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Bob DylanL'explosion rock (1961-1966) |
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Cité de la musique, ParisExposition du 6 mars 2012 - 1er juillet 2012Parcours de l'exposition "Bob Dylan. L'explosion rock (1961-1966 " - Biographie Bob Dylan Article de référence : exposition Bob Dylan
Bob Dylan, New York, 1965 © Daniel Kramer
De son vrai nom Robert Zimmerman, Bob Dylan naît en 1941 dans une famille juive de classe moyenne du Midwest américain. Il passe son enfance à Hibbing, dans le Minnesota, où il se prend de passion pour la musique pop qu'il écoute à la radio. Il décide alors d'apprendre à jouer de la guitare et du piano et se rêve chanteur pop professionnel. Un de ses tout premiers groupes, les Golden Chords (« Accords Dorés »), se produit au lycée de Hibbing où Dylan est élève.
Adolescent, Dylan s'achète les disques d'Elvis Presley, de Little Richard, de Buddy Holly et de Bo Diddley. Il adore leurs sonorités et leur énergie rock'n'rolliennes et rêve de jouer le même genre de musique. Il aime également le chanteur de country Hank Williams, très apprécié dans le Midwest et dans le Sud des États-Unis. Après le lycée, Dylan part pour Minneapolis où il s'inscrit à l'université du Minnesota. Il découvre alors les chansons folk d'Odetta et du Kingston Trio dont le tube « Tom Dooley » fait fureur sur les campus. La musique folk ne tarde pas à devenir sa nouvelle passion.
Le chanteur de folk américain Woody Guthrie a été l'influence majeure de Bob Dylan. Auteur de centaines de chansons parmi lesquelles « This Land Is Your Land », Guthrie relate en musique les effets dévastateurs de la Grande Dépression sur tous les démunis des États-Unis. Ses chansons sont peuplées de personnages auxquels il sait insuffler une authentique vie. Construites sur quelques accords, ces chansons sont cependant d'une simplicité trompeuse : leurs sujets et leurs paroles atteignent à cette profondeur émotionnelle que l'on ne trouve généralement que dans les poèmes épiques et les oeuvres de plus grande ampleur. Au début des années 50, Guthrie se trouve gravement handicapé par une maladie dégénérative. Le tout jeune Dylan quitte l'université du Minnesota et débarque à New York en 1961 pour y rencontrer son mentor. Sa chanson « Song to Woody » dit tout sur la sincérité de ses sentiments envers Guthrie.
Dès son arrivée à New York, en janvier 1961, Dylan se précipite à Greenwich Village, royaume des clubs de folk et des cafés, des galeries d'art et des librairies. Dans la journée, il boit des expressos, lit de la poésie et écrit des chansons. Le soir, il se produit dans des clubs comme le Gaslight ou le Gerde's Folk City. Les clients déposent une pièce dans le chapeau qui circule de mains en mains.
Dylan s'imprègne peu à peu de New York où il fait la
connaissance d'écrivains, de chanteurs et de poètes. Il chante
partout où il le peut. Sa grande chance survient quand Robert
Shelton, un journaliste du New York Times, rédige un compterendu
enthousiaste d'une de ses prestations. Non seulement
l'article attire l'attention des autres propriétaires de clubs de
Greenwich Village, mais il vaut aussi à Dylan d'obtenir une
audition puis un contrat d'enregistrement pour Columbia
Records.
La musique folk américaine des années 30 et 40 avait bien souvent une connotation politique. Les chansons protestataires d'un Woody Guthrie ou d'un Pete Seeger exprimaient la solidarité de leurs auteurs avec le prolétariat. Mais la Seconde Guerre Mondiale puis l'avènement de la Guerre Froide mettent fin à ce mouvement musical trop directement associé aux syndicats et à la doctrine socialiste, voire communiste. Après le succès, en 1958, de la chanson du Kingston Trio « Tom Dooley », Peter, Paul & Mary, le Chad Mitchell Trio et d'autres encore font pénétrer la musique folk dans les campus des universités et initient ce faisant un revival folk. Des festivals comme le Newport Folk Festival contribuent à renforcer cet intérêt pour le genre. Et puis, avec l'apparition de Bob Dylan et de Joan Baez — de jeunes artistes porteurs d'idées musicales nouvelles — l'influence du folk se fait subitement partout présente, que ce soit dans le mouvement des droits civiques ou dans le rock'n'roll.
Des générations durant, les folksingers américains ont fait de leurs chansons des instruments de changement. La musique folk, et, après elle, le rock ont bien souvent véhiculé des messages associés à une cause politique. Les années 60 sont aux États-Unis une époque particulièrement propice à la musique socialement et politiquement contestatrice. Le mouvement des droits civiques et la guerre du Vietnam font éclore un grand nombre de chansons protestataires. Le plus influent des auteurs de chansons engagées est Bob Dylan. Reprenant le flambeau abandonné par Guthrie, Dylan compose quelques-uns des chefs-d'oeuvre protestataires de la décennie, au nombre desquels figurent « Blowin' in the Wind », « The Times They Are A-Changin' », « Masters of War » et « With God On Our Side ».
Le folk rock naît le soir même de la prestation de Dylan au Newport Folk Festival de l'été 1965. Si ce nouveau genre propose une manière rock de chanter au son des guitares électriques, ses textes s'éloignent radicalement des habituels thèmes pop dépourvus de profondeur. Si Dylan est le fondateur du folk rock, il n'en revendique jamais la paternité et laisse ce soin à des groupes qui interprètent sa musique d'une façon nouvelle, ou font de son oeuvre la base d'expérimentations musicales plus poussées. Aux États-Unis, les Byrds, Buffalo Springfield, les Lovin' Spoonful, The Mamas and the Papas, Simon & Garfunkel et bien d'autres deviennent les prosélytes des couleurs sonores du folk rock. Grâce à Dylan, l'écriture de chansons rock est quasiment du jour au lendemain devenue adulte. Même les Beatles ont modifié leur style d'écriture. Et bien que Dylan n'ait été que partiellement responsable de la métamorphose musicale des Fab Four, son influence sur le groupe a été indéniable.
La chanson de Bob Dylan « Like a Rolling Stone » est considérée comme le plus grandiose et révolutionnaire moment de rock de tous les temps. Publié sous forme de single (45 tours) peu avant la prestation historique de Dylan au Newport Folk Festival de 1965, « Like a Rolling Stone » va démoder à tout jamais l'ancien concept du single pop/rock formaté pour les passages radio. La chanson dure près de six minutes et demie à une époque où la plupart des 45 tours pop ne dépassent pas les trois minutes. Cet immense classique est d'une facture musicale complexe avec des changements d'accords atypiques et une interprétation vocale peu conventionnelle. Les paroles de Dylan exsudent une absolue désespérance poétique — « Quand on n'a rien, on n'a rien à perdre » — qui n'est assurément pas commune dans l'univers pop du milieu des années 60. Elles n'en « parlent » pas moins à un grand nombre de jeunes qui se sentent étrangers à la culture grand public dominante.
La succession d'albums historiques et de concerts fracassants prend temporairement fin en 1966 lorsque Bob Dylan se blesse dans un accident de moto survenu à Woodstock, dans l'État de New York. Dylan prend prétexte de l'accident pour se retirer du monde, renouveler son énergie créatrice et altérer le cours de sa trajectoire musicale. Quand il fait sa réapparition début 1968 lors d'un concert organisé à New York en mémoire de Woody Guthrie, ses fans découvrent le « nouveau » Dylan. Son allure, sa manière de chanter et les ambiances country de la nouvelle musique que l'on peut entendre sur « John Wesley Harding » et « Nashville Skyline », ses derniers albums des années 60, démontrent clairement que Dylan a tourné le dos à son passé. Ce ne sera pas la dernière fois. Près d'un demi-siècle après avoir modifié le cours de l'histoire de la musique, Dylan continue d'enregistrer des albums et de se produire sur scène.
Pour Bob Dylan, la France, c'est d'abord le Notre Dame de Paris de Victor Hugo, lu alors qu'il était enfant… Notre-Dame, si proche de la rue Cujas où il séjourne en 1964, installé là par Hugues Aufray… Notre-Dame dont l'ombre géante essaye de l'attraper par les pieds, dans un poème imprimé au dos de Another Side Of Bob Dylan - un poème dédié à Françoise Hardy, l'autre Dame de Paris… Notre-Dame dont le bossu vient hanter « Desolation Row », en 1965… Notre-Dame, le coeur de Paris aperçu depuis le bolide de Johnny Hallyday, par une douce nuit de mai 1966. Vu d'ici, Bob Dylan, c'est d'abord l'affaire de quelques amateurs de musiques traditionnelles américaines. Puis on l'identifie derrière les succès de Peter, Paul & Mary et de Joan Baez. Folk ou pop, peu importe alors : la jeunesse française attend un guide… en 1966, elle découvre un chanteur qui refuse d'être un porte-parole. Silvain Vanot a réuni des photographies, des extraits audiovisuels de l'INA, des extraits sonores, notamment une interview inédite de Hugues Aufray ainsi que de nombreux disques édités exclusivement en France. Pour compléter cette approche, une revue de presse conçue par la Médiathèque de la Cité de la musique permet de consulter une quarantaine d'articles consacrés à Bob Dylan parus en France en 1966, et donne la mesure de l'impact du chanteur. Enfin, les visiteurs pourront regarder les interviews de quatre auteurs-journalistes évoquant les différentes facettes de l'artiste : Alain Rémond, Jacques Vassal, François Ducray et Silvain Vanot.
Une projection d'extraits du documentaire culte « Don't Look
Back » tourné par Don Alan Pennebaker en 1965 clôt le parcours.
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