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Virginie Barré |
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Virginie Barré centre son oeuvre sur le fait-divers, le danger, la disparition ou le meurtre, en atténuant les frontières entre fiction et réalité. Elle utilise l'imagerie des scènes de crimes, une iconographie empruntée à la télévision, au cinéma européen et américain (Shining, eXistenZ, Alfred Hitchcock, David Lynch,...), à la science-fiction et à la littérature policière.
Ses installations sont un rendez-vous avec la mise en scène de la mort, une invitation sur les lieux du crime qui réveille nos fantasmes de voyeurisme.
Ses atmosphères de crimes deviennent un langage plastique où le spectateur se mue en détective.
Depuis plus d’une dizaine d’années, Virginie Barré escalade les genres et les époques et se livre à des emprunts tous azimuts dans les coffres des histoires de l’art et les malles de la culture populaire. Les indiens Hopi chevauchent des fauteuils de Mies van der Rohe, les suffragettes côtoient les blondes platines d’Hitchcock dans des mises en scène arrêtées, des instantanés de récits non élucidés.
Ses dessins, collages et mannequins, présentent des jeux d’échelles tronquées et des alliances d’éléments hétérogènes qui donnent au travail une dimension onirique, oscillant entre veine burlesque et dramaturgie macabre. Après l’exposition "Simple Dames" dans laquelle elle proposait une galerie de portraits exclusivement féminins, elle propose "Simone", une exposition qui met la figure de l’enfant au centre d’un dispositif constitué de sculptures, de dessins et de collages. Il s’agit, avec malice, d’aborder, en l’amplifiant, la question de la maternité, sujet désormais laissé dans la clandestinité, pour le faire glisser dans le champ de l’art.
La figure de l’enfance – récurrente dans ses oeuvres depuis la fin des années 90 - y apparaît également non comme sujet d’émerveillement, mais comme expérience fondamentale, état en devenir, proche en cela du processus de création artistique. En interrogeant la figure de l’enfant, l’artiste pose la question des origines et souligne les «filiations» entre l’art et l’enfance, rapprochement dont les artistes de l’art conceptuel et minimaliste se sont fait l’écho à travers l’utilisation de procédures ludiques ( jeux de langage, inversions, répétitions, rébus...).
Au centre de l’exposition, un mannequin surdimensionné représentant un bébé endormi place le spectateur devant une image à la fois douce et dérangeante.
Les «charades», colifichets étranges, sont constituées d’éléments abstraits et figuratifs qui se présentent comme des indices à décrypter, des énigmes à déchiffrer.
Les dessins réalisés dans des adhésifs découpés, les murs colorés font
référence à l’oeuvre graphique de Saul Bass, le génial collaborateur
de Hitchcock et Preminger.
Claire Guézengar
Depuis Pulp (1998) à la Friche de la Belle de Mai, Virginie Barré a mis en scène des meurtres et a souvent interrogé l’étrangeté de situations et de poses inattendues. En référence directe aux films d’Antonioni, Lynch, Kubrick ou De Palma, l’artiste s’attache à une stratégie de monstration d’oeuvres dans un double mouvement où le spectateur se trouve au même moment témoin, pris au piège et immédiatement dessaisi, comme lorsqu’on se heurte au réel. Si les légendes bretonnes du Finistère liées à des disparus en mer sont par elle transfigurées, Virignie Barré s’empare d’emblée du motif de la fiction, présentant des fragments d’histoires inachevées, mannequins inanimés et sanglants, dessins d’enfants tenant des propos (moraux) d’adultes, figures énigmatiques ou saugrenues cachées dans le paysage, personnages exubérants ; autant de rencontres répétées avec ces faux-semblants qu’elle imprime sur une réalité d’abord appréhendée avec une certaine neutralité.
Au vu de ses expositions sur le thème du meurtre, le générique pourrait défiler, avec, entre autres, dans les rôles des victimes : Danielle (en 2002, au Palais de Tokyo), un skater dans Contest (réalisée avec Bruno Peinado) la même année, Écarlate (en 2004, au Frac Basse- Normandie), une femme, face contre terre dans une mare en résine, ses petits talons de chaussures tournés vers le ciel. Et dans les rôles des psychopathes : un enfant à tête de mort sur son dada rouge, un dessin de Jack Nicholson tiré de Shining (en 2003, à Tarbes) et deux adolescents encapuchonnés dans leur sweat-shirt Bullit et Elephant (en 2004 au musée des Beaux-Arts de Bordeaux).
Au fur et à mesure, Virginie Barré passe du réalisme à l’univers du cauchemar et à des représentations touchant au grotesque, dans un jeu de simulation outrée et de dissimulation factice. L’espace de l’exposition est ainsi pleinement utilisé pour y développer un espace critique où la culture populaire du polar, du thriller et du fait divers, est questionnée de manière radicale. Ne dit-elle pas elle-même : «J’assume le côté approximatif de mes mannequins.» Comme pour souligner sa distance avec l’hyperréalisme ?
En parallèle, comme dans le travail du rêve, déroulant toujours ce même fil de l’étrangeté, Viriginie Barré crée d’autres univers, proches de la bande dessinée, et caractérisés par des séries de dessins de personnages felliniens, quasi fantastiques et stylisés, sortis tout droit d’un cirque ou d’un théâtre, et dans lesquels défile toute cette société saisie sur le vif et avec tendresse. Il n’est pas étonnant qu’elle se soit aussi intéressé au déguisement et au carnaval, notamment dans son exposition Les Gras (2005) ou ses dessins les plus récents de femmes narquoises, métamorphosées de manière extravagante par des masques de cour sophistiqués.
Ce jeu de mises en scène trouve dans l’exposition Slumberland (2006) son expression la plus complexe. Des fragments de corps installés dans des positions de plus en plus rocambolesques, perchés sur une lampe en aluminium ou «absorbés par une forme ovoïde capitonnée» – comme un sommier – surgissent dans un parcours de dessins volontairement «mièvres» inspirés par Little Nemo, dans un jeu d’équilibriste où un seul personnage donne la clé de ces univers formellement contraires : la Rêveuse rousse aux cheveux ondulés et scintillant de strass enroulée dans des draps blancs immaculés. Une douce perversion perce ici. «Je vais vers l’insolite, l’excentrique», avoue-t-elle, «je me suis rendue compte que l’effet que je cherchais se révèle davantage dans la suggestion, un fragment du corps, plutôt qu’un corps dans son ensemble».
Chez Virginie Barré, il y a donc une part de rêve – ou de cauchemar – mais aussi une tension vers l’Histoire, avec la même volonté de mettre en abyme nos lieux communs. Ce sont d’abord ces femmes affranchies ou soldats des années trente dans Simple Dames, puis la rencontre impossible des Indiens Hopis et des motifs ou des mobiliers du Bauhaus avec des dessins ou des mannequins dans Bauhaus and Indians. L’artiste établit ici une ligne de temps verticale et synchronique, puisqu’à la même époque, les uns, en Europe, créaient un des mouvements les plus emblématiques du vingtième siècle, alors qu’on enfermait les autres, aux États-Unis, dans des réserves. Avec les collages de ces deux cultures, la question de la disparition se pose de manière frontale : celle des Indiens, dont le monde a aujourd’hui oublié l’existence et «la sagesse», et de leur culture devenue paradoxalement mythique en Occident. Ces hommes, emmitouflés dans des couvertures aux motifs géométriques, ont aussi trouvé refuge dans l’exposition Bauhaus (2007).
Et, comme pour poursuivre cette constante du renversement et du déplacement, la culture populaire américaine des comics, déjà évoquée par l’artiste, fait retour en 2008, figurants improbables et comiques d’un monde globalisé menant l’oeuvre de l’artiste vers un ensemble de pièces dont la diversité tend vers le parataxique. Construit sur une réappropriation de la culture populaire et des ressorts récurrents de la mémoire collective contemporaine, cet univers figuratif définit le travail de Virginie Barré, qui dessine et sculpte sans dogme des mondes fantasmagoriques. La dimension politique de son oeuvre réside dans cet effet de loupe sur l’imagination, mêlée à des référents culturels où l’Histoire et la mémoire visuelle collective, nos peurs, nos égarements, notre crédulité, rejoignent le burlesque, l’incohérence et le rêve. «Je ne cherche pas l’exactitude, je préfère ce qui divague, des représentations farfelues ou oniriques», dit-elle encore, là où le fake démasque les plus grands clichés.
Juliette Soulez
Enlèvement est une performance qui s'est déroulée le 5 mars 1999 sur un parking désert, à Nantes, à la tombée de la nuit. Son projet était de faire basculer dans la réalité une scène de cinéma (empruntée aux films de série B). La scène, furtive, a duré 50 secondes, et l’on pouvait distinguer : un homme poursuivant une jeune femme, une voiture américaine roulant au pas, une musique de film policier des années soixante-dix, plusieurs coup de feux. La femme poursuivie, blessée à l'épaule, se fait violemment jeter dans la voiture, avant qu'elle ne démarre en trombe devant un public médusé et inquiet.
Signé de son anagramme ( Régine Brivair ) Virginie Barré a ensuite rédigé une contrefaçon d'article relatant un fait divers, et expliquant, non sans humour, sa démarche. Extrait de l'article : "(...) L'audition du premier témoin, Virginie Barré, n'a pas permis d'établir avec certitude sa bonne foi. En effet, elle se dit être l'auteur de l'événement du parking : "je suis artiste. J'ai voulu mettre en scène quelques secondes de cinéma transposées dans le réel et de manière fugace". Le procureur a souligné la personnalité "particulièrement complexe et riche" du témoin (...)"
Le titre évoque la confusion parfois ressentie entre rêve et réalité, la prégnance de certains cauchemars. Dans cette mise en scène de mannequins (que Virginie Barré a instauré comme un véritable genre) trois corps habillés sont recouverts d'une couverture épaisse, on ne voit pas leur visage (la couverture les cache comme on cache les corps quand ils viennent de mourir), seulement leurs jambes et des flaques de sang sont visibles.
Une voix léthargique récite un texte : "Hé...Vous Dormez? ... J'ai fait un sale rêve...
j'étais dans un drôle d'endroit... Je sais pas ce que je faisais là... Mais ça paraissait normal... Ah... mais...
Vous étiez là aussi. (...) Mais vous semblez vous endormir.. Et là pendant deux secondes, vous êtes deux
petits cadavres (...) Une femme entre dans la pièce... Elle siffle un air du film Rio Bravo... Ouais... c'est la
chanson du coupe-gorge (...) Elle se penche vers toi Grégoire... Elle te souffle dans l'oreille... Tu as du
sang qui suite de ton corps... je ne sais pas d'où ça sort (...) Il y a dans le fond de la salle une extrême
hilarité... mais personne ne rit (...) Je sens... son souffle dans mon oreille... C'est immense et creux...
C'est vraiment bizarre... je suis dans un état de grande confusion... J'avais perdu la vie... mais je n'étais
pas morte. "