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Raoul Dufy

Biographie Raoul Dufy




"Manier des couleurs et des lignes, n'est-ce pas une vraie diplomatie, car la vraie difficulté c'est justement d'accorder tout cela." Raoul Dufy

Raoul Dufy
Raoul Dufy - "La Fée Électricité" - Grande Salle d’honneur du Palais de Tokyo, Paris. Photo Marimarina

Le peintre français Raoul Dufy naît le 3 juin 1877 au Havre. Il décède le 7 mars 1953 à Forcalquier.

Raoul Dufy est l’aîné de neuf enfants d’une famille modeste. Son père, comptable, est également organiste et chef de choeur. Il transmet l’amour de la musique à ses enfants, notamment à Léon, à Gaston et, bien entendu, à Raoul et à un autre de ses frères, Jean, qui deviendra également peintre.

Raoul Dufy commence, sous l’influence d’Eugène Boudin, à peindre ses premiers paysages normands à la manière des impressionnistes. C’est en 1891, tout en travaillant comme comptable chez un importateur de café du Havre, que Raoul Dufy prend ses premiers cours de peinture à l’Ecole des Beaux Arts du Havre, aux cours du soir, en compagnie d’Othon Friez et de Georges Braque. Leur professeur, Charles Lhuillier, fonde son enseignement sur la rigueur, la discipline et la pratique du dessin.

En 1900, Raoul Dufy rejoint son ami Othon Friez aux Beaux Arts de Paris où il perfectionne sa technique. Mais en 1905, la visite du Salon des peintres indépendants crée un choc qui va déclencher la quête artistique qui le conduira à son style personnel. Matisse et Derain font scandale en créant l’émotion par la violence et les contrastes des couleurs au lieu des jeux subtils de la lumière chers aux impressionnistes. Raoul Dufy est ébloui par le tableau de Matisse "Luxe, calme et volupté". Lors de ce Salon d’automne des 1905, Raoul Dufy a une révélation. Le fauvisme est né et Raoul Dufy y adhère pleinement. De cette période, Raoul Dufy conservera toute sa vie la recherche de la simplicité, de l’épuration du sujet et le goût des couleurs éclatantes.

Raoul Dufy adopte alors les couleurs des fauves mais conserve ses sujets : les fêtes du 14 juillet, la plage de Saint-Adresse, les jetées endimanchées d’Honfleur, des scènes populaires en somme. De même, les œuvres de cette époque portent déjà en elles tout ce qui fera par la suite le regard particulier de Dufy : l’observation, d’un œil à la fois tendre et narquois, des personnages qui font vivre le quotidien : promeneurs, pêcheurs, bourgeois... et l’utilisation et la mise en valeur de tous les symboles de la rue : affiches, drapeaux, ombrelles. Pour Dufy, le fauvisme n’est qu’une étape vers la découverte de son style personnel.

Plus tard, en compagnie de Georges Braque, Raoul Dufy découvre le Sud : Martigues, Marseille et l’Estaque. Cette rencontre s’en doublera d’une deuxième, celle des recherches de Cézanne sur le cubisme. Dès lors, tout en conservant les couleurs fauves, Dufy géométrise ses dessins et, avec Georges Braque, participe au développement de ce mouvement. Il réduit sa gamme chromatique, et géométrise les formes.

A l’Estaque, Dufy ne conserve pour l’essentiel que deux couleurs, le vert et l’ocre, et ses tableaux prennent, d’après ses propres mots, "un tour décoratif, arabesque et transposition". Des caractéristiques qui feront, a posteriori, de cette série provençale du printemps 1908 une propédeutique à ces travaux futurs, en premiers lieux desquels ses gravures sur bois du "Bestiaire" ou "Cortège d’Orphée", d’Apollinaire. Ce fut par elles que le peintre fut remarqué par le couturier Paul Poiret. Les deux hommes fonderont "La Petite Usine". Il devient ainsi l’un des plus talentueux créateurs de tissus pour Paul Poiret et Bianchini-Férier ainsi qu’un brillant décorateur de céramique grâce à sa collaboration avec le céramiste Artigas.

La production de tissus imprimés de Raoul Dufy sera toutefois interrompue par la guerre (1914-1918). Mobilisé, l’artiste met son talent au service de la patrie. Son engagement d’artiste est ainsi théorisé : "Faire des images colorées comme celle d’Epinal, les faits de la guerre de nos soldats indigènes des colonies, de telle sorte qu’il y ait, au mur des cases des maisons des Noirs d’Afrique et des Jaunes d’Asie, un souvenir de leur participation à la Grande guerre". Ses images d’Epinal seront des cartes postales présentant des uniformes des soldats des troupes, une "Notre Dame de la Chance" ou un coq flambant et victorieux.

Comme il s’était engagé avec ardeur dans "l’effort de guerre", Raoul Dufy accueille les années folles avec ferveur : il en dessine les robes, en peint les mondanités. "Les tableaux ont débordé de leur cadre pour se continuer sur les robes et sur les murs" clamait le peintre, qui dans le même temps intégrait des motifs de tapisseries dans ses toiles.



Autre débordement de plus en plus notable chez Dufy : celle de la couleur par rapport à la forme. La seconde ne contient plus la première, une technique qui faisait suite à une expérience visuelle qui avait frappé le peintre : sur le port du Havre, en regardant courir une fillette vêtue d’une robe rouge, il s’était aperçu que l’impression colorée produite par le rouge du vêtement persistait en arrière de la silhouette en mouvement.

Les sujets des premiers coups de pinceaux, la Normandie et les villages provençaux, sont récupérés, mais représentés de manière plus symbolisée, stylisée. La mer est faite de vaguelettes, les personnages sont de petites silhouettes de maquettes. 

 Pour renouveler son répertoire, Dufy voyage : Nice, Deauville, Rome, la Sicile ou Marrakech, toujours des lieux de plaisirs qu’il dépeint lumineux, colorés, les deux choses étant pour lui indissociables : "je fais de la couleur l’élément créateur de la lumière".

À partir de la fin des années 30, Dufy souffre d’une polyarthrite aiguë qui va transformer sa manière de peindre. Contraint à une quasi-immobilité, il se livre à nouveau à la série : l’atelier, le cargo, les hommages aux grands musiciens. Les jeux de surface de couleur, de transparence et de lumière atteignent désormais un degré de sophistication qui ouvre de nouvelles possibilités picturales. Les résultats sont vertigineux.

Enfin les 25 dernières années de sa vie (1938-1953) sont placées sous le signe de la vitesse, de la couleur et de la lumière. Les séries, variations inlassables sur des thèmes qui lui sont chers (cargos, hommages aux musiciens, ateliers), lui permettent de renouveler une fois encore sa technique picturale. À la même époque, Dufy tente une synesthésie entre musique et peinture à travers la couleur, tout en restant figuratif. Né dans une famille de musiciens, il semble avoir considéré la figure comme une "accroche" pour l’oeil du spectateur et la peinture comme une question de rythme et de variations. Il ne paraît plus s’intéresser qu’aux pièges du regard, aux méandres infinis de la vision, où lumière et couleur fusionnent dans un éblouissement presque constant.

Quelques mois avant sa mort, Raoul Dufy se lance dans sa série des cargos noirs. Pour autant, dans le même temps, le peintre de "Trente ans ou la vie en rose" (1931) continue de peindre le plaisir, celui qui fut celui de sa famille, et le sien : la musique. Les "Cargos noirs" de la fin sont une nette évocation de l’imminence de la mort. Lourdement chargée, la mort entre au port au milieu d’une foule bigarrée et ironique, mais cela ne sera vu que plus tard.

Le monde de Dufy est un monde idéal, peuplé d'une humanité idéale, il veut représenter un "monde de parade". L'oeuvre pour lui "doit évoquer la joie de vivre. Il ne veut pas cacher le malheur mais le tenir à distance", dit-il. De son vivant, le succès public a sans doute fait que Dufy n’ait jamais cherché à s’en défendre.

Malade, pressé de travailler, travaillant énormément, il avait mis au point une façon de dessiner et de peindre pourtant très personnelle. Un dessin rapide et sûr ayant l’allure d’esquisse, une manière de couvrir la surface du papier ou de la toile rendant chaque détail vivant et équivalent à son voisin. Une peinture sèche, dégraissée, sténographiée venant néanmoins d’un long travail d’étude et d’observation.



Expositions Raoul Dufy (sélection)




  • 2011 : Epinal tricolore, l’Imagerie Raoul Dufy (1914-1918) - Musée départemental d’art ancien et contemporain, Epinal

  • 2011 : Raoul et Jean Dufy, complicité et rupture - Musée Marmottan Monet, Paris

  • 2010 : Raoul Dufy - Musée national d’histoire et d’art et Banque BGL BNP Paribas, Luxembourg


  • 2010 : "Raoul Dufy (1877-1953)... bercé par la musique et la mer" - Musée des Beaux Arts de Cambrai

    Une soixantaine d'oeuvres de Raoul Dufy ont été rassemblées avec pour seuls sujets, la musique et la mer, deux sources d'inspiration privilégiées par cet artiste.

    Les voilà présentées, aussi bien dans ses huiles sur toile, ses aquarelles, ses dessins, que dans les céramiques, gravures sur bois et textiles. Les vagues se répètent en courbes souriantes. Un peu plus loin, sur la même toile, elles se couvrent de gris sous l'effet des nuages. Nous avons l'impression d'avancer, de nous rapprocher de l'artiste. Nous voyons le temps qui passe avec les yeux de Dufy.

    La douceur séduisante d'un paysage marin est perturbée par une tornade obscure qui envahit le centre de la toile. Les bonheurs du «peintre de la joie» seraient-ils contrariés? Ses sentiments se succèdent, tout comme les nôtres. Dufy qui dévoile ses frayeurs comme ses joies, réussit à nous faire partager ses états d'âme. Il nous entraîne dans ses fantaisies, stimule notre sensualité. La musique d'un orchestre effleure les courbes de la déesse de l'amour, placée nue, comme par hasard, au premier plan. Nous voilà surpris par des oiseaux schématisés et vraiment trop grands, par des bateaux dessinés de façon naïve.


  • 2009 : Fauves et Expressionnistes. De Van Dongen à Otto Dix. Chefs-d’oeuvre du musée Von der Heydt - Musée Marmottan Monet, Paris


  • 2008 : Rétrospective Raoul Dufy - Musée d’Art moderne de la Ville de Paris

    Le musée d’Art moderne de la Ville de Paris présente une importante rétrospective de l’oeuvre de Raoul Dufy, la première à Paris depuis la mort de l’artiste en 1953. Un artiste dont l’oeuvre est largement représentée dans les collections du musée, notamment par la monumentale "Fée Electricité".

    Cette rétrospective se propose de renouveler notre regard sur une oeuvre synonyme de virtuosité, de couleur et d’une certaine "légèreté" qui fit dire à l’écrivain américain Gertrude Stein en 1946, "Raoul Dufy est plaisir", pour souligner son pouvoir de séduction par la couleur et ses qualités de "divertissement et de délectation", au coeur des années sombres de la guerre.

    Le parcours s’articule chronologiquement, depuis ses années fauves (1906-1907) qui entament magistralement sa carrière, jusqu’à la mise en place d’un style personnel qui procède de son aventure décorative commencée en 1910 et se prolongeant pendant tout l’entre-deuxguerres. Il devient un des plus talentueux créateurs de tissus pour Paul Poiret et pour la firme Bianchini-Ferrier, ainsi qu’un brillant décorateur de céramique grâce à sa collaboration avec le céramiste Artigas. Les vingt-cinq dernières années de sa vie (1938-1953) sont placées sous le signe de la vitesse, de la couleur et de la lumière, durant lesquelles il réinvente la série sur des thèmes déjà présents dans son oeuvre antérieur.



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