agonise. Le réseau dense et nerveux des traits des estampes rappellent la surface de la peinture striée de profondes griffures qui avaient contribué à provoquer le scandale lors de sa présentation en 1886, à Kristiana. La veillée mortuaire de Sophie est aussi l'occasion de brosser un macabre portrait de famille Au chevet du mort. Autour du lit aux contours nets comme ceux d'un cercueil, enveloppés dans une ombre funeste, se serrent les membres endeuillés. On reconnait sa tante Karen qui nous fixe avec intensité ; Christian, son père, absorbé dans une prière fervente et sans doute Edvard ou Andreas, de profil, accompagné par ses deux jeunes soeurs, Laura et Inger. Deux autres visages fantomatiques dansent entre les lignes sur le mur au pied du lit, seraient-ils ceux des âmes défuntes ?
Homme et femme nous plonge brutalement au coeur du thème du couple selon Munch. Les couleurs sourdes, les lignes sinueuses, la posture du jeune homme et les ombres menaçantes concourent à l'impression de malaise et révèlent la difficulté des rapports entre les deux sexes. Éduqué selon les principes du puritanisme luthérien, Edvard Munch décrit une sexualité marquée au sceau du péché originel. La femme y incarne une créature maléfique, presque diabolique, aux cheveux longs et ondoyants tels des tentacules (Vampire, Tête d'homme dans les cheveux d'une femme, Amants dans les vagues, Jalousie, Cendres...) qui enserrent une proie masculine. L'amour, cause de jalousie et de séparation, apparaît comme une source de souffrances. Les expériences sentimentales malheureuses de l’artiste ont sans doute contribué à nourrir son ressentiment. L’homme est d’ailleurs souvent représenté en victime, dans une attitude abattue (Homme et femme, Mélancolie, Cendres…). Néanmoins, le combat amoureux peut connaître une issue heureuse à l'image du couple fusionnel uni dans un baiser éternel. Stylisé ici à l'extrême, ce motif traité en peinture dès 1897 illustre le travail de répétition mené par l'artiste. Il gomme progressivement l'anecdote pour atteindre l'universalité. L’estampe profite en outre de la manière dont Edvard Munch tire parti de l'expressivité du matériau en jouant des qualités décoratives des veines du bois.
À la fois objet de fascination et de répulsion, la femme est un motif de prédilection pour Munch. La vision intimiste et lumineuse de la Femme se coiffant, peinte à Paris sous l'influence des impressionnistes, contraste avec l'image plus inquiétante de la Madone. Cette femme aux paupières closes, flottant comme en apesanteur, offre sans pudeur sa nudité au spectateur dans un rythme extatique qui envahit toute la composition graphique de lignes ondulantes. Les spermatozoïdes et le foetus cadavérique qui occupent les marges des lithographies laissent peu de doutes sur l'origine de son extase. Ils révèlent une sexualité angoissée et le lien très fort qui unit l’amour à la mort.
Peint seulement deux ans après la version claire et printanière, Le Soir sur l'avenue Karl-Johan est une des premières représentations dans l'oeuvre de Munch de l'angoisse générée par la solitude. Cette scène est ainsi décrite dans son Journal : « Les passants le regardaient tous d'un air si étrange et si bizarre, et il sentait tous ces regards fixes – tous ces visages – pâles dans la lumière du soir… puis il essaya de fixer son regard sur une fenêtre haut placée – mais de nouveau les passants s'interposèrent - tout son corps tremblait, il était inondé de sueur. ». La silhouette noire de dos qui marche à contre-courant de la foule peut être interprétée comme une métaphore de la figure de l'artiste, isolé dans une société conformiste. Plus largement, c'est aussi une évocation de la solitude des hommes dans le monde moderne, clairement explicite dans Les Solitaires. L'expression de la crise existentielle qui saisit l'homme confronté aux bouleversements de la révolution industrielle trouve son aboutissement plastique dans Le Cri. Les émotions de l'homme et son environnement ne sont plus seulement accordés comme dans Mélancolie, ils fusionnent totalement. Le cri semble se répercuter à l'infini. Les ondes du son pénètrent le personnage et se propagent à l'ensemble du paysage tandis que ses amis, indifférents, poursuivent leur chemin. Le Cri, Angoisse, Les Trois âges de la vie, Le Baiser, Mélancolie, Homme et femme, Vampire, Cendre, Jalousie... : les versions peintes de la plupart des oeuvres exposées ici ont la particularité d'avoir fait partie d'un vaste projet intitulé La Frise de la vie. Pour Edvard Munch, ces tableaux forment un tout cohérent et dressent un panorama de la vie. Ils sont conformes au programme que s'était fixé l'artiste en 1889 : « Nous ne devrions plus peindre d'intérieurs où les hommes lisent et les femmes tricotent. Il nous faut peindre des êtres vivants, qui respirent et sentent, qui souffrent et aiment. ».
L'exposition "Edvard Munch" est à voir à Caen au Musée des Beaux-Arts du 5 novembre 2011 au 24 janvier 2012.
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Ce qui donne : Regroupées par thème, les oeuvres de l'exposition caractérisent l'univers d'Edvard Munch. Elles sont présentées indépendamment de toute chronologie puisque l'oeuvre d'Edvard Munch est marqué par d'incessants allers et retours vers les thèmes centraux qu'il a explorés sa vie durant, parfois à plusieurs décennies d'écart. Lire la suite sur Moreeuw.com : Exposition Munch Caen. Site officiel de l'exposition : Edvard Munch Musée des Beaux-Arts de Caen
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