L'Espagne entre 2 siècles

Exposition L'Espagne entre 2 siècles - De Zuloaga à Picasso (1890-1920), Musée de l'Orangerie, Paris 2011/2012

L'exposition "L'Espagne entre 2 siècles - De Zuloaga à Picasso (1890-1920) " au Musée de l'Orangerie nous propose de voir les tendances et les principaux artistes de l'art espagnol sur une période allant de la fin du XIXème au début du XXème siècle.

A travers une sélection d'une soixantaine d'oeuvres, l'exposition "L'Espagne entre 2 siècles" présente les artistes fondamentaux de cette période : Joaquin Sorolla y Bastida, Ignacio Zuloaga y Zabaleta, Dario de Regoyos, Salvador Dali, Joaquín Mir, Santiago Rusiñol, Ramón Casas, Joaquim Sunyer, Pablo Picasso et Joan Miró. Au tournant du XXème siècle, ces artistes ont illustré la diversité et la richesse de l'art espagnol ainsi que son évolution naturelle dans les mouvements d'avant-garde, notamment le symbolisme et le postimpressionnisme.

Cette période demeure encore aujourd’hui méconnue du public, comme si El Greco, Velázquez, Zurbarán et Goya avaient absorbé toute la lumière, rejetant dans l’ombre tous ceux qui devaient leur succéder, jusqu’au moment où devait briller au firmament des peintres le nom de Picasso, tout autant représentant du modernisme que de l'École de Paris.

En France, l’exposition "50 ans d’art espagnol. 1880-1936" au musée des Beaux-Arts de Bordeaux en 1984, puis l'exposition "De Fortuny à Picasso. Trente ans de peinture espagnole, 1874-1906" organisée par le musée des Beaux-Arts de Nancy et le musée Goya de Castres en 1995, montraient déjà qu'il n’y avait pas un grand vide entre Goya et Picasso, mais au contraire une belle continuité. En 2011, la Fondation de l’Hermitage à Lausanne, avec El Modernismo - De Sorolla à Picasso, 1880-1918, s’inscrivait dans cette suite d’expositions mettant en lumière les principaux représentants de l’art espagnol de la fin du XIXème au début du XXème siècle.

Plus qu’ailleurs, la mémoire de cette période de l’art espagnol aurait pu se conserver en France. L’Espagne, cette proche voisine teintée d’exotisme, a en effet toujours suscité dans l'hexagone un fort attrait, comme en a témoigné l’intérêt des romantiques, celui d'Edouard Manet pour Velázquez, et celui des musiciens, notamment Bizet ou Ravel, qui y puisèrent leur inspiration. Les relations étroites entre les artistes espagnols et français auraient pu entretenir cette mémoire. Mais, à l’exception de Sorolla qui eut les honneurs d’expositions récentes à Paris, la plupart des artistes comme Zuloaga, Solana, Rusiñol, Camarasa, Mir, Pinazo, Echevarría, Sunyer, célèbres en leur temps, ont vu leur notoriété décroître.

A l’exception de Mir et de Pinazo, tous ces artistes ont séjourné à Paris, attirés par cette capitale de la nouvelle peinture. Ils ont participé aux Salons, exposé dans les galeries Vollard, Durand-Ruel et ont côtoyé Picasso, Miró, Dalí, Gris. Cette génération de 1898, celle d’une Espagne marquée par une crise profonde, vient chercher à Paris un milieu propice à la création. Mais comme le montre le parcours de l’exposition "L'Espagne entre 2 siècles", conçue sur l’axe double d’une Espagne noire, dont Zuloaga et Solana sont les représentants et d’une Espagne blanche magnifiée par la palette de Sorolla, ces artistes conservent dans leurs excès, comme dans certains thèmes, un certain goût du réalisme, traduit dans un langage qui leur est propre, reflet d’une identité irréductible, sans laquelle on ne saurait comprendre Pablo Picasso.