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Dan Graham |
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L’oeuvre de Dan Graham depuis ses débuts en 1965 est protéiforme et comprend des photographies, des performances filmiques, des installations, des maquettes architecturales, des écrits théoriques, des films. Sa démarche souvent conceptuelle interroge les fondements de la culture populaire, afin de s’inscrire pleinement dans le contexte social, politique et culturel contemporain. Ainsi "Homes for America", série de diapositives de constructions vernaculaires de la banlieue du New-Jersey qu’il développe de 1966 à 1997, révèle son intérêt pour l’architecture et l’esthétique minimales révélées par le cadrage serré et géométrique de ses images.
Plusieurs oeuvres témoignent de sa passion pour le rock et les musiques expérimentales, qui éclatent dans les critiques musicales qu’il écrit notamment sur Patti Smith, Blondie, Malcolm McLaren ou les Sex Pistols. Dans son installation "Performance / Audience / Mirror" (1977), il semble décalquer les mécanismes en action dans le concert punk-rock en concevant un dispositif qui permet au public de se découvrir dans un miroir placé derrière l’artiste, imposant aux spectateurs d’exister en tant que "masse publique". Comme dans un concert des MC5, du Velvet Underground, des Stooges ou des Sex Pistols, qui affrontaient et sollicitaient directement leur public, l’installation est le lieu théâtralisé où le public peut prendre davantage conscience de lui-même.
Son film, "Rock My Religion" (1984) illustre son intérêt pour les phénomènes communautaires et il compare les rassemblements des fans de rock à ceux de la communauté religieuse des Shakers fondée vers 1780 par Ann Lee, adepte d’une transe qui, à partir de la récitation rythmée de textes bibliques, permettait d’atteindre la communion divine et de guérir des maux du corps. Dan Graham fait de Patti Smith, qui tournoie sur scène comme un derviche possédé jusqu’à se briser dans le spectacle "Ain’t it Strange", la nouvelle prêtresse du punk rock.
Emma Lavigne
