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Bernar Venet |
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Hôtel des Arts de ToulonExposition du 11 juin au 18 septembre 2011En 2003 l’Hôtel des Arts de Toulon a consacré une première exposition à Bernar Venet en présentant les premiers « actes » et les oeuvres qu’il réalise entre 1961 et 1963, soit entre le moment de son départ pour le service militaire et l’année qu’il passe à Nice après son retour à la vie civile fin 1962. Premières manifestations d’une radicalité absolue – photographies de Bernar Venet allongé torse nu à côté d’une poubelle au milieu de détritus, peinture industrielle appliquée arbitrairement et sans pinceau sur des cartons d’emballage, goudron étalé avec les pieds sur une feuille de papier, puis dans une deuxième phase, du goudron étendu à l’aide d’un bout de chiffon ou d’un morceau de carton pour former une sorte de all over afin de supprimer tout ce qui pourrait faire encore penser à un geste artistique ; une démarche qu’il poursuit en 1963 notamment avec le fameux tas de charbon déversé sur le sol, qui établit superbement la mise à distance de l’artiste par rapport à l’oeuvre d’art, la suppression de tout affect et la place prépondérante assignée à l’idée et au concept. Ces trois années détermineront l’ensemble de l’oeuvre à venir. La passion de Venet pour les mathématiques et la place éminente qu’il accordera à celles-ci dans sa sculpture et son oeuvre peinte s’inscrit donc totalement dans ce programme radical mis en place entre 20 et 23 ans. Toutefois chez Bernar Venet la rigueur conceptuelle est indissociable de la beauté et de l’élégance de la forme. C’est particulièrement évident dans l’oeuvre peinte de ces 10 dernières années dont nous présentons une sélection très complète dans cette exposition qui fait suite à la rétrospective du Seoul Museum of Art « Bernar Venet 50 ans de peinture 1961-2011 ». Ces peintures réalisées entre 2001 et 2011 procèdent des tableaux conceptuels de Bernar Venet élaborés dès 1966 présentant des diagrammes mathématiques. A travers l’utilisation « d’objets mathématiques » c’est-à-dire de nombres, de figures, d’espaces, de fonctions, de relations… l’oeuvre d’art s’élève alors à un niveau d’abstraction maximal proposant un système auto-référentiel que seule une équation peut contenir. Cette relation au sujet tout-à-fait originale chez Venet prend en référence les théories du sémiologue Jacques Bertin pour développer une peinture empreinte de monosémie à opposer à l’art figuratif dit polysémique et à l’art abstrait traditionnel dit pansémique. L’oeuvre d’art ainsi purement auto-référentielle ne laisse rien transparaitre de la personnalité de l’artiste et de sa subjectivité. Néanmoins les peintures des années 2000 se distinguent de celles des années 1960 dans la mesure où Venet s’affranchit de l’austérité qui habitait les premières oeuvres. Cela se traduit par l’utilisation de la couleur, de shaped canvases et par le choix de sujets tout-à-fait originaux par rapport à la création plastique contemporaine. A une question de Philippe Piguet lui demandant d’expliquer pourquoi il assume maintenant de faire une « belle image » alors qu’il y a trente ans il s’y refusait violemment, Bernar Venet répond : « Durant ma période conceptuelle, toute relation à des problèmes formels et esthétiques était exclue. Mes oeuvres étaient austères, aussi neutres que possible pour n’en valoriser que le contenu. Rien n’était fait pour améliorer leur présentation, il fallait éviter le danger de la séduction. Avec l’âge, j’ai appris que la jouissance n’est pas interdite, que le plaisir n’est pas hors la loi. Alors la couleur s’est introduite dans ces nouveaux travaux…pourquoi pas ? Je ne fais pas un travail sur la couleur et je ne revendique pas le plaisir de peindre d’un Matisse. Mais elle a ici une fonction bien précise, une fonction de signal[…]. L’opposition mathématique/couleur est confirmée et le tableau gagne en impact. »
Le résultat est plastiquement impressionnant et sera le pendant
indispensable à l’exposition de ses sculptures au château de Versailles.
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