Robert Doisneau

À Montrouge, l’appartement familial avait été de longue date envahi par la photographie. Depuis une quinzaine d’années, l’affaire est réglée. La photographie a définitivement gagné la bataille. C’est là que nous avons installé l’Atelier Robert Doisneau. Les tirages y sont archivés, les négatifs conservés dans une chambre froide, l’essentiel du travail autour de l’oeuvre de notre père y est réalisé. Nous y concevons les ouvrages d’édition, nous y montons les expositions, en organisons les itinérances, laissant à l’agence Gamma-Rapho la charge de la distribution des images en presse et en illustration. Il s’agit pour nous d’ailleurs de la simple continuation d’activités professionnelles qui ont été les nôtres depuis les années 1980. «Ma soeur, Annette Doisneau, est venue travailler à l’atelier auprès de notre père dans les années où le succès multipliait les demandes. Annette l’assistait, prenant également en charge l’archivage, élément essentiel d’une collection de cette importance. En 1980, je suis entrée à l’agence Rapho où je fus pendant vingt ans, rédactrice chargée plus spécialement de l’édition et du secteur des expositions». Aujourd’hui, ce passé professionnel nous aide à poursuivre la diffusion de cette collection que nous connaissons si bien pour l’avoir vue se constituer tout au long de notre enfance, de notre jeunesse. Mais nous sommes surtout affectivement et intellectuellement très attachées à l’oeuvre de notre père, dont nous partageons totalement les valeurs. Quelles que soient nos très bonnes intentions, nous ne pouvons toutefois rien sans la complicité de nombreux partenaires. Éditeurs, commanditaires, la chance a voulu que nous fassions bien souvent de bonnes rencontres.

La proposition d’installer au château de Malbrouck un parcours exposition de plus de trois cents photographies nous a immédiatement séduites par la possibilité qui nous était offerte d’élargir la sélection des photographies à des thèmes rarement traités et parfois totalement inédits. Il nous semblait intéressant aussi de présenter une exposition de cette dimension à un public très vaste, qui ne serait pas formé exclusivement du petit monde des spécialistes de la photographie. Pendant plusieurs mois, nous avons accueilli régulièrement à l’atelier Dominique Laudien et son équipe et notre intérêt du début s’est progressivement mué en enthousiasme par la qualité du travail fourni. L’occasion nous est donnée aujourd’hui de la remercier très chaleureusement, ainsi que Patrick Absalon, qui a si intelligemment participé au projet, Serge Domini pour la réalisation du catalogue de l’exposition et son aide précieuse dans les choix des photographies réalisées en Lorraine, Patricia Maurice qui nous a épaulés si efficacement, Laurence Fontaine, notre scénographe, qui a su parfaitement adapter la présentation des images à la somptuosité du cadre du château de Malbrouck, Hervé Hudry, tireur complice, qui a réalisé le plus grand nombre des tirages argentiques.

Merci aussi à toute l’équipe du château de Malbrouck et à la direction de la culture, du tourisme et des sports dirigée par Denis Schaming qui permettent au «petit théâtre» de Robert Doisneau de donner chaque jour sa représentation. Si la photographie est un travail de solitaire, la conception d’une grande exposition est l’oeuvre d’une équipe. Nous avons trouvé en Moselle une équipe d’excellence.