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Pierre Bismuth |
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Dès le milieu des années 90, il s’inspire du cinéma, dans une pratique constante de la rupture. Il s’empare de films existants, les remet en jeu dans des espaces d’exposition différents et intervient sur le montage, notamment sur le son et les images. Le travail de Pierre Bismuth décrit les effets de la prolifération des images sur la vie quotidienne et démontre l’emprise des codes sur l’imaginaire.
Pierre Bismuth utilise la pratique artistique comme moyen d'examiner notre perception de la réalité, notamment dans notre relation aux productions culturelles. Son travail tente, avec humour et un minimum de moyens, de déstabiliser les codes de lecture afin de redonner au spectateur une position incrédule même à l'égard des éléments de notre culture les plus acquis. Sa démarche se développe autour de l'idée que c'est en manipulant simplement la définition communément donnée aux choses que l'on en change la perception.
Le travail de Pierre Bismuth a notamment été montré dans des expositions personnelles au Fremantle Art Center, Perth, au British Film Institute, Londres, à la Queensland Art Gallery, Brisbane, au Kunstmuseum Thun, à la Villa Arson, Nice au Santa Monica Museum of Art, ainsi que dans des expositions de groupe au New Museum, New York, au Centre Georges Pompidou, Paris et Metz, au ICA, Londres au Musée d'art moderne de la ville de Paris, au Louvre.
La nouvelle exposition de Pierre Bismuth, précisément intitulée, selon la formule consacrée, "La galerie est heureuse de vous inviter à la nouvelle exposition de Pierre Bismuth", consiste en un décor reproduisant à l'échelle 1 la banque d'accueil de ladite galerie, avec son poste de travail et sa collection de catalogues d'artistes.
Construit sur une estrade au centre de la salle d'exposition, ce décor utilise les techniques habituelles du spectacle : structure de panneaux de bois, arrière-plan en trompe-l'oeil imprimé, éclairage travaillé mais fils apparents. Conçu, comme un plateau de cinéma ou de théâtre, pour être vu d'un certain angle, en l'occurrence depuis l'entrée de la galerie, il ne vise pas à dupliquer exactement la réalité, mais à en donner une réplique crédible au premier coup d'oeil, qui révèle sa vraie nature dès qu'on tourne autour. À l'intérieur, une assistante vaque, ou semble vaquer, au travail de bureau d'une galerie, entre ordinateur et téléphone, créant ainsi un doute sur la nature de son activité – performance impassible ou travail effectif ? – et également, par ricochet, sur celle de l'assistante à l'accueil de la galerie. À laquelle des deux s'adresser pour une question sur l'exposition ?
Fidèle à sa stratégie de déstabiliser les codes perceptifs préétablis du spectateur afin de faire déjouer l'acceptation qu'a celui-ci de la réalité qui l'entoure, et de l'amener ainsi à un minimum d'esprit critique, Pierre Bismuth s'attaque ici à l'espace même de la galerie où il expose. S'inspirant directement du principe de distanciation brechtienne, qui vise justement à perturber la perception passive du spectateur en introduisant des éléments d'étrangeté, il utilise une méthode qui lui est chère, la répétition, pour théâtraliser les locaux de la galerie et en "fictionnaliser" le travail de bureau.
Plus qu'une installation sculpturale, Pierre Bismuth livre ainsi, avec l'humour absurde qui le caractérise, une mise en scène de la réalité qui se trouve juste à côté, aussi peu spectaculaire cette dernière puisse-t-elle être – ou plus exactement : précisément parce qu'elle est a priori peu spectaculaire –, et qui agit sur elle comme un révélateur. De la sorte, il historicise la galerie dans le même temps qu'il met en évidence les dispositifs en jeu dans les lieux culturels. Faisant œuvre en copiant un élément trivial qui n'est pas une oeuvre, jouant radicalement sur la corde déceptive, Pierre Bismuth résiste à l'injonction faite à l'artiste du spectaculaire et de l'inédit, si pressante depuis que l'art fait partie intégrante de l'industrie du divertissement culturel.